On l’appelle au Vatican le « procès du siècle », voire le « mégaprocès du siècle ». Depuis deux ans, l’ex-cardinal sarde Angelo Becciu est jugé pour détournement de fonds, notamment à cause d’un investissement des fonds du Vatican dans un immeuble du chic quartier Chelsea à Londres.

Grand reporter à Paris Match, François de Labarre raconte cette histoire sulfureuse dans Vatican offshore – L’argent noir de l’Église. Son style fleuri empêche parfois de suivre le fil de l’enquête, et donne l’impression qu’il y a toujours anguille sous roche : en d’autres mots, que le Vatican continue à gaspiller éhontément l’argent des fidèles par vénalité ou par corruption géopolitique.

L’histoire vaut la peine d’être racontée : avec des proches sardes, Becciu, déchu de ses fonctions et de son titre par le pape François, a détourné des dizaines, voire des centaines de millions d’euros. On rencontre notamment Nunzio Scarano, un prélat nommé « Monsignor Cinquecento » parce qu’il se promenait les poches pleines de billets de 500 euros.

L’auteur ne se prive pas du plaisir de la « rétrologie », ou dietrologia, une pratique journalistique italienne courante qui serait considérée ici comme du complotisme : les vraies explications sont toujours cachées. Il rapporte notamment en long et en large une thèse du cardinal qui a enquêté sur Becciu, feu George Pell. Ce dernier affirmait qu’une plainte pour abus sexuel qui lui a valu une condamnation en Australie, annulée en appel, avait été inventée de toutes pièces par ses ennemis sardes. Vraiment, le Vatican est une mine d’or d’histoires rocambolesques.

Vatican offshore – L’argent noir de l’Église

Vatican offshore – L’argent noir de l’Église

Albin Michel

180 pages

7/10