Cato Fortin signe un audacieux premier roman où la libération de la parole n’est pas une porte ouverte vers les ténèbres, mais une occasion de jouir, de danser et d’embrasser un univers burlesque et déjanté. Une courte lecture dont on sort assurément décoiffé.

La proposition est d’abord un récit de filiation, un genre pleinement exploité dans la littérature contemporaine. Mais on comprend rapidement que ce récit est différent, subversif. À la mort de sa grand-mère Thérèse, Jeanne, la narratrice, découvre un tatouage coquin et provocateur sur la fesse droite de son aïeule. Un dessin qui tranche avec ce qu’elle connaît d’elle, malgré leur grande proximité. En vidant la maison de Thérèse, Jeanne découvre la vie parallèle que menait sa grand-mère depuis la mort de son mari. D’abord confrontée à ses propres préjugés sur la vie sexuelle des aînés, elle embrassera la cause de Thérèse, une nouvelle mission qui culminera dans une scène d’action absolument délicieuse où Jeanne devra s’échapper d’un CHSLD après y avoir semé la tendresse (et la pagaille !) en distribuant des jouets sexuels.

En parallèle, elle devra surmonter d’autres deuils, celui d’un enfant à naître et d’un amoureux las de sa souffrance. Pour soigner ses blessures, elle pourra compter sur ses amies et amis, puis sur tout un groupe de femmes qui prendront part à sa révolution.

Qualifié à raison par l’autrice, qui est candidate au doctorat en études littéraires à l’UQAM et cofondatrice du mouvement #papauqam en 2021, de « dramédie politique et libidineuse », La chienne de Pavlov est aussi empreint d’une forme de vulgarité, dont elle se revendique. Mais le choc de certains mots et descriptions s’estompe devant l’euphorie découlant du sentiment de libération que procure le récit.

La chienne de Pavlov

La chienne de Pavlov

XYZ

132 pages

7,5/10