« Mesdames et messieurs, bienvenue à Juste pour rire ! » Les Montréalais auront attendu deux ans pour entendre de nouveau ces quelques mots : ils ont sonné comme de la musique à leurs oreilles. Le coup de canon de la 39e édition du grand rendez-vous de l’humour a été donné, jeudi soir, à la place des Festivals, qui renaît doucement mais sûrement de ses cendres.

Disons-le d’entrée de jeu : ce n’est pas encore le festival Juste pour rire tel qu’on le connaît.

On ne côtoie pas des dizaines de milliers de personnes place des Festivals ; les terrasses environnantes ne débordent pas de clients (certains restaurants n’ont même pas survécu à 16 mois de pandémie).

Mais pour l’instant, les Montréalais ne demandent pas mieux que de rire. C’est du moins ce qu’a constaté La Presse, qui a passé la soirée parmi les festivaliers.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Olivier Veilleux (à gauche), qui a emménagé à Montréal l’été dernier, avait hâte de faire la connaissance de sa ville.

Prenez Olivier Veilleux, par exemple, qui a emménagé à Montréal l’été dernier, entre deux vagues de COVID-19. Pour la première fois en un an, il a l’impression de faire la connaissance de sa ville. « J’ai choisi Montréal pour ça. L’ambiance, la culture, l’effervescence. Là, je me dis : “Enfin, c’est Montréal.” Il y a de l’espoir », a confié le jeune homme.

Derrière lui, quelques familles posent devant un « Ha Ha Ha » géant. D’autres se promènent à travers un « parcours ludique », entre les échasses de clowns ambulants. Juste pour rire renaît de ses cendres, croit fermement Patrick Rozon, grand manitou du festival.

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Patrick Rozon, vice-président aux contenus francophones du Groupe Juste pour rire

Je suis extrêmement heureux. Heureux de voir le monde rire. Heureux de voir les artistes heureux. Écoute, je suis tellement énervé et stressé que j’ai apporté trois chemises pour ce soir.

Patrick Rozon, vice-président aux contenus francophones du Groupe Juste pour rire

Toute la soirée, on pouvait l’apercevoir se promener (gambader, presque) sur le site, un éternel sourire accroché aux lèvres.

Pour lui, pas de doute : le festival part d’un bon pied. « Oui, c’est un défi. On apprend à vivre avec l’ambiance sanitaire. Mais aujourd’hui, c’est le jour 1. C’est un jeudi. Vendredi, samedi soir, ça va commencer à rouler. Je ne pense pas qu’on va atteindre 1 million de visiteurs cet été, mais si je peux atteindre 100 000, 200 000 personnes, ça prend juste ça pour relancer le centre-ville. Il faut juste réhabituer les gens à acheter des billets et à se déplacer », explique-t-il.

Il affirme que la plupart des spectacles sur la scène extérieure affichent déjà complet ou presque. La programmation du Zoofest aussi. « Les gens avaient hâte. Ils nous disent qu’ils sont contents d’être là. »

Premières arrivées, premières servies

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Diane Piché et Mireille Chagnon ont été les premières à faire la queue pour assister au Show drôlement musical.

Depuis 17 h, Diane Piché et Mireille Chagnon font la queue pour la première du Show drôlement musical. Premières arrivées, premières servies. « On avait le premier choix pour les places et on était toutes énervées ! On se disait : “On s’assoit ici ou là ?” On a essayé toutes les chaises ! », rit de bon cœur Diane Piché, quelques instants avant le lever du rideau.

Mis en scène par Alex Perron, Le show drôlement musical allie humour, chant, danse… et fontaines de l’Esplanade. À l’animation, la drag queen Barbada enchaîne les répliques pince-sans-rire, entre deux rappels des consignes sanitaires. « Vous avez le droit de vous lever pour danser si vous restez à votre place ! », a-t-elle informé la foule, perchée sur ses talons.

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Le show drôlement musical allie humour, chant, danse… et fontaines de l’Esplanade.

Agathe Owona, elle, ne s’en est pas privée. « Ça fait du bien de danser, d’écouter de la musique et d’être avec le monde. L’ambiance, c’est ça qui nous manquait. On a aimé le show ! »

La nuit tombée, l’humoriste Preach a inauguré la scène extérieure principale devant quelques centaines de spectateurs. Les rires, généreux, ont voyagé malgré la distanciation physique, et un instant, on se serait cru en 2019. Ou n’importe quelle autre année d’avant la pandémie. « [Mercredi], pendant la générale d’un spectacle, j’avais les larmes aux yeux. Je me disais : “C’est ça. C’est Juste pour rire.” Le rire commun, ça donne un petit frisson », conclut Patrick Rozon.