Avant de présenter son fils Édouard, qui chantait pour la première fois sur une grande scène mercredi au Festival de blues de Tremblant, Normand Brathwaite a raconté la fois qu'il s'était fait arrêter sur le pont Jacques-Cartier. Pour dépassement interdit du taux .08.

La foule réunie devant la scène Volkswagen, bon enfant, a patiemment écouté le détail de l'événement mais la mésaventure ne risquait pas d'arriver à quiconque se trouvant Place des voyageurs pour la simple raison qu'il est désormais interdit de consommer de l'alcool dans les espaces publics du village piétonnier.

«Deux règlements sont appliqués», a expliqué à La Presse Pierre Bertrand, directeur général de l'Association de villégiature de Tremblant (AVT), qui réunit tous les propriétaires et commerçants de la station de villégiature. «D'abord le règlement de la municipalité de Mont-Tremblant et le règlement de la Régie des alcools, des courses et des jeux du Québec qui interdisent tous deux la consommation d'alcool dans les rues.»

Pour que les visiteurs/spectateurs puissent consommer dans les rues, continue M. Bertrand, qui est le producteur du Festival de blues à titre de DG de l'AVT, il faut que:

1. le site soit fermé et ses accès contrôlés (comme au Festival de jazz de Montréal et dans les autres grands festivals  où il faut ouvrir son sac à l'entrée);

2. la bière soit vendue par un organisme sans but lucratif.

L'AVT est un OSBL mais le site de Tremblant n'est pas fermé, donc pas de bière dans la rue. Et la police de la Ville de Mont-Tremblant est sur place pour avertir ceux qui ignorent l'application nouvelle du règlement, comme les petits «débrouillards» qui transvident dans des contenants sans nom.

Selon ce qu'a appris La Presse, de récents incidents violents, alliés à une baisse générale de la discipline chez les jeunes fêtards, ont mené à l'application rigoureuse du règlement. Le «problème» n'a toutefois rien d'insoluble: un périmètre de sécurité peut facilement être monté autour des deux places où ont lieu les spectacles. Le Festival aura sûrement trouvé une solution pour son 20e anniversaire...

Cela dit, la rue «sèche» ne semble pas nuire au plaisir de la foule. Mercredi, les spectateurs ont eu droit à la première prestation devant (grand) public d'Édouard Brathwaite. Avec sa (demi-)soeur Élizabeth Blouin-Brathwaite,  le jeune homme de 17 ans a livré, et fort bien, un rap qu'il avait lui-même écrit, accompagné en cela par un band de fort calibre dirigé par le guitariste David Guertin-Chauvette.

Et papa était fier de son gars. Maman aussi, Marie-Claude Tétreault, attablée à une terrasse (avec vue) avec les proches de Normand Brathwaite dont Yolande James, présente à titre personnel et non comme députée ou ministre. Reste que la ministre de la Famille (elle le restera jusqu'à la dissolution prochaine de l'Assemblée nationale) a assisté ce soir-là à une grande première familiale; le clan Wainwright-McGarrigle a maintenant de la compétition...

Une déception était toutefois perceptible dans la foule qui était venue entendre Élizabeth-Blouin Brathwaite qui n'avait interprété que deux pièces quand, à 22 h pile, l'ordre est tombé: «C'est fini».

Le Festival de blues de Tremblant (voir tremblantblues.com) se poursuit vendredi avec Otis Taylor, l'inventeur du trance blues façon Chicago. Grosse affiche samedi avec The Lowrider Band (Why Can't We Be Friends?), en spectacle «en bas» à la Place des voyageurs, et Bettye Lavette, «en haut» place Saint-Bernard.

Le 19e Festival international de blues de Tremblant se termine dimanche avec un jam session qui rassemblera les Zeller, Tremblay, Tyler Watson DeWay et Brathwaite. «Avec pas de bière» à moins d'être assis à une terrasse. Ou au balcon de sa suite...