Même si on ne donnait pas cher de sa peau ces dernières années, Aerosmith est de retour au Québec pour deux spectacles et son nouvel album sortira à la fin août. Retour sur la énième résurrection des rockeurs de Boston avec le guitariste Joe Perry.

Quand Aerosmith a joué au Centre Bell en 2006, le groupe américain amorçait l'un de ses fréquents creux de vague. Depuis, on l'a souvent prononcé mort tellement tout s'acharnait contre lui: le chanteur Steven Tyler qui se casse la gueule en tombant de scène, le groupe qui lui cherche un remplaçant parce qu'il a les genoux en compote, Tyler encore qui, sans avoir consulté ses copains, accepte le job de juge dans l'émission American Idol...

«On a sûrement parlé de changer notre formation pendant au moins cinq minutes il y a trois ou quatre ans», ironise le guitariste Joe Perry, l'autre moitié des Toxic Twins avec Tyler. Plus sérieux, il ajoute: «Quand il a été question de remplacer Steven pendant quelques années, c'était simplement pour que le groupe puisse continuer jusqu'à son retour. On n'a jamais cru qu'il pouvait y avoir un Aerosmith sans Steven ou n'importe quel autre membre du groupe. On a encore des différends et si tu en étais témoin, tu pourrais penser que le groupe va éclater, mais c'est ce que les gens disent depuis 1973, alors...»

Si Aerosmith est l'un des rares groupes rock qui subsiste avec les mêmes membres après une quarantaine d'années et d'innombrables accidents de parcours (cures de désintox, etc.), c'est pour une raison toute simple, explique Perry: «Nous sommes cinq personnes dysfonctionnelles qui partagent la même vision, cinq individus aux styles de vie et aux objectifs différents sauf pour le principal: garder le groupe en vie. On n'est pas comme certains groupes qui disparaissent pendant cinq ans puis reviennent, jouent tous leurs vieux succès et s'éclipsent à nouveau pour que la prochaine fois tout le monde dise «wow! ils sont de retour!» Sont-ils vraiment de retour ou ne sont-ils pas plutôt le meilleur cover band de leurs propres chansons? Un band, c'est un organisme vivant qui essaie toujours d'aller de l'avant.»

Un ange gardien

Malgré les embûches, Aerosmith a été plutôt béni des dieux. Après la gloire des débuts, le groupe a sombré dans l'oubli avant d'être ressuscité au milieu des années 80 par le trio rap Run DMC qui a repris sa chanson Walk This Way. Plus récemment, quand sa carrière s'essouflait, il s'est rappelé à la mémoire des gens par une chanson dans la bande originale d'un film, par le jeu vidéo Guitar Hero ou grâce à Tyler qui touchait un nouveau public avec American Idol, dont la finale a servi à lancer la nouvelle chanson du groupe, Legendary Child.

«Il faut être ouvert à toutes les possibilités, affirme Perry. Évidemment, quand Steven a fait son truc à American Idol, on s'est demandé s'il lui resterait du temps pour son job principal dans Aerosmith. Finalement, ça a super bien fonctionné. Il s'est passé plein de choses comme ça dans l'histoire du groupe que je vais raconter dans mon autobiographie. J'ai toujours pensé qu'un ange gardien veille sur Aerosmith et je ne comprends pas pourquoi. Par contre, je sais qu'on a toujours essayé de redonner autant qu'on le pouvait à nos fans.»

Huit ans de gestation

Du nouvel album Music From Another Dimension, Perry dira qu'ils ont mis huit ans à le compléter, mais que dans les faits, ils ont puisé dans la matière accumulée pendant 20 ans pour en tirer environ 25 chansons. Un disque typique d'Aerosmith avec du blues-rock, des ballades, beaucoup de funk, du rock classique avec des cuivres, et peut-être même un autre emprunt au répertoire des Yardbirds, I'm Not Talking, signée Mose Allison. «On a beaucoup de pression, mais on a essayé de faire le meilleur disque possible selon nos propres standards, dit Perry. Si les gens l'aiment, tant mieux.»

La semaine dernière, Aerosmith a dû annuler un concert de son Global Warming Tour en Virginie parce que Steve Tyler éprouvait des ennuis avec sa voix. Au moment de mettre sous presse, les spectacles à Laval, mardi, et à Québec, jeudi, n'étaient pas compromis.

«Les problèmes de santé, les accidents, on a connu tout ça et on se dit qu'on est vraiment chanceux de s'être rendus aussi loin, commente Joe Perry. Chaque spectacle est pour nous un événement et on veut tout donner. Je ne sais pas combien de temps encore on va jouer ensemble. Ou plutôt je sais combien de temps je veux jouer, mais ça ne dépend pas de moi.»

Aerosmith, au Centre de la nature de Laval, le 10 juillet. En première partie: Sam Roberts Band et Tab The Band.