Il y a eu du pollen dans les assiettes (bonsoir les allergies), un four-fumoir, une violente débarque en cuisine, un pot rempli de terre-amisu (merci pour le jeu de mots) ainsi que la consécration d’un grand cordon bleu, qui n’a pas été aussi échevelé que sa coiffure signature.

Maintenant, l’alerte au divulgâcheur hurle ici comme Anthony après un décompte d’Élyse Marquis dans la cuisine-studio. C’est bon, vous avez compilé vos notes ?

Dans une finale relevée et bien fumée, c’est le calme, cool et créatif Luca Cianciulli, 33 ans, copropriétaire du restaurant italien Moccione, dans Villeray, qui a remporté la 13saison de la téléréalité Les chefs !, de Radio-Canada, déclinée en affrontement entre anciens concurrents des 12 éditions précédentes.

PHOTO MARC-ANDRÉ LAPIERRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Guillaume Couture et Luca Cianciulli, alors que ce dernier apprend qu’il est le grand gagnant

Le menu gastronomique et « poétique » du Montréalais, mitonné en cinq heures, ne comportait aucune faute grave, contrairement au foie gras pas assez cuit d’Anthony Vien ou au dessert à la présentation moins raffinée de Guillaume Couture.

Après le service des deux entrées, et malgré l’insistance des juges sur l’aspect « serré » de la compétition, Luca se démarquait nettement avec des recettes goûteuses, précises et originales. Son plat principal de canard cuit sur coffre, avec pollen de fenouil et nuage de maïs éclaté, a mérité plusieurs coups d’encensoir. Et son dessert de type pot de fleurs au printemps a fait dire à Normand Laprise : « C’est un des meilleurs tiramisus que j’ai mangés. »

Expérimenté, minutieux, juste assez délinquant et résistant à la pression, Luca Cianciulli cochait toutes les cases pour enfiler la toque dorée. « Je suis quelqu’un qui gère bien le stress. J’ai deux jeunes enfants. Et ma conjointe m’aide beaucoup là-dedans », confie Luca Cianciulli, papa de Giulia, deux ans et demi, et de Paco, trois mois.

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Luca Cianciulli avec sa fille Giulia

Le petit Paco a d’ailleurs vu le jour une semaine après le tournage de la grande finale des Chefs !, qui s’est déroulée début mars. Luca était prêt à quitter la compétition à tout moment pour assister à l’accouchement de sa femme, Maxime Landry, sa partenaire d’affaires et la pâtissière du Moccione, coin Saint-Denis et Faillon.

Ironiquement, le défi que Luca a trouvé le plus difficile a été celui des pâtes fraîches, pourtant une de ses spécialités. « Le jour du tournage, j’avais attrapé le pieds-mains-bouche de ma fille. J’étais très malade. Je suais tellement. Il fallait que j’y aille lentement, sinon j’allais m’évanouir », se souvient-il.

Luca Cianciulli, qui a de la famille à Avellino, à l’est de Naples, a d’abord été formé par Pasquale Vari à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ). Après sa participation à la deuxième saison des Chefs !, en 2011 (il avait terminé au septième rang), il a été recruté par Normand Laprise pour bosser dans les cuisines du Toqué !, où il restera six ans. C’est dans cet établissement haut de gamme du centre-ville de Montréal qu’il croisera la future mère de ses enfants ainsi qu’un autre de ses mentors, Charles-Antoine Crête, aujourd’hui aux commandes du Montréal Plaza, rue Saint-Hubert.

En dix épisodes des Chefs !, Luca n’a jamais été envoyé au duel, tout comme son camarade et adversaire Anthony, 27 ans, sous-chef au restaurant Tanière3 de Québec et roi de la coupure accidentelle.

Même s’il a maximisé son produit en utilisant sa morue noire de la tête à la queue, l’ambitieux Anthony a récolté la médaille de bronze, se classant derrière le perfectionniste Guillaume, 31 ans, enseignant à l’École hôtelière de la Capitale, à Québec.

Depuis la diffusion des Chefs !, Luca Cianciulli reçoit des tonnes de commentaires du public et le carnet de réservations du Moccione, qui signifie « p’tit baveux » en italien, ne dérougit pas. Truc de pro : la terrasse extérieure de 20 places du Moccione fonctionne sur le principe du premier arrivé, premier servi.

Et comme aucun chapiteau ne surmonte cette terrasse du quartier Villeray, pas de danger que des pompiers la ferment en catastrophe, entre deux bouchées de bucatini all’amatriciana.

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Finale des Traîtres

Bas les masques aux Traîtres

En même temps que Les chefs !, la téléréalité de meurtres et mystères Les traîtres de Noovo a également couronné son champion. Cessez immédiatement votre lecture si vous n’avez pas encore vu des flammes rouges et vertes lécher les pics de cheveux de l’animatrice Karine Vanasse.

Ça va ? Il n’y a pas eu un seul vainqueur aux Traîtres, mais bien trois gagnants, soit les fidèles Kim Hardy (ex-militaire), Cédric Fofana (plongeur olympique) et Chelsea Jones (fonctionnaire fédérale). Le trio a empoché la cagnotte de 92 500 $, à se diviser en trois parts égales.

Après Michel, Marie-Josée, Axel et Maxence, la dernière traître du jeu, Ismaëlle Michelot (ex-douanière), a été bannie à l’ultime table ronde. Son élimination était prévisible.

Comme Maxence, Ismaëlle a radicalement changé d’attitude quand elle a basculé dans le camp des méchants. C’était écrit sur son front qu’elle magouillait dans le dos de ses colocataires au manoir Rouville-Campbell.

Dans l’espoir de sauver sa peau, avant l’étape du « feu de la vérité », le courtier immobilier Étienne Nadeau a soulevé des points très valides à propos de l’incassable duo formé par Cédric et Chelsea, qui désavantageait les autres participants. Je vais me faire des ennemis ici, tant pis, mais Chelsea a été une piètre joueuse des Traîtres. Elle n’a pas contribué aux enquêtes et son détecteur de Judas a été pourri. Étienne, toujours capable d’affronter un vent de face, méritait vraiment plus de triompher.

Succès Cendrillon du printemps sur Noovo, Les traîtres reviendra à l’antenne l’an prochain pour une deuxième saison, que l’on souhaite plus punchée et remplie d’épreuves plus palpitantes. Les défis servant à engraisser le magot des Traîtres n’ont pas été à la hauteur. Par exemple, pour l’activité finale, il n’y avait rien d’excitant à observer des candidats en découdre avec une vieille boussole et une corde à bateau. On veut davantage d’hélicoptères, de trappes et de catapultes, s’il vous plaît.