Le Québec ne manufacture pas de téléséries d’horreur, à l’exclusion des séquences effrayantes de Si on s’aimait où le menuisier Julien se fait faire « une manucure pour les ongles des pieds ».

Des images plus terrifiantes que n’importe quelle superproduction américaine qui dégouline de cervelle broyée et de jus de viscères pourris.

Pourtant, dès que les feuilles rougissent, que les nuits rafraîchissent et que les fantômes gonflables du Costco ronronnent sur toutes les pelouses, on cherche tous une série d’épouvante à dévorer avec un bol rempli de mini Kit Kat et d’Aero.

À défaut de revoir Patrick Senécal présente, sur le Club illico de Vidéotron, Netflix lance jeudi La chute de la maison Usher (The Fall of the House of Usher), une œuvre glauque du spécialiste Mike Flanagan, qui a aussi fabriqué les séries à succès The Haunting of Bly Manor (bof !) et The Haunting of Hill House (franchement meilleure !).

Découpée en huit tranches d’une heure, La chute de la maison Usher revisite l’œuvre du romancier américain Edgar Allan Poe de façon inventive, moderne et glaçante. Pensez à un alliage des séries Succession et Painkiller, mais enrobé d’hallucinations morbides et de meurtres crapuleux.

Parce que oui, c’est un sujet hyper-populaire, cette série macabre raconte la descente aux enfers de la famille Usher, qui a engrangé des milliards de dollars en commercialisant un puissant médicament antidouleur similaire à l’OxyContin. Imaginez Painkiller et Dopesick, mais transposés dans un univers fantastico-gothique.

Et Succession, là-dedans ? J’y arrive. Cette histoire cauchemardesque s’articule autour du patriarche Roderick Usher, grand patron de l’influente société pharmaceutique Fortunato, qui a eu six enfants avec cinq femmes. Comme dans Succession, les six enfants Usher, tous adultes, se battent férocement pour l’affection – et la montagne de fric – du cruel paternel, maintenant en couple avec une étrange jeune femme qui s’appelle Juno.

Dès le premier épisode, le plus gros punch sort : les six héritiers de Roderick Usher ont péri dans des circonstances atroces. À coups de retours en arrière, et de longues confessions noyées dans du cognac très cher, Roderick Usher raconte à un enquêteur du gouvernement fédéral, qui tente de l’épingler depuis plusieurs décennies, comment il a perdu ses six enfants, tous plus détestables les uns que les autres.

Il s’agit probablement de l’élément le plus accrocheur de cette minisérie de Netflix : chacun des épisodes culmine avec la mort violente de l’un des enfants de la dynastie Usher. Mais de quelle façon et pourquoi ? Voilà l’attrape.

Oui, ce procédé devient répétitif, mais il fonctionne super bien. Trop bien, même. Les enfants Usher sont à ce point égocentriques, stupides, gâtés, twits et insupportables que l’on a (quasiment) hâte de les voir souffrir sous nos yeux, dans la plus pure tradition du film gore. Note à moi-même : ne pas adopter de chat noir, ne jamais m’approcher de singes dans un zoo et toujours vérifier sous l’oreiller avant de tomber dans les bras de Murphy. Ceux de Ryan Murphy, bien sûr.

Les deux premiers épisodes de La chute de la maison Usher sont denses et s’éparpillent entre le passé lointain, le passé récent et le présent, ce qui génère beaucoup de confusion. C’est qui, lui, elle fait quoi déjà, elle ? Comme la série compte énormément de personnages, l’écoute devient moins fluide.

Au début du troisième épisode, et après plusieurs arrêts volontaires, j’ai songé à abandonner. Rendu au quatrième, finalement agrippé par l’intrigue, je savais que je me rendrais jusqu’au bout (de la nuit).

Pendant huit heures, les fans d’Edgar Allan Poe s’amuseront à noter les multiples références à ses livres et à ses thèmes chouchous. Un corbeau ici, un chat noir là, un personnage qui s’appelle Auguste Dupin, un des piliers du genre policier datant de 1841.

L’actrice Carla Gugino incarne une des figures les plus énigmatiques de La chute de la maison Usher. Sous diverses formes, cette femme inquiétante, qui s’appelle Verna (anagramme de raven, indice !), apparaît dans toutes les époques, dans chacune des histoires, et elle sème la mort dans une fête clandestine, dans un laboratoire médical ou dans un refuge pour animaux abandonnés. C’est un démon aux pouvoirs surnaturels qui traque sans relâche les Usher depuis quelques décennies, elle aussi.

Autre personnage à surveiller : Madeline, la sœur jumelle du patriarche Roderick Usher, une personne brillante, manipulatrice et froide.

Dans une ambiance de paranoïa, de yeux de félins qui brillent dans la nuit et d’effets spéciaux d’orages, La chute de la maison Usher donne le coup d’envoi à la saison des frissons d’octobre. Déposez les petites citrouilles sur le perron et pendez les squelettes à la rampe d’escalier, ça presse.

Également, ce n’est pas parce que l’Halloween approche qu’il faut baisser sa garde galante, n’est-ce pas, Alexandre de Si on s’aimait ? Invité par l’énergique Julie à une Roulathèque de type disco, Alexandre, 45 ans, lui a demandé, en voyant son chemisier aux motifs psychédéliques : « T’as mis ton costume ? » Mais Julie n’était pas déguisée pour les années 1970. Elle portait ses vêtements du quotidien et non un accoutrement d’Halloween. Boups ! (mélange de bouh ! et de woups !)