Plusieurs expressions m’ont procuré des frissons de bonheur dans le dernier épisode de Sorcières à TVA : triple déesse, rite éternel, lune creuse, cercle de prière et de pureté et Mission de la Lumière-Éternelle.

Ce jargon mystérieux prophétise beaucoup de plaisir à fouiller dans le passé tordu de personnages sûrement nés un jour précis du calendrier lunaire. Tout le contraire de Mercure qui rétrograde, annonciateur de choses assez plates. D’ailleurs, on dirait que Mercure rétrograde 12 mois par année, mais bon, gardons le focus.

Après six épisodes, on pénètre enfin dans la secte bizarre de Sainte-Piété, qui a été vissée au cœur de cette histoire dense aux ramifications multiples. Et c’est délicieusement captivant.

Tranquillement, les pièces du puzzle sectaire de Sorcières s’emboîtent. L’épisode de lundi a confirmé que le menuisier Luc Tougas (Stéphane Gagnon) et la journaliste d’enquête Joanne « Joe » Bussières (Céline Bonnier) ont eu un enfant alors qu’ils vivaient, adolescents, dans la commune matriarcale de Sainte-Piété, représentée par trois symboles de lune, exactement comme les morceaux de bois qu’ont reçus, par la poste, les trois demi-sœurs de la série de TVA.

Où se trouve le garçon Tougas-Bussières aujourd’hui ? Mystère. À l’époque, le père de Joe, soit le [présumé] gourou alcoolique Armand Bussières (Olivier Lamarche), a désavoué le nouveau-né, amèrement déçu qu’il ne s’agisse pas d’une fille.

« Vous avez déshonoré la triple déesse, expiez vos fautes », a grogné Armand dans un langage codé que n’auraient pas renié Jade et Jean-Simon dans L’échappée. Flasque à la main, Armand a enchaîné : « À la prochaine pleine lune, vous allez procréer à nouveau, pour rétablir l’ordre. »

Armand dirige-t-il la secte de Sorcières ou obéit-il aux prophéties de sa femme Louise (Alexa-Jeanne Dubé), la mère de Joe ? C’est Louise qui détient le pouvoir, je pense. Le message vocal laissé à la police après la découverte du poupon au pied des chutes de Sainte-Piété s’inspire des visions de Louise, qui en mène large dans les flashbacks.

Un nom a également été apposé sur le groupe pseudoreligieux que fréquentent Cassandre (Joanie Martel) et Darius Boileau (Guillaume Tremblay) : la Mission de la Lumière-Éternelle. Les membres de cette secte adhèrent à la théorie de la lune creuse, qui serait un ancien vaisseau abritant une civilisation avancée, à l’origine de la vie sur Terre. Seuls les « élus stellaires » obtiendront une place dans le vaisseau quand il repartira. Méchante gang de sautés.

Des trois demi-sœurs, Élisabeth « Beth » Lussier (Marie-Joanne Boucher) demeure ma préférée. La scène où Beth, une épouse désespérée, mais lucide, a pimenté la salade d’endives de son odieux mari Philippe (Patrick Drolet) a été savoureuse.

La plus jeune sœur, Agnès (Noémie O’Farrell), a enfin entrouvert sa carapace, ce qui la rend plus attachante. Dans les cinq premiers épisodes, Agnès paraissait froide, calculatrice et distante. Il nous reste aussi à découvrir la vulnérabilité de la solitaire Joe (Céline Bonnier), qu’elle cache sous sa cape de reporter intrépide, en fuite perpétuelle.

La mère de Beth, Manon Lussier, détient une clé de l’énigme, c’est évident. On l’a beaucoup vue dans les flashbacks sous les traits de l’actrice Larissa Corriveau. On la verra dans le prochain épisode (jouée par Louise Laparé) alors que sa fille lui rend visite à sa résidence.

Autre élément à suivre dans les semaines à venir de Sorcières : l’écornifleuse des machines à sous, alias Gaétane (Hélène Grégoire), qui a été épinglée sur le tableau des suspects de Joe, déjà bien garni.

Martin Matte a mieux fait

Le deuxième épisode de Martin Matte en direct, diffusé jeudi soir à TVA, a volé plus haut que le premier. Comme quoi, pas besoin de dire pénis ou plotte toutes les 30 secondes pour « grafigner et être audacieux ».

Le monologue d’ouverture de l’animateur et humoriste a été plus solide et a même fait place à de l’autodérision à propos des mauvais commentaires reçus la semaine dernière. C’est rare que Matte retire son armure de personnage de gars baveux, et ce n’est pas désagréable.

Également, la sitcom Le dernier lien a été plus drôle, notamment grâce au comédien invité Roy Dupuis. On ne sait pas trop où Le dernier lien se dirige, mais il s’améliore.

Par contre, les entrevues menées par Martin Matte manquent encore de fluidité et on sent que plusieurs questions sont plantées uniquement pour amener un gag. Stéphane Rousseau, comme Patrick Huard, a bien joué le jeu et son moment télésouffleur a été moins malaisant.

J’ai bien aimé revoir Les Appendeux de même que Martin Matte engueuler Joey Bélanger de L’œil du cyclone, pendant qu’il s’adonnait à de l’hébertisme avec Pierre Brassard.

Pinkydoll, pourquoi pas ?

Dimanche soir, vous avez été nombreux à dénoncer la présence controversée de la tiktokeuse Pinkydoll, alias Mme Ice Cream So Good, sur le plateau de Tout le monde en parle à Radio-Canada.

C’est vide, stupide, vulgaire et inintéressant, avez-vous décrié en chœur. Le New York Times et le Rolling Stone ont récemment parlé d’elle, pourquoi pas nous ?

Cette Montréalaise de 27 ans, qui s’appelle Fedha Sinon, a trouvé un moyen lucratif de payer ses factures. Et s’il y a des gens assez riches – ou idiots ? – pour lui verser de l’argent, pourquoi elle ne l’empocherait pas ?

Maintenant, on peut trouver 100 % débile ce courant numérique où de jeunes femmes répètent des mots (gang, gang !) de façon robotique. On a aussi le droit d’en discuter entre un segment sur la guerre entre Israël et le Hamas ainsi que le retour de la cuvée 2003 de Star Académie (vive les t-shirts portés par-dessus des chemises à manches longues à la Wilfred).