Souvenez-vous de notre état d’esprit collectif d’il y a à peine trois ans.

On communiait religieusement aux points de presse anxiogènes de 13 h. On tripait sur les tartelettes portugaises du DArruda. On collait des arcs-en-ciel et des « Ça va bien aller » aux fenêtres en croyant sincèrement que ça allait bien aller, à un moment donné. Ce n’était pas de la naïveté, mais une façon de s’accrocher à un peu d’espoir.

On se frottait les mains avec du décapant industriel. On lavait notre épicerie au CLR. On se convainquait fort du plaisir des 5 à 7 sur Zoom (ouf !) ou sur l’application House Party (arke !) pendant que les confinements s’allongeaient à coups de deux semaines, pour durer des mois.

On croisait quelqu’un dans la rue et on faisait des blagues malaisantes sur wo, minute, là, il faut se tenir à deux mètres, t’es bien trop proche, ah ah, recule ! Flashback de Valérie Blais dans Tout sur moi ici.

Les rues vides de Montréal ressemblaient à un épisode de The Last of Us (quelle série formidable, soit dit en passant). Et on recherchait désespérément du réconfort. J’ai trouvé le mien, c’est triste, je sais, dans une Nintendo Switch et Zelda : Breath of the Wild, probablement mon jeu vidéo préféré à vie.

J’ai fini la « cassette » – les jeunes ne disent malheureusement plus ça – grâce à des conseils avisés de l’auteure Judith Lussier et de l’écrivain Alain Farah, eux aussi mordus de Link et du royaume d’Hyrule. La suite de Zelda, qui s’appelle Tears of the Kingdom, sort le 12 mai et cette date devrait être un jour férié mondial, merci.

Dans la grande noirceur covidienne, la jolie série Ted Lasso d’Apple TV+ est apparue comme une bouée de sauvetage parfaite.

Le Ted Lasso en question, joué par l’attachant Jason Sudeikis, débordait d’optimisme et les épisodes distillaient juste assez de charme, de chaleur et d’humanité dans notre monde détraqué qui avait viré sur le capot.

Ted Lasso nous montrait qu’en se serrant les coudes et en étant bienveillant envers les autres, on pouvait se sortir des pires situations. Allô, l’analogie sportive de pandémie. Eh boy de boy qu’on a voulu y croire.

J’ai adoré la première saison de Ted Lasso, j’ai bien aimé la deuxième, mais je me demande si je vais finir la troisième. Je suis rendu à la troisième heure (sur un total de 12) et j’ai, hélas ! l’impression d’avoir déjà joué dans ce film ou dans ce match de soccer, choisissez.

Comprenez-moi bien. Ce n’est pas mauvais, Ted Lasso. C’est très correct, notamment grâce aux formidables acteurs qui connaissent leurs rôles avec une précision comique remarquable.

On dirait cependant que la magie a disparu et qu’on tente de botter un ballon dégonflé. Apple TV+ dépose un nouvel épisode de Ted Lasso tous les mercredis, et seul le premier est actuellement offert.

La troisième saison de Ted Lasso démarre avec une sensation de déjà-vu. Les experts prédisent une saison de merde à l’AFC Richmond, le club mal-aimé – et encore sur le point d’être relégué en deuxième division – de la redoutable femme d’affaires Rebecca (excellente Hannah Waddingham). Ted Lasso en demeure le coach principal, assisté de l’ancienne étoile Roy Kent (Brett Goldstein) et de Beard (Brendan Hunt).

PHOTO MICHAEL TRAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’actrice britannique Hannah Waddingham et l’acteur américain Jason Sudeikis à la première de la saison 3 de Ted Lasso à Los Angeles, en Californie, le 7 mars dernier

L’ancien préposé à l’équipement de l’AFC Richmond, Nate Shelley (Nick Mohammed), dirige maintenant la riche équipe de West Ham United, qui appartient à Rupert (Anthony Head), l’ex-mari diabolique de la magnifique Rebecca, mon personnage favori de cette comédie.

Évidemment, Ted et Rebecca se colletailleront avec Nate et Rupert pendant toute la saison. L’autre sous-intrigue concerne l’arrivée en Premier League d’une superstar du Juventus, le vilain et caricatural Zava. Trois équipes se battront pour l’obtenir : Chelsea, West Ham United et l’AFC Richmond. Vous devinez sûrement dans quel vestiaire cet athlète au comportement de diva déposera ses souliers à crampons.

Si Ted Lasso reste le bon entraîneur jovial et optimiste, Rebecca est devenue beaucoup trop gentille par rapport à sa première incarnation. On s’ennuie du temps où la vilaine Rebecca faisait souffrir le pauvre Ted et qu’elle sabotait les chances de faire gagner sa propre formation.

La pétillante Keeley (Juno Temple), qui dirige maintenant sa propre firme de relations publiques, n’hérite pas de matériel intéressant à défendre dans les épisodes que j’ai vus. Encore une fois, Keeley doit prouver qu’elle sait utiliser son cerveau davantage que son corps de mannequin. J’ai été là, j’ai fait ça, j’ai acheté le t-shirt, comme le veut l’expression anglophone.

Apple ne le confirme pas officiellement, mais il s’agirait de la dernière saison de Ted Lasso, qui a pourtant croulé sous les prix Emmy en septembre.

C’est une sage décision. Ted a été bon pour nous. Il a adouci ces temps difficiles et il mérite de retourner voir sa famille au Kansas, comme Dorothy dans Le magicien d’Oz.