Au revoir, Isaack, ciao, Philippe, et bye, Félix. Les trois candidats toxiques d’Occupation double qui ont instauré un « climat d’intimidation » dans la villa des gars ont été congédiés par l’équipe de production.

Cette décision radicale, du jamais vu depuis l’ouverture du premier chapitre d’OD, en 2003, s’inscrit dans un mouvement de grogne populaire, qui dénote un important changement de culture et de mentalité dans les téléréalités d’ici. Les fans ne tolèrent plus des comportements associés à l’exclusion ou au manque de respect.

Pesant encore plus dans l’équation, les commanditaires, puissants moteurs de ces aventures tropicales imbibées d’alcool, se dissocient maintenant de ces gestes de cour d’école, qui ne prônent pas « l’inclusivité et la solidarité ».

Lisez l’article « Occupation double évince trois candidats »

Non, Isaack, Philippe et Félix n’ont pas physiquement battu leurs camarades de chambre à OD. Mais semaine après semaine, ils ont pris pour cible ceux qu’ils ne blairaient pas, ils les ont tassés des soupers de groupe, ils les ont mis à l’écart des discussions stratégiques et ils les ont dénigrés aux yeux de leurs prétendantes. Il s’agit d’une forme de violence sournoise, surtout dans un contexte de réclusion extrême comme celui d’Occupation double, où les joueurs évoluent dans une bulle hermétique, limite anxiogène.

Les familles des trois célibataires remerciés ont été contactées mercredi, tandis qu’Isaack, Philippe et Félix encaisseront la nouvelle ce jeudi quand l’équipe de crise des Productions J débarquera en Martinique pour sauver l’émission du naufrage. La psychologue Dania Ramirez et le chercheur en intimidation Stéphane Villeneuve seront du voyage.

Comme ils vivent coupés du monde extérieur, sans réseaux sociaux ni rien, le mannequin Isaack Matteau-Vaillancourt, 24 ans, l’entrepreneur Philippe Gaudreau, 27 ans, et le technicien en procédés chimiques Félix Milot, 24 ans, n’ont aucune idée de la colère qu’ils ont déclenchée chez les téléspectateurs québécois.

Les tournages d’Occupation double disposent d’une avance de trois semaines sur la diffusion des épisodes à l’antenne de Noovo. Nous verrons donc big (Isaack), bro (Philippe) et gros (Félix) dans nos télés plusieurs jours encore. Au moment où l’entreprise Productions J, qui concocte OD pour la chaîne Noovo, a décidé de sévir, Félix avait déjà été éliminé dans le cadre du jeu. Il vivait dans la maison des exclus. Isaack et Philippe étaient encore dans la course pour les 500 000 $ attribués en prix. Associé de près au trio intimidateur, Walide Aouadi, le préposé aux bénéficiaires de 28 ans, n’a pas reçu son 4 %.

Honnêtement, il faudrait donner tout de suite le magot à Jimy et Claudia, car plus personne ne les détrônera. Ils sont adorables. De toute façon, les fans n’auraient jamais plébiscité Isaack ou Philippe, qui ont rapidement montré leurs couleurs de manipulateurs, ce qui déplaît au public friand d’émissions Cupidon.

La patronne des Productions J, Julie Snyder, a passé la journée de mercredi au téléphone afin de rassurer les partenaires qui injectent énormément d’argent dans sa téléréalité. Les commanditaires les plus importants d’OD, dont le Groupe Geloso (Bulles de nuit, Shaker Mixologie), lui ont réitéré leur appui. Les matelas Polysleep, les boutiques Shop Santé, les vêtements Oraki et les bijoux Twenty Compass ont cependant rompu leur lien commercial avec OD, dont les agissements et décisions ne reflètent pas leurs valeurs, ont-ils précisé sur Instagram.

Il y a 10 jours, l’exclusion du pompier et charpentier menuisier Jonathan Desjardins, 26 ans, a fait tomber le premier domino dans cette saga. Parce qu’ils ne l’aimaient pas, et uniquement pour cette raison, les colocs de Jonathan ont sacrifié sa douce moitié Clémence dans l’espoir qu’il la suive et qu’il débarrasse le plancher. Ce que Jonathan a fait, dans les larmes et l’incompréhension.

Puis Tommy Kimpton, le DJ de 27 ans, a subi le même traitement vicieux. Philippe et Isaack ne l’appréciaient pas, ils ont sali sa réputation et l’ont quasiment forcé à s’autoexclure. À La semaine des 4 Julie, Julie Snyder a présenté ses excuses à Jonathan et a pris toute la responsabilité de ce fiasco. Mercredi soir, Julie Snyder a de nouveau reconnu ses torts. « La production et moi prenons la responsabilité et on s’en excuse. C’est l’occasion d’avoir un constat commun sur cet enjeu de société. Nous aurions pu et dû agir plus vite, ça ne se reproduira plus », a déclaré l’animatrice et productrice à La Presse.

Avant que les téléspectateurs ne se révoltent et que les commanditaires ne fuient, les candidats problématiques ont été sermonnés. En vain. « C’est comme dans une cour d’école : tu as beau les avertir, tu ne peux pas toujours les retenir », me raconte une source qui travaille dans l’équipe Occupation double.

Également, la production était tiraillée : si elle ne montrait pas les gestes d’Isaack, Philippe et Félix, lui reprocherait-on de censurer la vérité ou de protéger des candidats malveillants ?

Depuis plusieurs saisons déjà, l’animateur Jay Du Temple (qui n’a pas commenté la situation mercredi) parle constamment de bisbilles dans les maisons, et il a été gâté cet automne.

Comme téléspectateur, j’ai haï voir Isaack, Philippe et Félix à l’œuvre. Un trio détestable à souhait, vraiment. J’étais en beau maudit quand ils contaminaient le jugement des filles, qui buvaient chacune de leurs paroles empoisonnées. Mais aurais-je crié au harcèlement ? Je ne pense pas. Je hurlais pour que les autres concurrents les expulsent et détruisent leur emprise malsaine.

Depuis 20 ans, les téléréalités nous ont habitués à ces manigances et à la formation de cliques. C’est la base du jeu. Également, les participants de téléréalité attirent plus souvent la raillerie que la sympathie. On les regarde aller et on se dit : pfft, ils ont choisi d’être là, personne ne les a forcés à s’inscrire, tant pis pour eux, ils ne font pas pitié.

Et on ne jouera pas les hypocrites ici : la chicane, c’est payant pour OD, c’est payant pour les cotes d’écoute. On chiale quand il n’y en a pas, on dit que c’est plate, mais on s’indigne quand ça déborde. Où doit-on tracer la ligne, maintenant ?