(Paris) Les célébrations du centenaire de naissance de Jean Paul Riopelle s’achèvent à Paris avec deux expositions que La Presse a vues en primeur. D’abord, un magnifique déploiement d’une vingtaine de peintures, sculptures et collages, intitulé D’un continent à l’autre, à la galerie Clavé Fine Art, dans le quartier Montparnasse. Et un accrochage au Centre Pompidou, avec sept œuvres essentielles de Riopelle, dont l’immense et splendide toile Chevreuse, de 1954.

C’est avec un « grand enthousiasme » que le Centre Pompidou a répondu à la suggestion de la Fondation Riopelle de souligner le centenaire de naissance de Riopelle (1923-2002) par l’exposition, jusqu’au 1er avril, d’œuvres appartenant au musée et à des collections privées, dont la famille Maeght, du nom du marchand et ami de Riopelle, Aimé Maeght. Le conservateur du Centre Pompidou, Christian Briend, l’a évoqué lors d’une visite faite en compagnie de l’ex-sénateur Serge Joyal, cofondateur de la Fondation Riopelle.

PHOTO ÉRIC CLÉMENT, COLLABORATION SPÉCIALE

L’ex-sénateur Serge Joyal et le conservateur du Centre Pompidou, Christian Briend

« Riopelle est un peintre majeur de cette période de l’histoire de l’art, dit Christian Briend. On ne le voit pas assez et il souffre beaucoup de la reproduction photographique. Il faut venir voir les œuvres pour se rendre compte de la puissance de son matériau pictural et de son travail de coloriste. »

Les œuvres accrochées faisaient partie de Parfums d’ateliers, présentée à la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence, l’été dernier. M. Briend aurait aimé que l’expo à Pompidou soit plus vaste, mais il a choisi des œuvres phares de Riopelle, dont l’immense tableau (3 m x 3, 91 m) Chevreuse que l’artiste a peint en 1954 dans l’atelier qu’il occupait à Montmartre.

Lisez la critique de Parfums d’ateliers

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Chevreuse, 1954, collection Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

Chevreuse est une œuvre qu’on voit rarement. Christian Briend dit que cette huile est la plus grande de la série à laquelle elle appartient. « La dernière fois que je l’ai vue ici, c’est lors de la rétrospective Riopelle de 1981, ajoute Serge Joyal. Elle est magnifique. »

Parmi les autres œuvres exposées, citons Épis sciés, un collage créé dans l’atelier Maeght du quartier Montparnasse en 1967, quand Riopelle y travaillait pratiquement jour et nuit, passionné par la lithographie. Citons aussi Iceberg nº VIII, de 1977, un beau travail au couteau, placé à côté de La mi-été chez Georges, un don au Centre Pompidou de la veuve de Pierre Matisse, un des marchands de Riopelle. Une œuvre captivante et inédite, par sa forme de croix atypique et son aspect panoramique. Et un rappel de l’amitié qui a lié Riopelle au critique d’art Georges Duthuit.

  • La mi-été chez Georges, 1973, huile sur toile, collection Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

    PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE POMPIDOU

    La mi-été chez Georges, 1973, huile sur toile, collection Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

  • Iceberg nº VIII, 1977, huile sur toile, collection Isabelle Maeght, Paris

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    Iceberg nº VIII, 1977, huile sur toile, collection Isabelle Maeght, Paris

  • Épis sciés, 1967, collage de lithographies marouflé sur toile, 180 x 131 cm, collection Isabelle Maeght, Paris

    PHOTO ÉRIC CLÉMENT, COLLABORATION SPÉCIALE

    Épis sciés, 1967, collage de lithographies marouflé sur toile, 180 x 131 cm, collection Isabelle Maeght, Paris

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Deux pelles à neige, de 1971, se démarque aussi avec ce jeu de ficelles faisant apparaître une figure. Enfin, l’impressionnant Mitchikanabikong occupe tout un mur de la salle. Une œuvre dont les blancs sont altérés, mais ce problème n’empêche pas d’apprécier le triptyque où une sorte de graphisme minimaliste se superpose aux empâtements.

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Mitchikanabikong, 1975, huile sur toile, 195,5 x 391,5 cm, collection Musée national d’art moderne, Centre Pompidou

Le Centre Pompidou devra fermer pour des rénovations majeures – entre 2025 et 2030 –, mais le conservateur Christian Briend a un projet d’exposition sur l’abstraction gestuelle qui sera présentée hors les murs du Centre (pourquoi pas au futur nouveau pavillon Riopelle à Québec ?) et qui comprendra des œuvres de Jean Paul Riopelle datant de 1945 à 1965.

Consultez la page de Riopelle au Centre Pompidou

Galerie Clavé Fine Art

En attendant, on peut aussi se régaler d’œuvres de Riopelle en se rendant, d’ici au 10 février, à la galerie Clavé Fine Art, fondée par Antoine Clavé (petit-fils du peintre catalan Antoni Clavé) dans l’ancien atelier du sculpteur français César, non loin de la place Denfert-Rochereau.

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Antoine Clavé

Les œuvres de Riopelle s’intègrent bien dans cette galerie lumineuse, dont l’intérieur a été redessiné par l’architecte japonais Kengo Kuma. Provenant de collections privées françaises et d’une « collection franco-canadienne », elles couvrent plusieurs périodes de création. Avec des huiles et une gouache des années 1950 et 1960, des collages des années 1960 et des bronzes de la série Famine de 1970.

Il y a un très beau pastel et fusain sur papier, Les rois de Thulé, de 1973, magnifiquement éclairé. Et un surprenant Sans titre, Autour de Rosa, de 1992, qui fait partie des œuvres créées dans le cadre de L’hommage à Rosa Luxemburg. L’artiste ne l’avait pas conservée pour l’œuvre monumentale que l’on peut admirer au Musée national des beaux-arts du Québec. Bonnes visites parisiennes…. sur les traces de Riopelle !

  • Sans titre, Autour de Rosa, 1992, bombe aérosol sur toile, 155 x 320 cm

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE CLAVÉ FINE ART

    Sans titre, Autour de Rosa, 1992, bombe aérosol sur toile, 155 x 320 cm

  • Famine d’oignons, 1970, bronze, 21 x 22 x 8 cm

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE CLAVÉ FINE ART

    Famine d’oignons, 1970, bronze, 21 x 22 x 8 cm

  • Vue de plusieurs collages

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE CLAVÉ FINE ART

    Vue de plusieurs collages

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Consultez le site de la galerie Clavé Fine Art