En attendant sa grande exposition de l’automne, la rétrospective consacrée à l’artiste d’origine vénézuélienne Marisol, le Musée des beaux-arts de Montréal présente une (très) sympathique vitrine au pop art, qui rassemble des œuvres de sa collection permanente. Et qui fait la part belle aux artistes québécois.

Il y a deux façons de visiter Pop la vie ! D’abord, avec un cœur léger, parce que les œuvres de polyuréthane et de bois stratifié, inévitablement, rendent joyeux. Et d’une manière plus intellectuelle, en se demandant ce qui peut bien se cacher derrière ce gros cactus ou cet œuf mauve.

« Il en a fait aussi des orange et des jaunes », précise la conservatrice de l’exposition Iris Amizlev, devant la version mauve de Jean Noël. Selon elle, c’est la première option qu’il faut privilégier et voir le côté ludique et coloré de ces œuvres.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La conservatrice Iris Amizlev l’avoue : cette œuvre du Québécois Jean Noël lui est tout de suite venue en tête lorsqu’il a été question d’une exposition sur l’art pop.

« Ce qui est merveilleux dans cette expo, c’est que les artistes québécois rayonnent », dit aussi Iris Amizlev, devant ce qui est une évidence, sur place. « Tout le monde connaît Andy Warhol et Roy Lichtenstein, poursuit-elle, mais regardez ceci », pointe la conservatrice vers une œuvre de 1974 de Michel Leclair nommée Une patate dans sauce, pis un coke ! Le titre est une référence à un poème de Gérald Godin, précise Iris Amizlev, ravie.

On est vraiment dans la culture populaire québécoise.

Iris Amizlev, conservatrice de l’exposition Pop la vie !

Il y a bel et bien un Mao d’Andy Warhol. Mais pas très loin, se trouve aussi un four où l’on peut voir un poulet cuire en temps réel, en vidéo, si vous voulez y mettre le temps. Cette œuvre de Pierre Ayot attise la curiosité, provoque le sourire, avant tout.

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Voici une pièce qui ne peut passer inaperçue : Pierre Ayot nous présente la cuisson d’un poulet. Le spectateur peut l’observer intégralement, s’il en a le goût et le temps.

Le travail de Pierre Ayot est bellement mis en valeur dans Pop la vie ! C’est une des vedettes de l’expo, selon sa conservatrice. Idem pour Edmund Alleyn qu’on voit sous un jour différent avec des œuvres spectaculaires, assurément des plus attirantes de Pop la vie !

Huit thèmes sont abordés dont la femme, qui est ici représentée par des hommes, les femmes étant pratiquement absentes du mouvement, a souligné la conservatrice en chef du Musée, Mary-Dailey Desmarais, lors du dévoilement de l’exposition.

On retrouvera aussi un petit espace consacré à l’ameublement, un autre à la pub, thème phare du mouvement né à la fin des années 1950 – mais qui a réellement pris son envol dans la décennie suivante.

Alors on y va le cœur léger ? « Oui, rentrez et amusez-vous, répond Iris Amizlev. C’est juste pour le plaisir, même si c’est très cérébral. Même si quand ces œuvres sont entrées dans les galeries et les musées, les gens étaient choqués. »

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On peut difficilement rester de glace devant ce sandwich de l’Américain David Gilhooly. Son jambon-fromage date de 1983, donc vers la fin du mouvement pop art.

Les plus cérébraux prendront aussi le temps de décortiquer ces œuvres pour y faire des lectures différentes et se plonger dans le contexte social de l’époque. Car cette représentation, aussi joyeuse soit-elle, est aussi une réaction à des contextes arides, la guerre du Viêtnam aux États-Unis, la Révolution tranquille ici, notamment.

Bon à savoir : l’exposition est présentée au sous-sol, entre les deux pavillons du musée, avec des pièces de la collection permanente. On y a donc accès gratuitement le premier dimanche de chaque mois. Elle se poursuit jusqu’au 24 mars.

À VENIR AUSSI AU MBAM

Le MBAM mise beaucoup sur son exposition Marisol : une rétrospective, qui débute le 7 octobre. Bien que l’artiste soit méconnue du grand public, la pratique de Marisol se détaille sur une soixantaine d’années. L’exposition regroupe 250 œuvres, multimédia, dont des totems, dans un style qu’on annonce satirique. Une collaboration avec le Buffalo AKG Art Museum.

Plus tard cet automne, à partir du 1er novembre, le musée présente une exposition consacrée à la grande Françoise Sullivan, signataire de Refus global dont on célèbre le 75anniversaire cette année. Françoise Sullivan était danseuse au moment de la signature du manifeste. Le musée présente des œuvres picturales récentes qui abordent le mouvement et la lumière. L’artiste a eu 100 ans en juin.

Consultez le site du MBAM