Cela fait 26 ans que Pierre Bruneau se consacre à l’art postal. Une activité si originale et diversifiée que le Musée de la Poste, à Paris, lui a accordé une résidence artistique. L’artiste montréalais crée et organise des ateliers de création qui l’amènent à éveiller de jeunes Français, Montréalais et même Africains à l’art d’expédier un beau courrier par la poste. Nous l’avons rencontré dans son atelier.

L’art postal

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Une de ses dernières œuvres en préparation

Il a étudié en communications graphiques et en scénographie théâtrale, mais un jour de décembre 1996, Pierre Bruneau s’est lancé dans l’art postal afin de pouvoir payer son atelier. Abonnés (pour 150 $ par mois), des amis et des collectionneurs ont commencé à recevoir ses œuvres chaque mois. L’activité étant un succès, il la poursuit depuis 26 ans. Ses créations, souvent phosphorescentes, sont inspirées de sa vie et de l’actualité. Des œuvres de toutes formes qui requièrent du dessin, de l’impression et du bricolage quand l’envoi est... une petite sculpture.

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L’œuvre éclairée à la lumière noire

L’œuvre postale est donc parfois originale, et, heureusement, Postes Canada l’accepte toujours. « Avec la poste, beaucoup de choses sont possibles, dit Pierre Bruneau. On n’est même pas obligé de mettre le timbre en haut à droite ! Postes Canada m’a dit qu’on peut poster n’importe quoi, pour autant que l’envoi soit suffisamment affranchi. » On peut découvrir toutes ses œuvres d’art postal, environ 1800 !, en se rendant sur son site.

Consultez le site de Pierre Bruneau

En 2020-2021, Pierre Bruneau a exposé son travail à la maison de la culture Janine-Sutto. Postez l’art ! était à la fois une expo rétrospective, une résidence artistique et des ateliers de création avec des écoles et des organismes communautaires. Dans le but, notamment, de rompre l’isolement qu’on subissait tous et toutes durant la pandémie. « On a aussi collaboré avec un Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux [CIUSS] pour organiser des ateliers dans des centres jeunesse, dit-il. Les jeunes écrivaient à des handicapés intellectuels et eux leur répondaient. À la suite de cette expérience, j’ai contacté le Musée de la Poste pour la prolonger en France. »

Découvrez comment Pierre Bruneau confectionne son art postal

Activités à Paris

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Pierre Bruneau a créé une œuvre phosphorescente sur un sac de la Poste française, avec un dessin et de la poésie de Jean Cocteau.

La résidence artistique de Pierre Bruneau à Paris a duré du 15 août au 15 décembre dernier. Il y a poursuivi ses activités de médiation en art postal. Avec le Musée de la Poste, il a jumelé les collégiens de trois écoles parisiennes avec des élèves montréalais de même niveau afin d’échanger, par voie postale, des œuvres pour la plupart phosphorescentes. Quelque 150 élèves ont participé à ces échanges. « Le plus fascinant, c’est que certains élèves n’avaient jamais écrit une seule lettre de leur vie ! », dit Pierre Bruneau.

Découvrez un de ses ateliers donnés à Paris

Il a aussi présenté sept ateliers dans une école primaire d’un quartier populaire de Paris. « Deux des classes en ont profité pour envoyer de l’art postal à des élèves sénégalais avec qui ils avaient un projet de journal, dit-il. C’est 180 élèves qui y ont participé. » En même temps, Pierre Bruneau s’est inspiré de la collection d’objets postaux du Musée de la Poste, notamment des lettres d’Antoine de Saint-Exupéry, de Jean Cocteau et de l’aviateur Jean Mermoz, pour créer de nouvelles œuvres d’art postal.

Regardez Pierre Bruneau en cours de création

L’atelier du Grover

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Pierre Bruneau dans son atelier

Dans son atelier de l’édifice Grover, dans le quartier Centre-Sud, Pierre Bruneau a placé au mur quelques-unes de ses œuvres qui combinent sculpture, dessin et phosphorescence. Car si l’art postal représente trois ou quatre jours de travail par mois, le reste de son temps est consacré à ses œuvres phosphorescentes de grand format qui fonctionnent avec la lumière noire ou en pleine obscurité.

Prochains projets

IMAGE FOURNIE PAR PIERRE BRUNEAU

Moucharabieh, de Pierre Bruneau

Pierre Bruneau poursuit d’ailleurs son travail sur la phosphorescence. Quand nous sommes passés dans son atelier, il venait de terminer une œuvre sur les moucharabieh, ces cloisons ajourées qu’on voit dans les mosquées pour que les femmes puissent voir sans être vues. Une œuvre complexe, réalisée au pinceau de peinture phosphorescente. « Je suis un peu maniaque », dit-il.

L’automne prochain, Pierre Bruneau retournera à Paris. Le Musée de la Poste souhaite poursuivre son projet d’ateliers de création. « Nous prévoyons offrir au moins 10 ateliers dans des collèges et des lycées, dit-il. La collaboration de la maison de la culture Janine-Sutto permettra d’organiser d’autres échanges franco-québécois. Le musée veut aussi développer un volet intergénérationnel qui impliquerait des écoles et des centres d’hébergement. »

Par ailleurs, il a été invité par le Centre Les Récollets, à Paris, et par la Maison de l’Architecture pour créer une installation à la chapelle du Couvent des Récollets, dans le cadre de la 23e Nuit blanche de Paris, en juin 2024. Il prépare aussi une autre œuvre installative destinée à la cathédrale basilique de Saint-Denis, en banlieue parisienne, en collaboration avec l’artiste français Lamyne M.

Consultez le site des Récollets, à Paris Découvrez l’artiste Lamyne M

Galerie photo

Œuvres d’art postal
  • Une œuvre avec des paysages de Charlevoix saisis à différents moments à partir du même point de vue

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    Une œuvre avec des paysages de Charlevoix saisis à différents moments à partir du même point de vue

  • Une œuvre réalisée durant la pandémie

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    Une œuvre réalisée durant la pandémie

  • Autre exemple d’un de ses envois postaux

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    Autre exemple d’un de ses envois postaux

  • De vieux sacs postaux avec lesquels il crée des œuvres

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    De vieux sacs postaux avec lesquels il crée des œuvres

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