Après Québec, au tour d’Ottawa de dévoiler son budget. Patrimoine canadien, qui finance les institutions culturelles du pays, disposera d’un budget de 1,94 milliard pour 2023-2024. Les musées continueront de bénéficier des largesses du fédéral, tandis que le Conseil des arts du Canada bénéficiera d’une enveloppe de 364 millions.

Le budget annuel de Patrimoine canadien, quoiqu’imposant à première vue, a baissé de 240 millions par rapport à l’année dernière. N’empêche, le ministre Pablo Rodriguez disposera d’une enveloppe suffisamment importante pour financer quelques-uns des musées-phares du pays (208 millions), Téléfilm Canada (151,9 millions), Bibliothèque et Archives du Canada (203,8 millions) et l’ONF (66,4 millions), entre autres.

Les festivals et évènements, eux, peuvent respirer. Le budget fédéral 2023 versera 108 millions de dollars sur trois ans aux agences de développement régional « afin d’aider les communautés, les petites entreprises et les organisations sans but lucratif à mettre sur pied des projets et des évènements locaux ».

« Le fait que cette annonce se fasse en lien avec la nouvelle stratégie fédérale pour la croissance du tourisme laisse entrevoir qu’enfin un soutien plus important pourrait être octroyé aux festivals et évènements canadiens en vertu de critères économiques et touristiques, pour qu’ils se développent », a indiqué par communiqué Martin Roy, président du Regroupement des évènements majeurs internationaux (REMI).

Patrimoine canadien disposera également d’un budget de 14 millions de dollars sur deux ans, à compter de 2024-2025, pour soutenir le programme Développement des communautés par le biais des arts et du patrimoine. Un autre programme dont les festivals vont pouvoir bénéficier.

« Cet investissement de 7 millions de dollars par année s’ajoute depuis cinq ans à la base budgétaire et aurait pu autrement disparaître dès le 1er avril 2024 », précise Martin Roy dans un communiqué.

Patrick Kearney, président du Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants (REFRAIN), s’est lui aussi dit soulagé de voir le gouvernement investir ces sommes.

On espère toutefois qu’il y aura d’autres annonces ou de nouveaux programmes pour les festivals indépendants, car il y a quand même une augmentation des frais depuis 2019. On pense à la main-d’œuvre et à la relance du secteur culturel post-pandémie.

Patrick Kearney, président du REFRAIN

Le budget 2023 propose également de verser une somme de 50 millions sur trois ans à Destination Canada afin d’attirer des conférences et des évènements d’envergure internationale. Un poste budgétaire qui pourrait bénéficier aux festivals.

Soutien au secteur de l’audiovisuel

Le Fonds des médias du Canada (FMC), destiné entre autres aux producteurs et scénaristes afin de diffuser du contenu canadien au pays et à l’étranger, recevra 40 millions sur deux ans à compter de 2023-2024.

Une mesure saluée par l’Association québécoise de la production médiatique (AQPM), qui juge toutefois ce financement insuffisant pour pallier le sous-financement de la production télévisuelle québécoise dans le marché francophone. L’AQPM estime que sa part devrait représenter 40 % de l’enveloppe du FMC.

La présidente-directrice générale de l’AQPM, Hélène Messier, a indiqué par communiqué que « le budget des émissions de langue française ne représente que le quart de celui des séries dramatiques ou des émissions jeunesse de langue anglaise. De plus, la pénurie de main-d’œuvre et la hausse exorbitante des coûts de production rendent difficilement soutenable la situation des producteurs québécois qui veulent continuer de livrer des contenus de qualité. »

Dans la situation actuelle, tout ajout au budget du FMC constitue un apport bien accueilli s’il est destiné avant tout à hausser le financement de chacune des productions et non la quantité d’émissions produites.

Hélène Messier, présidente-directrice générale de l’AQPM

Le Fonds de la musique du Canada, doté d’un budget annuel de 35 millions, est en baisse par rapport aux années passées et en deçà des attentes du milieu. L’Association des professionnels de l’édition musicale (APEM) a d’ailleurs publié un communiqué en soirée pour déplorer le fait que « les sommes disponibles sont insuffisantes et qu’une partie importante du financement n’est pas garantie après le 31 mars 2024 ».

« Les contributions des radiodiffuseurs au développement de la musique canadienne sont en baisse, les nouvelles contributions des diffuseurs en ligne tardent à se matérialiser parce que C-11 n’est toujours pas adopté, tout cela après une pandémie qui a fragilisé le secteur. Dans ce contexte, on aurait souhaité que les annonces soient à la hauteur des besoins », a écrit Jérôme Payette, directeur général de l’APEM. L’APEM réclame un financement de 50 millions annuellement.

Les musées-phares reçoivent une belle part du gâteau. Parmi eux, le Musée canadien de l’histoire (73 millions), le Musée des beaux-arts du Canada (45,8 millions), le Musée canadien des sciences et de la technologie (29,9 millions), le Musée canadien de la nature (27,7 millions) et le Musée canadien des droits de la personne (25,4 millions).

Enfin, la Société Radio-Canada, dont les dépenses ne semblent pas avoir été comptabilisées avec celles de Patrimoine canadien, recevra un financement quasi identique à celui de l’an dernier, à 1,28 milliard pour 2023-2024.