Gab More (Gabriel Moreau pour l’état civil) vient de présenter son premier solo de peinture post-internet à Tokyo. Le peintre et artiste numérique se frotte depuis 2019 à une carrière internationale avec des tableaux frappants et colorés dont le style a pris naissance lors de ses cours d’art au cégep de Trois-Rivières.

L’artiste trifluvien Gab More n’a que 24 ans et il est en train de se faire un nom avec ses peintures hard edge de style science-fiction, mi-figuratives, mi-abstraites. Un style né au cégep alors qu’il jonglait avec des figures géométriques et ajoutait des effets avec l’aide d’un logiciel avant de reproduire le tout sur une toile. Comme le faisait son professeur Jérémie Deschamps Bussières, et comme procède aussi l’Américain Austin Lee.

Après avoir exposé à la galerie VAV de Concordia en 2018 puis à Nuit blanche, Gab More s’est inscrit à un concours international organisé, en 2019, à l’occasion du centenaire de Pébéo, le créateur de couleurs pour les beaux-arts. Cent œuvres de cent artistes provenant de cent pays étaient choisies pour exposer à la Menier Gallery de Londres. Une œuvre de Gab More a été retenue. Cette première exposition internationale et sa présence sur Instagram lui ont permis de nouer de fructueux contacts avec des agents et marchands d’art.

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Big Bird in a Small Cage, l’acrylique de 24 x 36 pouces présentée par Gab More au concours Pébéo

« Deux marchands d’art de Londres ont découvert mon travail, m’ont contacté et proposé un contrat de deux ans, ce qui m’a amené à une première expo collective en 2021 avec la galerie JPS à Tokyo, raconte-t-il. La galerie JPS a aussi des bureaux à Hong Kong, Paris et Barcelone. Comme ça s’est bien passé – les deux œuvres que j’exposais ont été vendues –, la galerie m’a invité à un deuxième collectif, en octobre dernier à Hong Kong, avant de me proposer mon premier solo à Tokyo, en décembre dernier, avec neuf toiles. »

Gab More ne vend pas de toiles de grande taille en Asie. Même si les collectionneurs y ont de gros moyens, ils n’ont en général pas beaucoup d’espace, dit-il, ajoutant que les prix de ses œuvres ont monté rapidement, passant de 300 $ CAN, en 2020, à entre 2000 et 3000 $ US aujourd’hui sur le marché asiatique. L’artiste s’est rendu à Tokyo début décembre pour présenter son solo et rencontrer le milieu de l’art local. « J’ai d’ailleurs demandé quelques aides aux gouvernements fédéral et provincial, car c’est un voyage d’affaires », dit-il.

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Vue de son expo solo à Tokyo

Gab More a fait ses études à Concordia, de 2018 à 2021, dont deux ans en ligne à cause de la pandémie. Il avait choisi la concentration Studio Arts. « Parce que Concordia a des équipements de qualité pour les arts numériques », dit-il. Mais pourquoi peint-il au lieu de vendre de l’art numérique directement ? « Je suis intéressé par la culture post-internet, mais aussi par les images, répond-il. Et à comment l’iconographie a changé avec l’arrivée de l’internet, comment on a eu accès à une infinité d’images. La peinture donne aux images une aura différente de l’aura des images qu’on voit sur un écran. »

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Instant Crush, 2021, huile et acrylique sur toile,
36 x 48 pouces

Gab More ne s’intéresse pas au marché des NFT.

C’est le contraire de ce que je veux développer. Le concept de l’image numérique comme étant une reproduction que rien ne distingue et qui correspond surtout au médium qu’est le NFT plus qu’à l’image de l’œuvre, ça ne m’intéresse pas.

Gabriel Moreau

Une toile lui prend quatre à cinq jours de travail, après ses périodes de croquis sur ordinateur. Son style évolue-t-il ? « Visuellement, on dirait que je suis dans le même style depuis cinq ans, mais j’ai progressé. Je raffine ce que je fais. Ça va avec les technologies que j’utilise. Il y a une connotation négative dans le monde de l’art à rester dans le même style, mais dans le monde de la vente de l’art, c’est très positif ! Je suis quand même en train d’explorer des choses différentes tout en conservant mon identité qui est unique. »

Gab More commence à attirer l’œil de certains collectionneurs québécois. Ça le rassure. « Je ne voudrais pas être l’artiste d’un seul marché, dit-il. Même si j’ai commencé par Tokyo et Hong Kong, je veux aussi aller à Paris et Barcelone, pousser à Londres et Montréal, et même New York si je suis capable. Mais je vais y aller une expo à la fois ! »

Consultez le site de Gabriel Moreau