Pour la première fois depuis deux semaines, et depuis le congédiement subit de quatre cadres importants du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), sa directrice générale par intérim, Angela Cassie, a communiqué vendredi avec les médias, rappelant que la priorité du musée était de se réorienter, en appliquant un plan stratégique visant la diversification et la décolonisation.

Le 17 novembre, la sous-directrice et conservatrice en chef du MBAC, Kitty Scott, le conservateur de l’art autochtone, Greg Hill, le directeur de la conservation et de la recherche technique, Stephen Gritt, et la gestionnaire principale des communications, Denise Siele, ont été limogés, ce qui a surpris et choqué le monde de l’art au Canada. Disponible pour répondre, en français, à nos questions, vendredi, Angela Cassie n’a pas souhaité entrer dans les détails des congédiements. Elle reconnaît à tout le moins des « décisions difficiles ».

Lisez l'article « Musée des beaux-arts du Canada : des congédiements qui suscitent l’inquiétude »

Mme Cassie est au musée depuis janvier 2021. Elle a d’abord été vice-présidente à la transformation stratégique et à l’inclusion avant de prendre provisoirement les rênes de la direction générale, le 10 juillet dernier, Sasha Suda ayant quitté le musée pour diriger le Philadelphia Museum of Art. Angela Cassie est dans la transformation stratégique depuis près de deux ans.

PHOTO DAN HARPER, FOURNIE PAR LE MBAM

Angela Cassie

Elle estime donc tout à fait justifiée de procéder à des changements de personnel qui, selon elle, sont faits dans le cadre du plan stratégique Transformer ensemble, qui prend désormais en considération « la façon autochtone de penser » la gestion et la programmation du musée. Afin non seulement d’impliquer les Autochtones, mais aussi de partager avec eux le développement du musée.

Consultez le site du musée pour connaître le plan stratégique

« J’ai eu le mandat du conseil d’administration d’assurer la mise en œuvre du plan stratégique et de créer un environnement aligné avec les valeurs de l’institution, dit-elle. Je suis responsable des opérations et donc des décisions concernant le personnel. Le plan nécessite beaucoup de transformations à l’interne de l’institution pour le mettre en œuvre. »

Un département Voies autochtones et Décolonisation a été créé en février dernier avec, à sa tête, les Autochtones Steven Loft, nommé vice-président, et Michelle LaVallee, nommée directrice. Tous deux dirigeront dorénavant les équipes de conservation, explique Mme Cassie.

Angela Cassie estime que le Musée des beaux-arts du Canada n’a pas toujours agi dans l’intérêt d’établir des relations saines entre tous les Canadiens.

Il nous est arrivé, par moments, de ne pas avoir été entièrement à la hauteur de cette mission et nous avons su le reconnaître.

Angela Cassie, directrice générale par intérim du Musée des beaux-arts du Canada

Le plan stratégique a pour but de mettre désormais en pratique « les principes de la collaboration, de l’engagement et de l’inclusion ».

Mais pourquoi s’être séparé de Greg Hill et de Stephen Gritt, des cadres majeurs pour le rayonnement des arts autochtones et la conservation de la collection ? Angela Cassie ne veut pas entrer dans des détails « confidentiels ». Elle dit que le musée doit « faire les choses autrement » et abandonner des façons de faire jugées désuètes pour « le type d’institution que nous devons et souhaitons incarner ».

Y avait-il un climat toxique au sein du musée ?, a demandé La Presse. « Certainement, dans des moments de transformation, ça vient avec beaucoup d’émotion au sein de nos équipes, dit-elle. Mais on voit du progrès et des taux de satisfaction du personnel plus élevés dans certains départements. Un environnement sain est une priorité pour nous. »

Angela Cassie ajoute que les amateurs d’art qui fréquentent le musée vieillissent (77 % ont plus de 55 ans) et qu’elle doit donc aller chercher un public plus jeune et plus diversifié. Angela Cassie restera-t-elle à la direction générale du musée après le processus en cours pour nommer un successeur à Sasha Suda ? « C’est une décision personnelle que je n’ai pas encore prise, dit-elle. Je me suis jointe à cette équipe à cause de cette vision de transformation qui me passionne. Je crois fortement dans le besoin et le désir de créer un environnement d’inclusion et de renforcer les liens communautaires. »