Pilier des arts visuels au Canada, prince des installations, de l'abstraction et de l'improvisation, le peintre, sculpteur et musicien John Heward est décédé mardi, à l'âge de 84 ans, à Montréal.

Né à Montréal en 1934, John Heward aura présenté plus d'une quarantaine d'expositions solos, notamment au Atlanta Contemporary ArtCenter en 2011, au Museum of Contemporary Art de Toronto, en 2009, à la Paul Kuhn Gallery de Calgary, en 2009, et au Centre culturel canadien, à Paris, en 2000.

En 2008, le Musée national des beaux-arts du Québec avait consacré une rétrospective majeure au travail de John Heward. Parmi les principales expositions collectives auxquelles il a participé, on peut citer Traffic: Conceptual Art in Canada c. 1965 to 1980 (Toronto, Montréal, Halifax, Vancouver ; 2010-2012), Québec/New York (New York ; 2001), Peinture, Peinture (Montréal ; 1998), La Biennale de Montréal (1998) et Les Cent jours d'art contemporain de Montréal (1987).

En 2012, John Heward avait reçu le prestigieux prix Paul-Émile Borduas. Il est représenté par la galerie Roger Bellemare et Christian Lambert, à Montréal. Il fut le premier artiste représenté par Roger Bellemare quand le galeriste ouvrit sa galerie en 1971.

«L'originalité et l'importance de son travail ont été maintes fois soulignées par des présentations à la galerie, une rétrospective majeure au Musée national des beaux-arts du Québec, de nombreux articles et catalogues. Nous perdons aussi un collègue et un ami. Sa vie ancrée dans l'art, sa curiosité et son intérêt pour les autres faisaient de John un camarade attentionné et attachant. Il manquera à plusieurs, car il maintenait avec chacun des liens directs, francs, toujours empreints de cordialité», écrivent ses galeristes, dans un communiqué.

La Fonderie Darling présente, jusqu'au 9 décembre, des oeuvres de John Heward et de Jean-François Lauda dans le cadre de l'exposition The Silver Cord, qui montre la complicité entre les deux plasticiens. Une exposition signée Caroline Andrieux, directrice générale de la Fonderie Darling. Une exposition où John Heward présente trois pans de toile, «les lambeaux de canevas suspendus, depuis le plafond jusqu'à toucher le sol», une expression artistique qui transmet, selon Mme Andrieux, «une forme d'inertie, de paresse, d'une élégance extrême, pour emprunter les mots de Barthes à propos des oeuvres de Cy Twombly».

«John était très proche de la Fonderie et de moi-même, dit Caroline Andrieux. Il a été mon voisin dans Griffintown alors que j'arrivais de France en 1992. Peu de gens habitaient dans le quartier et il m'a beaucoup inspiré par sa pratique et la façon dont lui et Sylvia ont aménagé leur entrepôt sur la rue Murray. Nous avons développé des liens d'amitié et une complicité artistique et professionnelle, car il a été président du conseil d'administration de Quartier Éphémère durant plusieurs années. Quand je lui ai mentionné que nous travaillions pour sauver la Fonderie Darling de la démolition, il m'a offert des sculptures qu'il avait réalisées dans la fonderie alors en activité. Pour moi, John incarne ce lien entre l'ancienne fonction industrielle et la nouvelle vocation artistique de la Fonderie Darling et l'exposition présentée actuellement en témoigne.»

Selon les souhaits de l'artiste, il n'y aura ni funérailles ni hommage, John Heward ayant estimé que ses oeuvres artistiques et musicales étant, en elles-mêmes, des hommages à sa vie et à son travail.

Photo fournie par la galerie Roger Bellemare et Christian Lambert

En 2017, John Heward présentait une exposition à la galerie Roger Bellemare et Christian Lambert.