Un tribunal a tranché en faveur d'un musée californien la semaine dernière dans une affaire de peintures saisies par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Le juge d'une cour fédérale de district John F. Walter a statué que le musée Norton Simon de Pasadena était le propriétaire légitime des tableaux Adam et Eve qu'il a en sa possession depuis plus d'une trentaine d'années.

Le musée a déclaré que la décision tenait compte «des faits et des lois au coeur de la dispute», a rapporté lundi le Los Angeles Times.

La plaignante Marei von Saher soutenait que les oeuvres avaient été volées à son beau-père, le marchand d'art juif Jacques Goudstikker, après que sa famille eut fui les Pays-Bas durant la Shoah.

Le musée affirmait pour sa part avoir acquis légalement les tableaux auprès de descendants d'aristocrates russes.

Les peintures bibliques ont été réalisées par Lucas Cranach l'Ancien vers 1530. Le musée les a achetées en 1971 pour la somme de 800 000 $ US, soit l'équivalent d'environ 4,8 millions $ US aujourd'hui. En 2006, leur valeur avait été estimée à 24 millions $ US.

Les procédures judiciaires, qui se sont étirées sur une décennie, font partie des nombreux conflits concernant des oeuvres d'art volées par les nazis à avoir émergé au cours des dernières années.

Puisque M. Goudstikker n'a entamé aucune démarche pour la récupérer les tableaux après la guerre, sa famille a par le fait même renoncé à son droit de les réclamer, a précisé le juge Walter.

«Évidemment, Mme von Saher est déçue de la décision de la cour», ont déclaré des représentants de la firme d'avocats de la plaignante, qui compte porter la cause en appel.

Ils ont également dénoncé la motion présentée par l'équipe juridique du musée, qui allègue que le père de Marei von Saher était lui-même membre du Parti nazi.

«Utiliser cette information pour tenter de discréditer Mme von Saher n'est rien de plus qu'une machination de mauvais goût destinée à esquiver la responsabilité du musée dans son refus de restituer des oeuvres d'art qui ont été incontestablement volées à la famille de son mari», ont insisté les avocats.