Plus de 1000 personnes la visitent chaque jour. Pour ses livres, mais aussi pour sa serre vitrée luxuriante, une perpétuelle source d’émerveillement, surtout en hiver.
La Bibliothèque publique de Westmount fête cette année son 125e anniversaire. Ce fut la première au Québec à l’accès gratuit et financé par les taxes des citoyens.
« C’est rare, les lieux aussi magnifiques où on peut entrer sans même avoir à acheter un café », souligne avec raison sa directrice Anne-Marie Lacombe.
La Bibliothèque publique de Westmount est très chère à sa communauté de 7500 membres. Or, nul besoin de vivre dans la ville défusionnée bien nantie pour la fréquenter. « Je dis souvent que nous avons le mot “public” dans notre titre, souligne Anne-Marie Lacombe. Oui, il faut une carte de la bibliothèque pour emprunter des documents, mais nos portes sont ouvertes à tous. »
Pour les résidants de Westmount, l’abonnement à la bibliothèque est gratuit. Sinon, le tarif annuel va de 60 à 160 $ selon l’âge et le statut.
Étudiants, télétravailleurs, familles et amoureux de la littérature s’y côtoient. Même Barbada est venue deux fois plutôt qu’une pour l’heure du conte.
Une lignée de femmes directrices
Anne-Marie Lacombe est devenue directrice de la Bibliothèque publique de Westmount en septembre 2022 après avoir été l’adjointe de sa prédécesseure, Julie-Anne Cardella. Auparavant, elle avait travaillé à la bibliothèque de Saint-Lambert et dans celle du Centre-Sud, Père-Ambroise. Elle vante l’importance et le rôle de son lieu de travail, qui est pour elle une vocation.
« Pour le concept d’espace public, la communauté, les différentes clientèles qui se rencontrent… C’est un lieu où tous sont traités de façon égale », fait-elle valoir.
La deuxième directrice de l’histoire de la bibliothèque, Mary Sollace Saxe, est restée en poste 30 ans, de 1901 à 1930. Une féministe avant son temps, mais aussi une avant-gardiste qui a écrit dans les journaux et mené le projet du pavillon pour enfants annexé à la bibliothèque en 1911.
Américaine d’origine, Mary Sollace Saxe militait pour un accès universel à la littérature et à la lecture, en particulier pour les enfants. Elle a publié en 1919 le livre Our Little Quebec Cousin.
Si chaque bibliothèque est unique, celle de Westmount l’est particulièrement. On sent l’histoire entre ses murs, et son Conservatoire horticole – serre que l’on peut admirer de plusieurs points de vue grâce à une voûte vitrée – est une véritable oasis.
De nombreux travaux d’envergure ont été réalisés au fil du temps sur l’édifice d’origine dessiné par l’architecte Robert Findlay. Il y a eu un agrandissement en 1924, l’ajout de la serre en 1927 et la construction d’une annexe en 1959.
En 1995, la Bibliothèque publique de Westmount a connu une véritable métamorphose tout en conservant son cachet d’antan grâce à d’importants travaux orchestrés par l’architecte Peter Rose. Une aire vitrée permet depuis d’admirer le Conservatoire horticole, qui relie de l’intérieur la bibliothèque au centre communautaire Victoria Hall. « La nouvelle section est sans démarcation majeure avec l’architecture néo-Tudor de la partie d’origine », fait observer Anne-Marie Lacombe.
« Comme à la maison »
À 93 ans, Rachel Phillipson-Levy est une membre de longue date de la bibliothèque, mais aussi l’une des plus fidèles. Elle la fréquente pratiquement chaque jour : même qu’elle n’a même pas besoin de mettre le nez dehors pour s’y rendre puisqu’elle vit dans la résidence pour personnes âgées du Manoir Westmount, connecté au centre communautaire.
« Je passe par la serre qui est magnifique, souligne-t-elle. Même avec mes enfants et mes petits-enfants, je venais toujours à la bibliothèque. Je me sens à la maison ici. »
« J’aime l’ambiance. C’est calme. Le personnel est très compétent et me connaît bien », poursuit la Française d’origine qui vit à Montréal depuis sept décennies.
Rachel Phillipson-Levy est une grande lectrice depuis l’enfance. « Petite, j’avais une lampe de poche et je lisais sous les draps », raconte-t-elle en se remémorant à quel point les livres de la collection Comtesse de Ségur étaient extraordinaires.
Son dernier coup de cœur ? The Pilot’s Wife, d’Anita Shreve, dévoré en trois jours.
Au programme pour le 125e anniversaire
Anne-Marie Lacombe souligne que des travaux en cours au sous-sol permettront la rénovation de la section pour les adolescents et l’aménagement d’un espace voué à la création technologique et artisanale.
Pour les festivités du 125e anniversaire, une fête extérieure est prévue le 9 juin. Le 23 novembre, les heures d’ouverture sont prolongées sur le thème Faites la fête après la fermeture.
Ce qui demeure depuis 125 ans : le Comité de la bibliothèque, dont les candidats sont nommés pour trois ans. Mais aussi la brique rouge, la tourelle cylindrique et les grandes fenêtres de l’édifice historique d’architecture victorienne.
Toutefois, pour reprendre les mots de la mairesse de Westmount, Christina M. Smith, ce sont les abonnés et le personnel qui rendent la bibliothèque si spéciale.