(Toronto) L’artiste multidisciplinaire Michael Snow, connu au Canada et à l’étranger pour sa peinture abstraite, ses sculptures publiques et le film expérimental Wavelength de 1967, est mort à l’âge de 94 ans.

L’artiste, né à Toronto, est mort jeudi, a déclaré Tamsen Greene, directrice principale de la Jack Shainman Gallery de New York, qui représentait Snow.

Le Musée des beaux-arts du Canada a indiqué dans un communiqué que Snow était « un géant du monde de l’art, au Canada et sur la scène internationale », et « un formidable ambassadeur ». On ajoute que « son héritage est celui d’une transformation sans précédent de la relation entre l’œuvre d’art et le spectateur ».

Ses expériences créatives ont remis en question les perceptions et ont finalement changé notre façon de comprendre l’art, le monde et les autres.

Extrait du communiqué du Musée des beaux-arts du Canada

Certains de ses projets les plus connus sont des œuvres d’art public, notamment l’installation d’oies Flight Stop du Centre Eaton de Toronto, créée en 1979, et The Audience du Centre Rogers, une sculpture de fans enthousiastes qui a été dévoilée lors de l’inauguration du SkyDome en 1989.

Snow le cinéaste

Tout au long de sa carrière artistique, Snow a expérimenté divers médias, dont le cinéma, la peinture, la sculpture, la photographie et la musique. Cependant, pour de nombreux cinéphiles, il est peut-être surtout connu pour avoir inspiré le nom de Wavelengths, désignant le programme de films expérimentaux du Festival international du film de Toronto (TIFF).

Le directeur général du TIFF, Cameron Bailey, a qualifié l’œuvre de Snow dans le domaine des arts visuels de transformatrice.

« Tranquillement, il a démoli les frontières », a déclaré M. Bailey dans un communiqué consacré à sa contribution au cinéma.

Cameron Bailey, directeur général du TIFF, ajoute que Wavelength, remarquable par son zoom caméra de 45 minutes, « reste son don le plus puissant ».

Une interview de Snow dans le cadre de la série de balados TIFF Uncut en 2017 a mis en lumière son intérêt pour l’art, alors qu’il était adolescent, et les perspectives extraordinaires que lui ont ouvertes quelques rencontres fortuites.

Snow disait avoir commencé à jouer de la musique à l’école secondaire. Peu de temps après, il s’est rendu en Europe, où, pendant une partie des années 1950, il a entrepris « d’essayer de se trouver, de regarder l’art et de faire de l’auto-stop ». Il a aussi passé ces années à faire des croquis, pratique qu’il a pleinement adoptée à son retour à Toronto, où il s’est inscrit à l’Ontario College of Art, aujourd’hui connu sous le nom d’OCAD University.

Intrigué

Une exposition de ses œuvres à la Hart House de l’Université de Toronto lui a permis de rencontrer George Dunning, producteur et réalisateur canadien, qui allait réaliser le film d’animation des Beatles Yellow Submarine en 1968.

Dunning était à des années-lumière de ce projet psychédélique, mais il a été séduit par les premiers travaux de Snow, lui disant que « celui qui avait fait ces dessins était quelqu’un qui devait s’intéresser au cinéma ».

Il s’avère que Snow ne s’y intéressait guère. Il semble qu’il allait « très rarement » au cinéma, mais il était intrigué par l’idée d’appliquer ses connaissances à l’animation et a accepté une offre d’emploi de Dunning pour apprendre à animer.

Mon initiation au cinéma s’est faite de cette manière. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le cinéma et j’ai été initié à sa mécanique, à ce qu’il est, image par image.

Michael Snow, dans une balado de la série TIFF Uncut, en 2017

Snow a déménagé à New York dans les années 1960 et a été exposé au monde du cinéma expérimental de Manhattan.

Il devait retourner dans le Nord pour présenter à l’Expo de Montréal de 1967 une série de sculptures de silhouettes inspirées de son personnage Walking Woman, série de projets qu’il a créés tout au long des années 1960.

La même année, il a présenté Wavelength, son moyen métrage de 45 minutes qui se déroule entièrement à l’intérieur d’un loft, la caméra zoomant lentement sur le cadre d’une fenêtre.

Wavelength a remporté le grand prix du festival du film expérimental de Knokke cette année-là, exposant Snow à un nouveau public et l’encourageant à poursuivre ses recherches dans le domaine du cinéma expérimental.

Dans les années qui suivent, Snow ne néglige pas ses autres passions artistiques.

En 1970, il participe à une exposition solo à la Biennale de Venise et, en 1974, il fait partie du Canadian Creative Music Collective, groupe d’improvisation qui a fondé la Music Gallery de Toronto.

Il a également continué à réaliser des courts métrages expérimentaux, tout en exposant certaines de ses autres œuvres dans le monde entier, notamment au Musée des beaux-arts de l’Ontario.

Snow a reçu l’Ordre du Canada en 1981 et a été fait Compagnon en 2007.