Les candidats issus du milieu artistique ont tous perdu leurs élections. La Presse fait le point avec Anne Casabonne1, qui s’est présentée sous la bannière conservatrice, et Pierre-Luc Brillant, qui a fait campagne avec le Parti québécois. Mathieu Gratton, qui représentait les libéraux, a préféré tourner la page et retourner à la scène sans tambour ni trompette.

Le candidat péquiste défait dans Rosemont, Pierre-Luc Brillant, retourne à son métier d’acteur et musicien, mais il a l’intention de continuer à militer avec le Parti québécois dans les prochains mois et envisage fortement de se représenter aux prochaines élections. « Si on me le demande, je pense bien que je vais me représenter, oui. »

« J’ai adoré l’expérience, nous a confié le candidat du PQ, arrivé troisième dans la course — avec 21 % des votes — derrière QS et la CAQ dans la circonscription de Rosemont, à Montréal. Il y a des personnes qui cadrent bien avec le monde politique et j’ai découvert que j’avais beaucoup d’affinités avec ce milieu. Tant dans la rencontre avec les gens que dans la défense des idées politiques, en particulier celle de la souveraineté, qui doit être prise à bras-le-corps. »

Pierre-Luc Brillant est déçu, bien sûr, mais il estime que sa candidature a donné « un nouveau souffle au mouvement souverainiste et au Parti québécois ». « En tout cas, c’est ce qu’on m’a dit, note-t-il, donc je prends le compliment et je vais continuer à militer avec le PQ. Je ne me mettrai pas en boule à sucer mon pouce. »

Il ne sait pas encore ce qu’il veut faire précisément. « J’accomplirai la mission qu’on me donnera. Je ne me mettrai pas un bras dans la porte si on veut la fermer, mais ça pourrait être de parler aux jeunes, parce que le mouvement souverainiste a intérêt à aller à leur rencontre dans les prochaines années, pense-t-il. Les jeunes n’ont pas entendu parler de souveraineté de leur vie à cause de l’ère Charest, de l’ère Couillard et maintenant de la CAQ. Je me suis rendu compte qu’ils ne sont pas difficiles à convaincre. »

L’acteur et musicien a cru en ses chances jusqu’au jour du vote, même si les sondages donnaient l’avance au député sortant de Québec solidaire, Vincent Marissal. Il espère aujourd’hui que son engagement convaincra d’autres artistes de « sortir du garde-robe ».

Beaucoup d’artistes ont peur d’afficher leurs convictions politiques. Pourtant, l’indépendance n’est pas une idée négative, c’est une idée qui doit être débattue sur la place publique et qui a sa raison d’être.

Pierre-Luc Brillant

« Je mets au défi quiconque de m’expliquer en quoi le Québec bénéficie de sa présence au Canada, quand on sait que notre poids démographique est en train de fondre, quand on sait que la langue française est en déclin, quand on ne peut pas parler en notre propre nom aux autres nations sur des sujets aussi cruciaux que l’environnement ou l’immigration… »

Nul doute, Pierre-Luc Brillant a été « transformé » par ce passage en politique. « J’en sors grandi, humainement, psychologiquement, enrichi par mes rencontres, avoue-t-il. Dans nos vies quotidiennes, on ne rencontre pas souvent des gens en dehors de notre classe sociale. Là, j’ai rencontré toutes sortes de gens, des bien nantis, des moins bien nantis, des gens qui ont des problèmes de santé mentale ou qui vivent des injustices. J’avais souvent de la difficulté à dormir la nuit en pensant à eux. À ceux que j’aurais pu aider, parce qu’il y a des solutions possibles. »

Prêt à reprendre le métier

Quel effet aura cet engagement sur sa carrière artistique ? « Difficile à dire pour la suite de ma carrière à la télé ou au cinéma, admet Pierre-Luc Brillant. S’il ne se passe plus rien dans les prochains mois, alors c’est que j’aurai payé pour mon engagement, mais peut-être qu’il se passera plein de choses aussi, on verra. En tout cas, je suis de retour sur le marché du travail ! »

Musicalement, Pierre-Luc Brillant planche sur plusieurs projets de spectacle, seul, avec son groupe les Batteux-Slaques ou avec sa blonde, la comédienne Isabelle Blais, avec qui il forme le duo folk Comme dans un film. Il travaille également sur un album instrumental — de compositions originales à la guitare classique — qui sortira en avril prochain.

Malgré la défaite, il est heureux de revenir à son premier métier. « C’est une passion, donc je ne reviens pas à reculons. Mais je pense qu’on peut avoir plusieurs tiroirs professionnels. »

1. Lisez notre texte sur Anne Casabonne