« Je veux m’introduire humblement dans leur nuit sans leur donner l’impression que je veux être Jacques Fabi. » Le nouvel animateur nocturne du 98,5 FM, Louis-Philippe Guy, est conscient qu’il a de grosses pointures à chausser.

Louis-Philippe Guy nous accueille avec le sourire dans son nouveau studio du centre-ville de Montréal, tout juste après avoir terminé une formation.

À compter du 11 juillet, c’est lui qui s’exprimera au micro nocturne de l’antenne de Cogeco. Jacques Fabi tenait ce poste depuis des décennies. Le natif de Chicoutimi insiste : il ne le remplace pas, il lui succède. Ce qu’il voit comme une « énorme responsabilité ».

Il faut s’incliner devant une carrière comme ça : 45 ans à être la voix de nuit au Québec. Il a marqué la vie de plein de gens. Je n’ai pas la prétention d’arriver puis de les marquer dès le départ, mais au fil du temps, on va se bâtir une relation.

Louis-Philippe Guy

Lors de sa première émission, le nouveau venu compte utiliser une formule inversée. Plutôt que d’arriver lui-même avec une question du jour, ce sont les auditeurs qui pourront lui en poser, afin de le connaître mieux.

« J’ai mon style à moi, mais je ne vais pas l’imposer aux auditeurs dès le jour 1. Quand tu rentres dans une relation avec quelqu’un, tu essaies de connaître l’autre personne aussi. La relation avec les auditeurs, je la vois comme ça. Tous les côtés de ma personnalité vont s’afficher au fil du temps. »

Âgé de 38 ans, Louis-Philippe Guy comprend aussi qu’il aura d’autres références que son prédécesseur. Mais il compte animer d’une manière à ériger un « pont entre les générations ». L’animateur dit avoir hâte de s’adresser « aux travailleurs de nuit, aux insomniaques, aux gens qui attendent à l’hôpital ou, ces temps-ci, pour leur passeport ».

Pour l’été, l’émission portera le nom de Quart de nuit. Mais dès l’automne, les auditeurs du 98,5 seront invités à donner leurs idées pour la renommer.

Retour aux sources

Louis-Philippe Guy a été au service du 91,9 Sports (auparavant Radio 9) pendant 10 ans, avant de perdre son micro. Entre 2018 et juin 2022, il y a animé l’émission du matin en compagnie de Gilbert Delorme, un ancien défenseur du Canadien de Montréal.

« Automatiquement, les gens [que je rencontrais] ne me parlaient que de sport, raconte-t-il. J’aurais aimé ça qu’ils me parlent de séries télé, d’une décision du gouvernement. Qu’on débatte là-dessus. Qu’ils me parlent d’un disque de musique. Ça m’intéresse, le sport, mais je ne suis pas un individu unidimensionnel. »

Et pourtant, l’animateur a traité de l’actualité générale pendant plusieurs années. Il a travaillé dans différentes cases horaires à Chicoutimi, Victoriaville et Longueuil, interviewé des ministres, couvert des élections.

Lorsqu’il a perdu son poste au 91,9 Sports, Louis-Philippe Guy en a donc « profité pour faire quelques appels » à la direction de Cogeco Media, qui lui a offert le poste après avoir compris qu’il était en mesure de s’aventurer au-delà du monde sportif.

« C’était tough. Le moment où je l’ai appris, ç’a été un coup dur, avoue-t-il. […] Je suis beaucoup plus serein depuis que j’ai une job ici, au 98,5. Je pars serein, content de pouvoir revenir à la radio généraliste. »

La nuit, une belle « porte d’entrée »

Ultimement, Louis-Philippe Guy désire animer des émissions à heures de grande écoute « comme Paul Arcand et Patrick Lagacé ».

Je vois la nuit comme étant une super belle porte d’entrée. […] C’est une ascension vers mon rêve.

Louis-Philippe Guy

L’animateur a tout de même été « soulagé » d’apprendre que la case horaire nocturne demeurerait dans la programmation du 98,5 après le départ de Jacques Fabi, compte tenu de l’importance qu’elle revêt pour bon nombre de personnes.

« Je trouve ça tellement important d’accompagner les gens pendant cette période-là. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont de la peine et qui écoutent la radio la nuit. Ça leur fait du bien. Je pense que c’est une radio qui fait du bien. Même si des fois, les sujets peuvent être lourds. »

Pour la suite, Louis-Philippe Guy s’imagine facilement passer « les 40 prochaines années » chez Cogeco.

« C’est vraiment ma passion depuis le secondaire de parler dans un micro avec une console. Ç’a toujours été mon plan pour toute ma vie. Moi, je n’ai pas vraiment de plan de retraite. Je veux continuer à faire de la radio jusqu’à tant que je ne sois physiquement plus capable d’en faire. »