Tel Charles (François Papineau) chevauchant son quatre-roues en pleine séance de braconnage, les auteurs de 5e Rang, Sylvie Lussier et Pierre Poirier, roulent à pleins gaz depuis quelques semaines, ce qui se traduit par des épisodes enlevants et rythmés de leur thriller agro-policier.

En fait, depuis que les volets « aliment bio » et « table régionale » ont été évacués au profit des enquêtes de Fred (Maxim Gaudette) et Lamoureux (Éric Robidoux), ce téléroman a repris du poil de la bête, comme Bob le bélier, qui a injustement été accusé de la mort de Guy Bérubé (Bobby Beshro).

Le pauvre animal n’a rien à voir avec ce crime. Le dernier épisode a révélé qu’Agostina Fournier, dite Tina (Brigitte Poupart), aurait peut-être commandé le meurtre de Guy Bérubé, dont le corps a par la suite été jeté dans le parc à cochons. L’épisode final de mardi, déjà en ligne sur l’Extra de Tou.tv nous montre dans le détail cette nuit fatidique, qui alimente les intrigues de 5e Rang depuis déjà deux ans. Sans rien divulgâcher, le coupable/responsable du décès de Guy vous surprendra comme un smoothie couleur caca d’oie de Gladys (Julie Roussel).

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Gladys Thompson (Julie Roussel) en compagnie du policier Frédéric Longpré (Maxim Gaudette), dans la série 5e Rang

Mais ne sautons pas d’étapes, d’accord ? Les scénaristes ont récompensé notre patience en dévoilant une kyrielle d’informations croustillantes, à commencer par le côté sombre de Pascal Faubert (Antoine Durand), qui a manigancé avec son amie d’enfance Tina – quel beau personnage – pour embobiner Marie-Luce (Maude Guérin). Sous ses airs de courtisan naïf, Faubert cache un escroc, qui n’a toutefois pas résisté au sex-appeal campagnard de Marie-Luce, oh non.

Parlant de Marie-Luce et de ses charmes, elle a eu droit à une magnifique scène d’amour avec Charles, filmée avec pudeur par le réalisateur Christian Laurence. Ces deux personnages fâchés en permanence ont montré leur facette vulnérable. Et cette séquence a injecté de la douceur dans cet univers rural de plus en plus rugueux et hostile.

À ce sujet, les ultimes secondes de l’épisode de mardi ont été bouleversantes, alors que Clothilde (Frédérike Bédard) serrait son fils qui pendait au bout d’une corde. Ouf. Personne n’avait anticipé un dénouement aussi tragique pour Sébastien (Marc-André Brunet), joueur compulsif, chômeur et homme violent.

Vous avez sans doute remarqué que la cuisinière Clothilde occupe beaucoup plus de temps d’antenne qu’au début. C’est voulu. Vous comprendrez en visionnant le prochain épisode, le dernier avant la pause de Noël, que Clothilde détient, bien malgré elle, la clé d’une importante énigme.

Autre dossier réglé : celui de Vince (Francisco Randez), que Tina aurait zigouillé à l’hôpital pour éviter qu’il ne s’ouvre la trappe. L’histoire du fils illégitime de Guy n’a pas trop traîné non plus. C’est Nathalie (Joëlle Paré-Beaulieu), l’air bête de la ferme Goulet et filles, qui l’a porté, puis donné en adoption. Comptons sur la pugnace Francine (Muriel Dutil) pour le présenter au reste de la famille (et à ses deux demi-sœurs).

Le tueur en série de Valmont rôde toujours et les artéfacts récoltés par Léopold (Claude Prégent) ne meublent pas le décor pour rien. Hypothèse : la grand-mère malcommode, Monique (Sophie Clément), qui a des dons de voyance, contribuera à pincer le maniaque. Ne me demandez pas comment, mais la chaussure jaune servira assurément à quelque chose.

Comme vous le voyez, j’aime bien 5e Rang, mais il y a un truc qui m’a dérangé dans l’épisode relayé par Radio-Canada le 17 novembre. Deux personnages ont employé le mot « fif » pour s’insulter. En état d’ébriété avancé, Sébastien a menacé Simon (Simon Pigeon) de lui péter sa petite « yeule de fif » parce qu’il tournait autour de sa femme Guylaine (Catherine Paquin-Béchard).

Puis, quelques minutes plus tard, Charles a demandé à Marie-Luce si elle avait couché avec « l’estie de fif de chef cuisinier ». Seigneur, comment dire.

N’existe-t-il pas d’autres mots que celui-ci pour rabaisser quelqu’un dans le dictionnaire de 5e Rang ? À la limite, si l’injure avait été lancée au couple gai de l’émission, on se serait dit : bon, voilà de l’homophobie stupide, qui n’a plus sa place en 2020. Il y aurait eu un contexte. Mais non. Le mot fif a été utilisé pour dénigrer bêtement un rival amoureux.

C’est maladroit et déplacé. Et ça envoie comme signal qu’à la campagne, vous savez, les gens manquent d’éducation et disent n’importe quoi. On me rapporte que Radio-Canada a tiqué sur le mot « fif », mais a estimé que le contexte justifiait sa présence dans les dialogues.

Soit. Avec le débat qui a entouré le mot qui commence par « n » cet automne, on peut remettre en question le maniement répété de ce mot qui commence par « f » très chargé.