Alors que les bibliothèques québécoises garderont leurs portes fermées au public jusqu’au 29 mai et se concentrent sur le prêt numérique, la Ville de Saguenay s’est démarquée en instaurant un système d’emprunt des documents physiques, adapté en toute sécurité, dans ses quatre établissements locaux.

Il s’agirait de la première ville au Québec d’au moins 100 000 habitants à avoir entrepris un tel aménagement, rendant toujours disponible à l’emprunt l’intégralité du catalogue, comprenant livres en format papier, bandes dessinées, ouvrages jeunesse, CD, DVD, livres audio, etc. 

« On se doutait qu’avec autant de gens confinés à la maison, la lecture, la musique et le cinéma feraient partie des loisirs auxquels tout le monde s’adonnerait. Les services des bibliothèques se sont demandé comment faire pour continuer à donner des services aux citoyens tout en protégeant les employés et le public », indique Dominic Arseneau, agent de communication pour la Ville de Saguenay.

Le système : on réserve un document en ligne ou par téléphone, les employés préparent les commandes, puis les emprunteurs se présentent dans les stationnements des bibliothèques, s’identifient à travers la fenêtre de la voiture et ouvrent leur coffre à distance, où les documents réservés sont directement déposés. « De cette façon-là, il n’y a aucun contact entre les employés et les citoyens », souligne M. Arseneau.

PHOTO ROCKET LAVOIE, LE QUOTIDIEN

Pendant que les emprunteurs restent dans leur auto, les employés, gantés, de la bibliothèque déposent les livres désinfectés et disposés dans un sac de papier dans le coffre.

Pour les aînés de 70 ans et plus et les personnes forcées d’observer une quarantaine, un service de livraison à domicile avec rendez-vous a également été instauré.

Quant aux retours, les livres et les documents sont glissés dans une chute accessible depuis l’extérieur des bibliothèques, où ils sont récupérés, désinfectés, puis mis de côté pendant un minimum de trois jours.

Un grand succès

« Ça fonctionne très bien, constate Dominic Arseneau. Normalement, on compte à peu près 150 réservations par jour pour les quatre bibliothèques de la ville. Là, on est à 300. De toute évidence, c’est un besoin pour les gens. »

À tel point que le système a fait des émules un peu partout au Québec, puisqu’une demi-douzaine de municipalités, à savoir Rimouski, Sainte-Julie, Thetford Mines, Windsor, Asbestos et Plessisville, l’ont implanté ou ont signifié leur intérêt pour le faire. Vendredi, le gouvernement a cependant annoncé que toutes les bibliothèques du Québec pourront rouvrir graduellement à partir du 29 mai.

En attendant, Hélène Gagnon, retraitée de Jonquière et grande consommatrice des services bibliothécaires, se dit très satisfaite du service, dont elle a pu profiter. « On réserve nos livres via l’internet, la bibliothèque communique avec nous, donne un rendez-vous avec une heure précise et une marge de 15 minutes », explique celle qui dit préférer lire en version papier, même si elle s’adonne aussi au numérique à l’occasion. « Mais mon premier choix reste le papier. Avec les taches, les annotations, les corrections anonymes, l’usure, les vieux livres ont une histoire en plus de celle qui est racontée », souligne-t-elle. Parmi toutes ces traces passées, l’essentiel, c’est qu’il n’en reste aucune du coronavirus…