Le refus des conservateurs d'octroyer des subventions à des événements comme les FrancoFolies ou le festival Divers/Cité n'est basé que sur des critères politiques et idéologiques, dénoncent les partis d'opposition à Ottawa. Selon eux, ces décisions causent également du tort à l'image de Montréal, qui veut s'imposer comme ville de festivals.

En consultant la liste mise en ligne sur le site internet d'Industrie Canada à la fin de la semaine dernière, plusieurs organisateurs ont appris qu'ils ne bénéficieraient pas de l'aide financière versée dans le cadre du Programme de manifestations touristiques de renom (PMTR). Les FrancoFolies et le festival Divers/Cité font partie des événements qui devront se passer cette année de cette enveloppe.«On le sait, les conservateurs ont abandonné Montréal, affirme le critique libéral en matière de Patrimoine, Pablo Rodriguez. Je me demande si les événements de Montréal ne sont pas des otages de cette stratégie politique des conservateurs. C'est eux qui ont le fardeau de la preuve. Les mêmes projets, pourquoi sont-ils acceptés une année et l'autre pas? demande-t-il. Est-ce que les sondages (sur les intentions de vote) ont changé en cours de route? On peut présumer qu'il y a de la stratégie politique en arrière. Lorsque tu t'attaques aux FrancoFolies, tu t'attaques aussi à l'image de Montréal», soutient-il.

En ce qui concerne le festival gai et lesbien Divers/Cité, qui essuie son deuxième refus en deux ans, M. Rodriguez qualifie cette décision de «purement idéologique». Rappelons que la Gay Pride de Toronto, qui avait reçu - dans la controverse - une subvention de 400 000 $ l'an dernier, ne figure pas cette année sur la liste des événements subventionnés.

La députée bloquiste Carole Lavallée, responsable du dossier du Patrimoine, partage le même point de vue. Elle note par ailleurs que les événements québécois ont reçu, en 2010, quatre millions de moins que l'an dernier et que «l'argent des grandes villes a été redistribué en région... là où le terrain leur est plus fertile». «C'est très clair que ce sont des choix idéologiques, lance-t-elle d'emblée. Chaque fois qu'ils (les conservateurs) nous donnent des arguments, ça ne tient pas, ce n'est pas logique.»

Dénonçant le «manque de transparence», Mme Lavallée a fait parvenir hier au comité du Patrimoine une motion demandant aux représentants du ministère de l'Industrie, responsable du PMTR, de venir expliquer les critères de sélection qui ont servi à désigner les événements pouvant bénéficier d'une aide financière.

Libéraux et bloquistes accusent littéralement le gouvernement Harper de faire preuve d'improvisation et d'inventer, après coup, des critères de sélection qui n'étaient inscrits nulle part.

«Ils sont pris avec des règles écrites qui sont suivies par les organismes, mentionne Pablo Rodriguez. Et ils se rendent compte tout d'un coup qu'ils ont peut-être trop de demandes pour le financement.»

Équitable

Pour sa part, Lynn Meahan, l'attachée de presse du ministre de l'Industrie, Tony Clement, estime que les décisions prises sont équitables. «Dans le choix de tous les projets qui ont fait l'objet de l'annonce le 7 mai, on a tenu compte d'une répartition équilibrée entre les régions, a-t-elle expliqué dans un courriel. Les projets devaient aussi faire la preuve qu'ils respectaient les critères du Programme.»

En tout, 47 événements ont été financés cette année. Quelque 131 organisateurs à travers le pays avaient soumis une demande.