Cru,

Cru,

1459, West Broadway,

Vancouver, C.-B.,

(604) 677-4111

www.cru.ca

Cote Jury 16,5/20

Autre étape dans cette expédition à Vancouver, un restaurant au joli nom français, et original en plus : Cru. Ou comme les gens d'ici disent... "Crou". Ce n'est pas parce Cru se veut haut de gamme que tout le monde a nécessairement appris à prononcer le "u" français !

Cru a été choisi sur recommandation d'un gastronome de l'endroit, et parce que le magazine EnRoute, dans son classement des meilleurs nouveaux restos au pays, l'a classé troisième en 2004. Cru a donc su tailler sa place et y demeurer, faut-il conclure. À ne pas confondre avec Nu, un autre resto de Vancouver à la mode.

On peinera cependant à trouver, parmi toutes ces saveurs, le vrai sens de la cuisine vancouvéroise. Il y a plusieurs produits de la mer (thon, pétoncles, saumon d'eau vive, flétan), et beaucoup de plats ou produits d'un peu partout : un carpaccio italien, le risotto bien sûr, des pâtes aussi, du feta avec des épices marocaines, un fromage basque, un Oka et un Comté... On finit par se demander où ça va, tout ça. C'est vrai pour Cru, ce l'est aussi pour plusieurs restaurants au pays, à Vancouver comme à Ottawa. Est-ce ça, la cuisine canadienne, finalement ?

L'extérieur froid ne laisse pas deviner une salle à manger accueillante, aux couleurs chaleureuses, et toute en longueur.

Le menu est double : d'un côté, une sélection baptisée "Prix fixe", l'équivalent de nos tables d'hôte, proposée à 42 $ pour trois services.

Au verso, un menu "Small plates", un concept à la mode qui tire son origine des menus tapas d'Espagne, mais qui équivaut en fait à des assiettes à portion réduite. Les entrées du menu "Prix fixe" s'y retrouvent, ainsi qu'une dizaine de plats allégés, délestés un peu... et moins chères. Entre 11 et 17 $, cela va du soufflé jusqu'à la côte d'agneau.

Autour de nous, ce menu "Small plates" est certainement populaire. Ce qui amène la question : comment tirer son profit dans un restaurant chic où la moitié des clients se contentent d'un plat à moins de 20 $ et d'un verre de vin à 10 $ ? La formule ne semble pas favoriser la rentabilité. Bof, faut-il se dire comme client, c'est là un souci de propriétaire. Puisque Cru a pignon sur rue depuis quatre ans, il faut croire que la formule a du bon !

(Ce serait cette tangente que le chef Derek Benitz aurait empruntée pour son nouvel établissement b/SIDE Wine & Food, qui vient tout juste d'ouvrir au 323, rue Somerset ouest, à Ottawa.)

De l'audace

La salade César (11 $), un plat qui ne surprend plus, a été qualifiée ici d'"artistique" par un magazine local.

De fait, il y a une recherche évidente : un coeur de romaine au complet est garni de fromage asiago, plutôt que de parmesan. Les croûtons sont bien carrés et alignés comme de petits soldats à côté de la verdure. Côté goût, il n'y a pas l'amalgame de la traditionnelle César. Mais les ingrédients sont de belle qualité et le tout a au moins l'ambition de tenter de défricher de nouveaux champs. Ça démarre bien.

Cette audace dans la présentation ne se confirme pas ailleurs. Une cuisse de canard confit (16 $), garnie d'une vinaigrette au bacon - comme si le canard n'était pas assez gras ! -, arrive sur un lit de spätzles alsaciens.

Le tout est impeccable, la peau du canard croquante, la chair fondante. Idem pour le risotto aux asperges et petits pois de saison (25 $) dont les grains de riz cèdent doucement sous la dent. C'est bon mais la surprise n'est plus au rendez-vous.

Au temps des desserts, Cru laisse froid. On se laissera finalement tenter par la dacquoise à la framboise, une sucrerie du sud-ouest de la France qui alterne galette croustillante et crème, ici proposée au citron et décorée de fruits frais.

Pour deux personnes, prévoyez entre 60 et 70 $, plus consommation, taxes et service.

RÉSULTATSCuisine : 8,5/10

Service : 5/6

DĂ©cor : 3/4