360

** 1/2

Drame de Fernando Meirelles. Avec Anthony Hopkins, Rachel Weisz, Jude Law. 1h35.

«Une histoire d'amour chorale où les destins de personnages d'horizons différents s'entrecroisent.» Voilà pour le synopsis officiel, qui donne tout à fait le ton de ce 360. Nous avons affaire à l'un de ces films-mosaïques, façon Les uns et les autres, qui tendent à rejoindre l'universel par le particulier, avec une galerie de protagonistes qui n'ont rien en commun sinon que d'être liés par quelque hasard mystérieux et cosmique. Et avec une accumulation d'intrigues et de sous-intrigues qui devront se rejoindre à la fin pour former un tout à peu près cohérent.

Avec sa distribution cannoise, 360 avait tout pour faire les festivals: Anthony Hopkins, Rachel Weisz et Jude Law; Jamel Debbouze pour la «French touch»; et une fournée d'acteurs et d'actrices russes pour «faire international».

Le film 360 s'amorce avec les déboires de deux jeunes femmes russes éprises de célébrité et de liberté, qui se retrouvent vite coincées à Vienne par un photographe véreux. On suivra par la suite un mari apparemment sans reproche, mais qui profite d'un court séjour «en congrès» pour chercher désespérément les services d'une escorte. On sera ensuite témoin des errances mystiques d'un professionnel français d'obédience musulmane mystérieusement rappelé par la foi, puis suivront les vagabondages d'une jeune femme nouvellement célibataire qui fera d'étranges rencontres à l'aéroport. D'autres destins s'ajouteront à cette brochette d'existences, et ce n'est bien sûr qu'à la toute fin qu'on comprendra que tout cela est un gros noeud.

L'idée du «film en forme de boucle» n'est pas mauvaise: 360 s'inspire du théâtre de l'Allemand Arthur Schnitzler (La ronde, précisément). Le cinéaste émérite Fernando Meirelles (célébré pour son City of God, mais aussi responsable du faux film d'horreur chic et assommant Blindness) emballe le tout avec raffinement et s'amuse à faire du style sans pousser la note (excellent usage de l'écran divisé). Et les acteurs font leur boulot comme des pros.

Mais soyons francs: 360 est plutôt ronflant et prétentieux. Par moments, on se croirait perdu chez un Claude Lelouch sous antidépresseurs. On ne sait trop par quel stratagème ce film est présenté par certains sites internet comme un thriller, puisqu'il s'agit bel et bien d'une étude de moeurs - encore que le mot «étude» soit un renflement de vocabulaire. Appelons cela un sandwich aux «tranches de vie». L'apparition sporadique de cet avion traversant le ciel, qui relie les scènes, rappelle que 360 ferait effectivement un excellent «film d'attente» pendant un vol Montréal-La Croisette en classe affaires.