Québec abrite depuis une quinzaine d'années le leader mondial de la numérisation en 3D à base de lumière blanche. Inspeck, une entreprise reconnue autant en Asie qu'en Europe, aux États-Unis ou en Australie, est peu connue dans la région.

"Nous sommes un secret bien gardé, confirme Sonya Delisle, directrice de la recherche et du développement chez Inspeck. Évidemment, le marché local est plutôt restreint pour nos appareils."

Deux cabines, l'une à Laurier et l'autre aux Galeries de la Capitale, fournissent néanmoins un petit aperçu du travail qui se fait chez Inspeck. Pour quelques dollars, une personne fait numériser son visage et celui-ci est ensuite gravé au laser dans un cube de cristal.

Plus précisément, la technologie développée chez Inspeck est la numérisation 3D à base de lumière blanche. Pourquoi la lumière blanche plutôt que le laser? "Parce que c'est l'être humain qui nous intéresse, explique Mme Delisle. La lumière blanche ne provoque aucun effet indésirable sur le sujet, contrairement au laser. Nous avons choisi ce créneau, car très peu osaient s'y lancer en raison des difficultés que présente la numérisation du corps."

Première difficulté : l'être humain bouge beaucoup. Il faut donc une technologie dotée d'une très grande vitesse d'acquisition d'image. Deuxièmement, l'être humain est doté, généralement, de cheveux. "Les autres technologies utilisent la réflexion de la lumière pour numériser, tandis que nous utilisons le contraste, indique Mme Delisle. Les cheveux réfléchissent peu et mal la lumière, surtout s'ils sont foncés. Le contraste donne de meilleurs résultats. D'ailleurs, le test ultime pour nos nouveaux appareils est de numériser les cheveux de notre président, Le Song. Il est d'origine asiatique et a les cheveux très noirs!"

Il ne faut donc pas s'étonner que parmi les premières industries à s'être intéressées à Inspeck figurent le jeu vidéo et le cinéma d'animation. Sony et Electronic Arts utilisent les appareils d'Inspeck pour numériser athlètes et artistes. Par exemple, raconte Mme Delisle, l'Association des joueurs de ligues majeures de baseball a fait appel à Inspeck en 2001 pour numériser les visages de chacun de ses membres. "En une semaine, pendant les camps d'entraînement en 2001, nous avons fait les 1200 joueurs de chacune des 30 équipes." Chaque jeu vidéo de baseball édité par la suite a dû utiliser la banque numérique de l'Association pour reproduire les visages des joueurs.

La médecine est un autre domaine qui bénéficie du travail d'Inspeck, que ce soit pour le suivi d'une scoliose - l'imagerie 3D réduit le recours aux rayons X nocifs - ou encore pour les chirurgies plastiques.

Entreprise québécoise

Les fondateurs d'Inspeck, Le Song et Guylain Lemelin, sont tous deux diplômés de l'Université Laval. Ils ont perfectionné la technologie du moiré faceshift pour l'appliquer à l'être humain. Quinze ans plus tard, Inspeck compte un réseau de revendeurs dans une vingtaine de pays, a un chiffre d'affaires de 2 millions $ et emploie 15 personnes, dont quatre docteurs en physique et trois ingénieurs.

L'avenir s'annonce prometteur pour l'entreprise. Forte de sa présence sur le continent asiatique, elle souffre peu de la crise économique et profite du calme relatif des autres marchés pour faire davantage de recherche et développement.

"Dans quelques années, grâce à la technologie 3D, les amateurs de jeux vidéo pourront même numériser leur propre visage et créer un avatar véritablement à leur image, glisse Sonya Delisle. Les applications sont presque illimitées."

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