En résumant très grossièrement, on pourrait présenter la plateforme Quartier.Québec lancée cette semaine comme une maison des jeunes en version 2023. Destinée aux 14-25 ans, elle offre autant des spectacles web en direct que des réunions en personne, des jeux vidéo commentés que des ateliers de yoga ou de cuisine. Tout cela sous l’œil bienveillant de « gardiens virtuels » formés pour venir en aide aux jeunes en difficulté.

L’idéateur de ce projet, Louis-Félix Cauchon, figure bien connue du jeu vidéo québécois et président du studio indépendant Borealys, en convient : pas facile de résumer le concept de cette « plateforme virtuelle interactive » qu’est Quartier.Québec. « C’est normal que ce soit éparpillé, il y a une place pour tout le monde dans le Quartier. »

D’abord, cette plateforme accessible sur navigateur web, sur ordinateur ou en format adapté aux appareils mobiles n’est pas si virtuelle que cela, puisqu’elle proposera aussi des rencontres en chair et en os aux jeunes participants. Ensuite, on ratisse large, de 14 à 25 ans, de l’école secondaire à l’université.

L’idée est née d’un appel du bureau du premier ministre François Legault, raconte M. Cauchon, qui souhaitait venir en aide aux jeunes joueurs de jeux vidéo pendant la pandémie.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Louis-Félix Cauchon, idéateur du projet Quartier.Québec

Je trouvais que c’était de la ségrégation ; c’est là que l’idée d’un quartier est née, avec sa rue Principale, une petite pensée pour Dédé Fortin. J’ai commencé à créer des bâtiments pour toutes sortes d’activités. Je voulais que ce soit condensé, qu’on ramène ça à un côté paroissial.

Louis-Félix Cauchon, idéateur du projet Quartier.Québec

Très graphique et colorée sans être enfantine, la page d’accueil de Quartier.Québec montre une série de lieux ayant chacun son sous-menu. Dans l’Agora, on a un calendrier de conférences, avec des influenceurs et des experts en sport électronique au menu. Sur la Scène, des artistes rencontrent les spectateurs et y vont d’une prestation. Chaînes Twitch et Discord sont mises à contribution pour donner des rendez-vous sur tous les thèmes. Un bottin a été conçu pour offrir autant des consultations médicales sans rendez-vous que de la vulgarisation sur la cybersécurité ou des lignes d’écoute pour les personnes LGBTQ+.

Et ce n’est qu’un début, prévient M. Cauchon. « Le Quartier est un endroit où on peut retrouver la majorité des centres d’intérêt pour cette population dont on entend peu parler. Il est amené à évoluer. On ne voulait pas que ce soit seulement virtuel, seulement pour consommer des contenus, mais on veut les faire participer, les faire communiquer entre eux, avoir des activités en présentiel. »

Tout rassembler

Sans appuyer trop fort sur le crayon, il précise que des « sentinelles », des participants appelés « gardiens virtuels » qui ont suivi une courte formation, seront là pour détecter les signes de détresse psychologique. Il rappelle que, selon Statistique Canada, le pourcentage des 15-24 ans rapportant avoir une excellente ou une bonne santé mentale est passé de 60 à 40 % avec la pandémie.

« Je ne veux pas nécessairement que les jeunes viennent dans le Quartier parce qu’ils ont un problème, je veux qu’ils viennent même si ça va bien. Si tu es un jeune artiste, tu veux te mettre en scène. Si tu trippes sur le journalisme, tu vas être capable d’avoir ton mot à dire. On est capables de tout rassembler, pour exprimer tes passions ou t’amuser avec d’autres personnes. Le Québec, c’est grand. »

La comparaison avec une maison des jeunes 2.0 le fait sourire. « La première fois que j’ai été président, c’était à la maison des jeunes à Roberval ! Ça m’a beaucoup aidé. »

L’autre rêve de M. Cauchon, c’est que des plus vieux viennent aussi jeter un coup d’œil à ce qui fait vibrer les jeunes. « Que Ginette Rouleau, 46 ans, de la Beauce, vienne dans le Quartier. J’aimerais que ce soit un point où le reste de la population puisse voir les jeunes, voir comment ils sont. »

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