L’entreprise de Québec Coveo vient de développer une solution pour tenter de répondre aux « hallucinations » des robots conversationnels comme ChatGPT pour des utilisations en grande entreprise.

Quatre mois après le lancement de ChatGPT, Coveo est prête à présenter sa nouvelle fonctionnalité de « génération de réponses pertinentes » bien qu’elle ne sera disponible que cet été.

Spécialisée dans l’intelligence artificielle appliquée au commerce électronique, Coveo offre des solutions visant à améliorer l’expérience numérique proposée par les entreprises. La nouvelle fonctionnalité vient ajouter une dimension à son moteur de recherche pour permettre bientôt d’offrir des réponses complètes à des questions complexes.

Les hallucinations forment le problème principal posé par les robots conversationnels. « L’hallucination, c’est dire des menteries avec confiance. Et ChatGPT est le meilleur pour ça », lance Laurent Simoneau, président et chef de la technologie de Coveo, en entrevue téléphonique.

« Parce qu’on va intégrer les données d’entreprises au processus, on sera en mesure de réduire à zéro ces hallucinations », ajoute-t-il.

PHOTO FOURNIE PAR COVEO

Laurent Simoneau, président, cofondateur et chef de la technologie de Coveo.

Les robots conversationnels ont plusieurs défauts pour une utilisation en entreprise. On n’a qu’à penser à la désinformation, à l’absence de personnalisation, au manque de confidentialité et de sécurité, etc.

« Si vous cherchez à résoudre le problème mécanique d’un avion, vous ne voulez pas obtenir une réponse approximative devant être vérifiée », dit Laurent Simoneau.

À une question comme « quel est le meilleur équipement pour aller à la pêche aux requins en Islande l’été prochain ? », Laurent Simoneau souligne qu’une portion des utilisateurs voudront une longue réponse qui leur décrira quoi faire, quoi acheter et quoi considérer, au lieu d’obtenir une simple liste de résultats.

Un robot conversationnel comme ChatGPT est « entrainé » pour offrir une réponse avec un niveau langage épatant. « Il y a cependant un problème d’hallucinations. Étant donné qu’il est entrainé sur l’internet au complet, il n’y a pas vraiment de façon de savoir si ce qu’il rapporte est vrai », dit Laurent Simoneau.

« Nous allons entrainer les robots conversationnels (ChatGPT est le plus connu d’entre eux) en les nourrissant avec les données précises de nos clients qui seront les résultats de recherche les plus pertinents afin de générer une réponse. Cela réduira les hallucinations et permettra de tirer profit des données des clients (catalogues, service à la clientèle, etc.) dans un environnement sécurisé et confidentiel car tout cela se fera à l’intérieur de notre infrastructure sans partage de données d’un client à un autre », précise l’entrepreneur techno.

Coveo espère que ce complément à la recherche traditionnelle l’aidera à attirer de nouveaux clients qui ne parviennent pas aujourd’hui à mettre en place avec les offres actuelles une telle fonctionnalité de façon sécurisée et confidentielle.

L’entreprise prévoit que la demande de réponses aux questions par intelligence artificielle générative deviendra omniprésente dans toutes les expériences numériques, y compris dans le commerce et le service à la clientèle.

Des observateurs avaient soulevé dans les dernières semaines que Coveo devait continuer d’innover si l’entreprise souhaite demeurer à l’avant-garde dans son secteur.

Pour un, l’analyste David Kwan, de la TD, a souligné dans un rapport de recherche publié cet hiver que ChatGPT ne représente pas un risque matériel imminent pour Coveo, mais puisque la technologie évolue, le risque concurrentiel augmentera.

Ayant fait le saut en Bourse il y a deux ans, Coveo compte 800 employés. L’inscription en Bourse avait permis à Coveo de récolter un quart de milliard pour renforcer sa situation financière et l’aider à poursuivre sa stratégie de croissance.

Après avoir été initialement fixé à 15 $ pour ses débuts en Bourse à l’automne 2021, le titre de Coveo s’est fait bousculer avec l’ensemble du secteur technologique. Depuis son creux de 4 $ atteint à l’automne, l’action a rebondi et vaut aujourd’hui près de 8 $ à la Bourse de Toronto.

Comptant notamment des entreprises comme Bell, FedEx et l’épicier Metro parmi ses quelque 700 clients, Coveo a été fondée il y a 18 ans par Laurent Simoneau, Marc Sanfaçon, aujourd’hui vice-président principal à la technologie, et Richard Tessier, vice-président principal aux produits.