Pour son premier studio à l’extérieur du Texas, Gearbox avait choisi en 2015 la ville de Québec. L’expérience a manifestement plu au développeur du jeu Borderlands, puisqu’on annoncera ce jeudi l’ouverture à Montréal d’un deuxième studio québécois, un investissement de 200 millions.

Le nouveau studio aura la même direction bicéphale que son prédécesseur de Québec, avec Sébastien Caisse comme directeur des opérations et Pierre-André Déry comme directeur du développement. Alors que l’antenne de Québec compte 200 employés, on prévoit à terme l’embauche de 250 personnes à Montréal, ce qui portera le nombre total d’employés de Gearbox à 850.

« On travaille évidemment sur des titres ambitieux de la même nature que les gens ont connus avec Gearbox dans le passé, des jeux plus grands que nature, premium, des AAA », affirme en entrevue M. Déry. Fidèle à la tradition du secret dans l’industrie du jeu vidéo, il refuse d’en dire plus sur les jeux en préparation, se contentant d’assurer qu’« il va y avoir de nouveaux titres originaux », pas seulement des ajouts à des jeux existants appelés DLC.

60 millions d’exemplaires

Il rappelle que c’est le bureau de Québec qui avait été le maître d’œuvre de trois des quatre DLC qui ont suivi le lancement du dernier gros jeu de Gearbox, Borderlands 3, sorti en 2019. Ce jeu, dont le premier opus a été lancé en 2009, est de type action-RPG à la première personne, avec de nombreuses missions secondaires se déroulant sur des planètes exploitées par des corporations militarisées. Les différentes éditions de Borderlands se sont vendues à plus de 60 millions d’unités depuis 2009.

Contrairement au mode d’organisation de certains grands studios internationaux, Gearbox ne veut pas spécialiser chacune de ses antennes dans des rôles particuliers, souligne Sébastien Caisse. « Montréal va fonctionner comme une seule unité, le studio va être détenteur de ses propres équipes complètes. »


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Sébastien Caisse, directeur des opérations chez Gearbox

L’investissement de 200 millions, précise-t-il, « confirme la nature AAA de l’aventure. C’est l’ambition de l’équipe de faire ce genre de jeux, ils veulent travailler sur les meilleures productions qui nous permettent de nous réaliser comme humains et comme artisans. C’est ça qu’on aime faire. »

Pourquoi Gearbox a-t-il choisi Québec puis Montréal pour s’étendre ? Les deux hommes expliquent avoir eux-mêmes « tendu la perche » au studio texan pour le convaincre de s’installer au Québec, deux fois plutôt qu’une. « Ça nous donne accès à un bassin de talents encore plus vaste, explique M. Déry. L’industrie à Québec est bien développée, mais à Montréal, le talent est vaste […], c’est un hub reconnu mondialement. C’est un no brainer pour Gearbox. »

Carte blanche

Comme pour la quasi-totalité des artisans du jeu vidéo, tout se passe depuis mars 2020 en télétravail. Les locaux pour le studio montréalais ne sont donc pas prêts, bien que les embauches aient déjà commencé.

Fondé en 1999 par Randy Pitchford, qui en est toujours le PDG, Gearbox Software a son siège social à Frisco, en banlieue de Dallas. Le studio estime avoir vendu plus de 100 millions d’unités de ses jeux au cours des années, surtout avec Borderlands, mais également avec un autre jeu remarqué à l’époque, Brothers in Arms, dont le dernier opus officiel date de 2008. Il a également édité une demi-douzaine de jeux, dont We Happy Few, développé par le studio indépendant montréalais Compulsion Games, acquis par la suite par Microsoft en 2018.

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Pierre-André Déry, directeur du développement chez Gearbox

En février 2021, Gearbox a été acquis pour une somme estimée à 1,3 milliard US par le groupe suédois Embracer, qui possède notamment l’éditeur de jeux vidéo THQ Nordic. Cette acquisition n’a pratiquement rien changé au mode de fonctionnement du studio de Québec, qui disposait déjà d’une grande autonomie, assure Pierre-André Déry. « La gestion de projet, les ressources humaines, les opportunités d’affaires relèvent entièrement de Gearbox. Mais on a une grande liberté créative, on bâtit le studio, les productions et les équipes comme on le souhaite. En gros, on a carte blanche. »