L’entreprise Métro Média, qui comprend le journal Métro et 16 hebdomadaires locaux, sera mise en faillite la semaine prochaine.

La direction de Métro Média en a fait l’annonce par courriel dimanche matin aux employés. « La mise à pied temporaire sera donc maintenant une mise à pied définitive », peut-on lire dans le message. Quelque 70 employés, dont une trentaine de journalistes, ont perdu leur emploi.

« C’est un moment assez triste, mais je fais face à la réalité. Je pense qu’en ce moment, c’est le temps d’appeler à la solidarité des gouvernements et d’étudier sérieusement le manque de médias locaux », a déclaré en entrevue avec La Presse le président-directeur général, Andrew Mulé.

L’entreprise avait annoncé le 12 août la suspension immédiate de ses activités. Dans une note interne envoyée aux employés, M. Mulé avait critiqué l’absence de soutien gouvernemental et la décision de la mairesse Valérie Plante de compliquer la distribution du Publisac, ce qui a obligé l’entreprise à effectuer un virage numérique.

Voyant arriver la fin du Publisac dans l’île, l’entreprise avait amorcé un virage numérique. Or, cette transition était impossible « sans aide financière externe », avait expliqué M. Mulé. La mairesse Valérie Plante a toutefois rejeté la responsabilité de la mort des journaux locaux Métro. Elle soutient que le problème vient du mode de financement plutôt que de la distribution.

Un dividende controversé

En août, le Parti libéral du Québec a réclamé une aide d’urgence du gouvernement pour sauver le groupe de presse, comme il l’avait fait en 2019 pour éviter la faillite des journaux de Groupe Capitales Médias. Le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal, Aref Salem, a de son côté appelé la mairesse Plante à convoquer une réunion d’urgence entre les mairies d’arrondissement et le gouvernement du Québec pour la sauvegarde de l’information locale.

Le 18 août, Le Journal de Montréal a toutefois révélé que le propriétaire de Métro Média s’était versé un dividende de 2,57 millions de dollars en août 2021, quelques mois avant le début de ses difficultés financières. Une situation qu’avait dénoncée la mairesse de Montréal, jugeant que le propriétaire s’était versé un dividende à même « l’argent des contribuables ».

Andrew Mulé estime que cette nouvelle a nui à la recherche de financement. « C’était cheap. Ça a changé le narratif, et le gouvernement a changé d’action. Pourtant, les personnes qui ont utilisé ça comme une excuse avaient déjà accès à l’information depuis au moins six mois. Pour moi, ça montre encore le fait qu’il manque de solidarité », déplore-t-il.