Les propriétaires de logements en copropriété divise font face à une forte augmentation de leurs charges mensuelles depuis 2020. Pour le quart d’entre eux, les « frais de condo » dépassent 400 $ par mois.

Dans un récent sondage Léger sur les intentions d’achat des ménages québécois, on a interrogé les propriétaires concernés sur cet aspect singulier du mode de vie en copropriété.

En moyenne, les 161 répondants qui ont dit être propriétaires d’un condo depuis au moins cinq ans ont déclaré des charges de copropriété de 281 $ par mois en 2023, ce qui représente une augmentation de 46 $, ou 19 %, en deux ans.

Pire, le quart des propriétaires paient maintenant 400 $ ou plus par mois en « frais de condo ». En 2020, c’était la réalité de seulement 8 % d’entre eux.

De fait, la popularité du condo comme produit d’habitation semble s’effriter, d’après le sondage. Parmi les personnes interrogées qui envisagent d’acquérir une propriété d’ici cinq ans, le condo a reculé de 2 points de pourcentage, étant le premier choix de 14 % des répondants en 2023, comparativement à 16 % en 2020 ; un écart appréciable, a dit Christian Bourque, vice-président directeur chez Léger.

Il y a un changement. Mon impression, c’est qu’avec les nouvelles dispositions de la loi sur les fonds de prévoyance, il y a un phénomène de rattrapage dans les copropriétés où les fonds étaient insuffisants.

Christian Bourque, vice-président directeur chez Léger

De fait, la « loi 16 », adoptée en 2019, rend obligatoire l’étude du fonds de prévoyance, mais après 2027 ou plus tard, or on peut penser que des syndicats de copropriété ont trouvé intérêt à y voir sans tarder.

Désaffection pour le condo

« Avec les taux d’intérêt qu’on a eus, j’ai été très étonné de voir que la copropriété ne se porte pas mieux sur le marché de la revente qu’elle se porte en ce moment », a confié Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), dans un entretien en marge de l’évènement annuel Fenêtre sur le marché immobilier, qui s’est tenu jeudi.

C’est vraiment l’unifamiliale qui attire l’intérêt des gens, des jeunes surtout.

Charles Brant, directeur de l’analyse de marché à l’APCIQ

Pour comprendre la désaffection du public pour le condo, M. Brant énumère les charges de copropriété qui augmentent de façon importante, les difficultés à s’assurer, les cotisations spéciales vertigineuses et les cas de qualité de construction défaillante. « Les gens ont peur d’acheter un condo », dit-il.

Sur le marché du neuf, cela fait 10 ans que la part de marché du condo décroît, confirme Francis Cortellino, économiste principal à la Société canadienne d’hypothèques et de logement, qui participait à l’évènement. Le condo est pourtant un produit plus abordable que la maison, idéal pour les premiers acheteurs. En cette ère de lutte contre les changements climatiques, la copropriété est un choix écologique sensé en raison de sa densité qui limite l’étalement urbain, par rapport à un lotissement de maisons unifamiliales.