La Société immobilière du Canada a décidé d’être plus proactive pour répondre à la crise du logement et a entrepris d’accélérer la mise en œuvre de certains projets immobiliers sur ses propriétés dans la grande région de Montréal. Son PDG, Stéphan Déry, souhaite notamment entreprendre rapidement le démarrage d’une première phase d’un développement immobilier sur l’ancien site de l’ONF, dans Saint-Laurent, et à la Pointe-de-Longueuil.

La Société immobilière du Canada (SIC) est propriétaire de plus de 430 hectares de terrains à développer sur l’ensemble du territoire canadien et dispose de quatre sites stratégiques dans le Grand Montréal.

La SIC était une société en dormance jusqu’en 1995, quand le gouvernement fédéral a entrepris de racheter les terrains qui appartenaient au CN lorsque le transporteur ferroviaire a été privatisé.

« On valorise les actifs immobiliers du gouvernement canadien qui ne sont plus utilisés, que ce soit une ancienne base militaire, des terrains contaminés ou des immeubles qui ne servent plus. Notre mandat est d’apporter une plus-value en revitalisant ces actifs », résume Stéphan Déry.

Fonctionnaire fédéral durant 30 ans, Stéphan Déry était sous-ministre adjoint, responsable des services immobiliers au ministère des Services publics et Approvisionnement Canada, lorsqu’il a été nommé PDG de la SIC en avril dernier.

Le gouvernement fédéral et ses différents ministères ont un immense parc immobilier de plus de 75 millions de pieds carrés et le rôle de la SIC est de racheter à leur valeur marchande des actifs qui ne sont plus utiles pour leur redonner une nouvelle vie.

Stéphan Déry, PDG de la Société immobilière du Canada

L’avènement du télétravail et sa généralisation dans la fonction publique fédérale amènent le gouvernement à réévaluer ses besoins réels d’espaces de bureaux et le PDG de la SIC estime que la crise du logement oblige tous les ordres de gouvernement à mettre la main à la pâte pour trouver des solutions.

« Qu’est-ce qu’on va faire avec les édifices fédéraux excédentaires ? La SIC va être là, on veut être proactif et faire partir de l’équation pour solutionner la crise du logement », propose Stéphan Déry.

Des projets à Montréal

Dans le Grand Montréal, la SIC est propriétaire de 900 000 pieds carrés (pi2) au bassin Wellington (bassin Peel pour certains), de 530 000 pi2 à l’ancien site de l’Office national du film (ONF), de 1,7 million pi2 à la Pointe-de-Longueuil (près du métro, à proximité du futur centre-ville de Longueuil) et de près de 800 000 pi2 à la Pointe-du-Moulin, dans le Vieux-Port de Montréal, là où se trouve le silo à grain no 5.

Les sites du bassin Wellington et de la Pointe-du-Moulin ne sont pas encore mûrs pour un développement immédiat, parce qu’il y aura des travaux de décontamination à réaliser et d’infrastructures avant de pouvoir aller de l’avant.

« On veut réintégrer ces sites dans la vie montréalaise, qu’ils aient un impact social. Au bassin Wellington, on veut donner accès à l’eau aux citoyens, avoir des parcs, développer un milieu de vie intéressant avec des petits commerces, une épicerie et même conserver une vocation industrielle artisanale.

« Dans tous nos projets, on souhaite un usage mixte résidentiel avec au moins 20 % de logements à prix abordables », précise le PDG de la SIC.

Même si la SIC n’a achevé qu’en décembre 2022 l’acquisition de l’ancien site de l’Office national du film, Stéphan Déry estime qu’il est faisable de lancer rapidement une première phase de développement en travaillant avec l’arrondissement de Saint-Laurent. Le site de l’ONF est situé à 500 mètres d’une station du Réseau express métropolitain (REM).

« On n’a pas fait encore toutes les consultations sur le développement à venir du site, mais on sait qu’il y a un besoin urgent de logements. On pourrait faire une première phase d’une centaine d’unités en transformant un édifice de bureaux et en construisant des unités dans la zone résidentielle.

« Pour le reste du développement de l’ancien ONF, on veut impliquer les organismes communautaires et prévoir peut-être un volet culturel en transformant les anciens studios de l’Office », soumet Stéphan Déry.

Même chose à Longueuil, où la SIC dispose d’un immense site de 16 hectares (1,7 million de pieds carrés) à développer en bordure du fleuve où on pourrait démarrer une première phase d’ensemble résidentiel.

La SIC travaille avec la municipalité de Longueuil pour accélérer le volet immobilier du projet où, là encore, on veut implanter une mixité sociale avec au moins 20 % de logements à prix abordables.

Dans nos projets résidentiels, on veut pérenniser la mixité de nos quartiers en exigeant au moins 20 % de logements abordables. Si la Ville veut hausser ce taux à 30 %, on va être d’accord. Mais on ne veut pas d’entente sur 20 ans, on veut que cette mixité dure dans le temps et qu’on n’ait pas à tout recommencer une fois que l’échéance est atteinte.

Stéphan Déry, PDG de la Société immobilière du Canada

En plus de son mandat de développement immobilier, la SIC est aussi responsable de certaines attractions dont elle a hérité au fil des ans, notamment la tour du CN et le parc Downsview à Toronto, tout comme le Vieux-Port et le Centre des sciences à Montréal.

« On a deux lignes d’affaires, la valorisation des attractions et le développement immobilier, mais ce sont les attractions qui mobilisent le plus de main-d’œuvre. Sur nos 1100 employés à travers le pays, il y a plus de 800 personnes qui travaillent aux attractions.

« On a eu des années difficiles durant la pandémie avec la fermeture de la tour du CN et du Centre des sciences, on a été déficitaire, mais les choses se sont replacées depuis », souligne le PDG de la Société immobilière du Canada.