La crise du logement, qui se traduit par des maisons inabordables, une pénurie de logements et des loyers hors de contrôle, empirera en 2023, prévient le Mouvement Desjardins, dans une publication récente.

En deux ans, la mensualité pour payer l’hypothèque sur une maison moyenne a bondi de 1000 $ par mois, ont souligné les économistes Hélène Bégin et Maëlle Boulais-Préseault dans la dernière livraison du Zoom sur l’habitation parue jeudi.

On parle d’une maison de 465 000 $ avec une mise de fonds de 10 % et un amortissement de 25 ans. La mensualité moyenne est ainsi passée d’un creux de 1350 $, au plus fort de la pandémie, à 2550 $, ces jours-ci.

« Dans le contexte actuel des taux hypothécaires élevés, les mensualités sont hors de portée pour de nombreux accédants à la propriété, qu’il y ait de l’aide financière ou non de leur entourage », écrit Desjardins.

Les loyers augmenteront de 10 %

Du côté locatif, ce n’est pas plus joyeux, prévient-on. Le taux d’inoccupation des appartements, actuellement à 1,7 % à l’échelle du Québec, s’approchera du 1 % en 2023. « Aucune région n’est épargnée par la pénurie de logements locatifs », souligne-t-on dans le document.

Les raisons du déséquilibre sont connues : demande forte avec l’immigration, difficulté pour la génération montante d’accéder à la propriété et offre insuffisante de nouveaux logements. La construction d’appartements qui a baissé de 10 % en 2022, par rapport à 2021, baissera encore de 20 % en 2023, comparativement à l’année dernière.

Desjardins ne prévoit plus que 32 000 nouveaux logements en 2023 au Québec, alors qu’il y a deux ans, il s’en était construit près de 47 000.

« Malgré certains programmes gouvernementaux, le financement des projets représente un défi de taille depuis la remontée des taux d’intérêt », prévient Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins.

À moins de l’injection massive de fonds publics, d’un assouplissement de la réglementation ou d’un soutien accru aux municipalités, la construction d’appartements locatifs continuera de ralentir au lieu de s’accélérer.

Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins

Résultat : les loyers poursuivront leur envol. Après une hausse moyenne de 8,9 % l’an dernier, l’augmentation devrait atteindre 10 % en 2023, avance l’institution financière.

Il faudra attendre 2024 pour avoir de bonnes nouvelles, à commencer du côté de l’abordabilité des maisons.

Les taux hypothécaires commenceront éventuellement à baisser. Y viendra s’ajouter la baisse du prix des maisons. Ces deux facteurs contribueront à une amélioration de l’abordabilité en 2024, analyse le mouvement coopératif.

D’ici là, les prix de l’immobilier continueront de glisser. « Le prix moyen des propriétés a fléchi de 8,1 % au Québec du sommet d’avril 2022 à janvier 2023 et la correction devrait atteindre 17 % d’ici la fin de l’année », indiquent les prévisionnistes de Desjardins.

En savoir plus
  • -11,7 %
    Variation annuelle dans les dépenses de rénovation en 2023, estimées à 20,5 milliards
    Mouvement Desjardins