Pour un deuxième trimestre consécutif, l’impact du ralentissement de l’économie se manifeste dans les résultats de la Banque Nationale, annoncés mercredi.

Mais de l’avis de son président et chef de la direction, Laurent Ferreira, cet impact demeure somme toute limité en raison, notamment, du meilleur état de santé financière de l’économie québécoise par rapport aux autres provinces.

« On a un ralentissement de la croissance et de l’incertitude encore au niveau de l’inflation et des taux d’intérêt, donc on est pas encore sorti du bois » avec les perspectives économiques, a mentionné M. Ferreira lors d’un entretien avec La Presse, en marge de la publication des résultats de premier trimestre 2023.

« Mais en ce qui nous concerne à la Banque Nationale, quand on compare les taux de délinquance [des prêts hypothécaires] à travers toutes les provinces, au Québec, on est très bien positionné. On a une économie où le taux d’épargne est plus élevé, et le niveau d’endettement des ménages est moins élevé. »

Dans ses résultats de son premier trimestre 2023, la Banque Nationale affiche un bénéfice en baisse moindre que pressenti parmi les analystes et les investisseurs boursiers.

Malgré une augmentation des revenus dans tous ses secteurs d’activités, la rentabilité de la plus grande banque québécoise a reculé en raison de dépenses d’exploitation plus élevées, mais aussi d’une augmentation des provisions pour les pertes sur prêts.

La Banque Nationale a établi ses provisions à 86 millions lors de son premier trimestre clos le 31 janvier 2023.

Il s’agit d’un montant en hausse considérable par rapport à celui du trimestre comparable il y a un an, mais en léger recul d’un million par rapport au montant de 87 millions qui avait été comptabilisé lors du trimestre précédent clos le 31 octobre 2022.

« On s’attend à une augmentation du taux de délinquance [des emprunteurs], mais jusqu’à date c’est correct », a indiqué Laurent Ferreira.

« Ce qu’on surveille le plus pour la suite, c’est l’évolution du marché du travail. C’est ça qui est important pour la santé générale de l’économie. Avec un bon marché de l’emploi, on va passer à travers la période un peu plus difficile pour la croissance économique avec l’impact de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation sur les consommateurs. »

Pour le moment, « nos taux de défaillance des prêts hypothécaires restent bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie, a précisé William Bonnel, premier vice-président à la gestion des risques à la Nationale, lors de la téléconférence sur les résultats trimestriels avec les analystes financiers.

« C’est particulièrement le cas dans notre portefeuille [de prêts] au Québec, car la province bénéficie d’un taux de chômage et d’un taux d’épargne meilleurs que la moyenne canadienne. Cette résilience se traduit par des impayés hypothécaires qui augmentent à un rythme plus lent au Québec que dans les autres régions de notre portefeuille [de prêts] au Canada. »

Dans les résultats de premier trimestre divulgués mercredi, le bénéfice net de la Banque Nationale s’affiche à 881 millions, en baisse de 5 % par rapport au trimestre correspondant en 2022.

Le bénéfice par action ajusté [des éléments non récurrents] atteint 2,58 $, comparativement à 2,67 $ il y a un an.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient ce bénéfice par action ajusté aux environs de 2,37 $, selon la firme de données financière Refinitiv.

« Les résultats sont bons à travers toute l’entreprise dans ce qui semble un très bon trimestre, malgré l’augmentation des réserves [pour pertes de crédit] », a commenté l’analyste de RBC Marchés des capitaux, Darko Mihelic, dans une note aux investisseurs après la publication des résultats.

Chez Desjardins Marchés des capitaux, l’analyste Doug Young apprécie aussi les résultats trimestriels meilleurs qu’attendu à la Banque Nationale.

« Le bénéfice trimestriel d’ensemble excède l’estimé moyen parmi les analystes. Selon les grands secteurs d’activités, les bénéfices dans la gestion de patrimoine, dans les marchés financiers et dans les activités internationales ont surpassé les attentes, alors que les résultats des services bancaires [aux particuliers et entreprises] au Canada s’avèrent alignés aux attentes. »

En Bourse, les investisseurs ont manifesté leur satisfaction en poussant le prix des actions de la Banque Nationale en hausse de 4 %, jusqu’à 104,83 $, en cours de séance mercredi. Il s’agissait d’un nouveau sommet de valeur en 52 semaines (un an). Elles ont terminé la séance en hausse modérée de 1,6 %, à 101,86 $.

Avec La Presse Canadienne

LA BANQUE NATIONALE AU 1er TRIMESTRE
(clos le 31 janvier 2023)

Revenu total : 2,58 milliards (+ 5 % sur un an)
Bénéfice net : 881 millions (- 5 %)
Bénéfice net par action (dilué) : 2,49 $ (- 6 %)
Rendement des capitaux propres : 18,4 % (- 3,5 points)
Actif total : 418,3 milliards (+ 4 %)