Avec le ralentissement économique, les banques mettent la pédale douce quand vient le temps de signer de nouveaux contrats en technologie, constate la firme de services-conseils en informatique CGI. L’entreprise montréalaise rapporte que les dépenses gouvernementales compensent ce vent de face.

« Le secteur bancaire a été frappé par la hausse des taux d’intérêt », a constaté le président et chef de la direction, George D. Schindler, lors d’une conférence, mercredi, visant à discuter des résultats trimestriels de l’entreprise avec les analystes financiers. « C’est un facteur important, particulièrement en Amérique du Nord. »

Le secteur financier traverse une période difficile au moment où l’économie ralentit, plombée par la hausse des taux d’intérêt. Au Canada, les annonces de mises à pied, dans l’industrie bancaire, se sont multipliées au cours des derniers mois.

Le secteur bancaire représente une part importante de la clientèle de la société montréalaise. Valeurs mobilières TD estime que le secteur des services financiers représente 22 % des revenus de CGI.

La vigueur de la demande dans le secteur gouvernemental, près de 36 % des revenus, a toutefois permis de compenser la faiblesse relative de la demande dans le secteur bancaire.

M. Schindler s’attend à ce que le marché demeure vigoureux dans les prochains mois, malgré l’élection américaine à venir en novembre. « Nous anticipons une accélération des octrois de contrats en prévision des élections, et ce n’est pas juste le cas pour les États-Unis, mais aussi pour le Royaume-Uni et le Canada. »

« L’administration publique veut que les choses continuent d’avancer durant cette période, ajoute-t-il. Les octrois de contrats tendent à être plus rapides, un peu plus gros et ont une durée un peu plus longue afin d’assurer une certaine stabilité. »

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Le président et chef de la direction de CGI, George D. Schindler

M. Schindler s’attend à une pause durant l’élection américaine, mais il note qu’après, de nouvelles initiatives sont généralement lancées en début de mandat, que le président soit reconduit ou qu’il y ait un changement d’administration.

Le patron de CGI s’est fait questionner au sujet des récentes mises à pied, même si le carnet de commandes de l’entreprise progresse.

« Nous sommes dans un contexte où le taux de roulement a fortement baissé, ce qui veut dire que nous avons moins de remplacements à faire, répond le dirigeant. Nous faisons attention de ne pas embaucher en avance de la demande, mais nous sommes en bonne posture pour croître avec la demande. »

Dans la foulée d’un programme d’optimisation des coûts lancé en septembre, l’entreprise a mis à pied 19 employés à Québec en octobre et 55 autres employés à Montréal en novembre. Ce programme devrait toucher moins de 1 % de l’ensemble des employés de l’entreprise dans le monde.

Résultats légèrement supérieurs aux attentes

La multinationale montréalaise continue d’obtenir plus de contrats, même si les revenus progressent à un modeste rythme de 1,5 % en devise constante. Le ratio nouveaux contrats/facturation était de 116,2 % au premier trimestre clos le 31 décembre.

La société a réitéré que la conversion des nouveaux contrats en revenus pourrait prendre plus de temps.

« Ça prend un peu plus de temps pour que ces contrats se traduisent en revenus, en raison des caractéristiques de ces ententes, explique l’homme d’affaires. Ce sont des contrats plus gros avec une portée globale. Pour cette raison, la transition prend un peu plus de temps. »

Le consensus des analystes anticipe une plus grande croissance des revenus plus tard au cours de l’exercice, souligne l’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marchés des capitaux. « CGI ne donne pas de prévisions, mais nous nous attendons à une amélioration soutenue par le bon carnet de commandes. »

Au premier trimestre, le bénéfice net de CGI a augmenté de 1,9 %, à 389,8 millions. Le bénéfice ajusté dilué par action atteint 1,83 $. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 4,4 %, à 3,6 milliards.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,82 $ et des revenus de 3,58 $, selon la firme de données financières Refinitiv.

Contrairement aux années précédentes, M. Schindler n’était pas disponible pour accorder une entrevue en marge de l’assemblée annuelle.

L’action de CGI gagnait 1,38 $, ou un peu moins de 1 %, à 150,56 $, à la clôture à la Bourse de Toronto.