Cogeco continue d’entretenir le suspense au sujet de son entrée sur le marché des services mobiles au Canada, mais soutient qu’un développement est attendu « bientôt » pour une offre de services mobiles aux États-Unis, où l’entreprise est présente dans 13 États.

Cogeco affirme avoir entrepris des plans pour entrer dans le marché américain de la téléphonie mobile par l’entremise d’accords avec des opérateurs mobiles virtuels permettant de louer l’accès à leurs réseaux.

« On est en meilleure posture aux États-Unis », a dit le PDG de Cogeco, Philippe Jetté, lors d’une rencontre de presse organisée jeudi en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires de l’entreprise québécoise de télécommunications.

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Philippe Jetté, président et chef de la direction de Cogeco

Il est beaucoup plus facile de négocier avec les opérateurs aux États-Unis. Il y a plus d’une centaine d’opérateurs virtuels en activité sur le marché américain. Le marché existe.

Philippe Jetté, président et chef de la direction de Cogeco

Dans ce contexte, dit-il, il n’est pas nécessaire d’acquérir et de déployer du spectre, ni d’assurer les fonctions administratives.

« Il y a une infrastructure nationale faite pour accueillir les opérateurs virtuels. Les grands joueurs sont non seulement disposés, mais ils accueillent les ententes commerciales comme des sources additionnelles de revenus pour eux de façon favorable. C’est beaucoup plus facile de se négocier une voix pour entrer dans le marché mobile aux États-Unis. »

Il rappelle qu’au Canada, il y a un cadre réglementaire annoncé par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) l’an passé et différentes étapes à franchir, dont celles de posséder du spectre, de négocier avec les acteurs nationaux et, après une période de négociations, une période d’arbitrage pourrait être nécessaire pour forcer des ententes commerciales afin d’obtenir des tarifs concurrentiels.

Des informations à propos des États-Unis suivront bientôt, a dit Philippe Jetté, avant d’indiquer que Cogeco allait communiquer les développements à venir au Canada au fur et à mesure que des ententes pourront être conclues avec des opérateurs canadiens.

Et à propos des négociations avec Bell, Rogers et Telus, il affirme qu’obtenir un prix commercialement raisonnable est « très long ». « Les joueurs de l’autre côté de la table essaient de retarder le plus longtemps possible notre entrée dans le marché », dit-il.

Philippe Jetté admet que le lancement de services mobiles au Canada prend beaucoup plus de temps que ce qui avait été envisagé initialement.

Il invite le gouvernement fédéral à créer des conditions permettant à des entreprises comme Cogeco d’entrer dans le marché rapidement.

Mais même dans le cas de négociations réussies avec les opérateurs de réseaux nationaux au pays, Philippe Jetté soutient ne pas prévoir de déploiement majeur des activités sans fil au Canada à court terme, « car il nous reste encore du travail à faire ».

Situation « inacceptable »

Philippe Jetté a par ailleurs souhaité passer un message au régulateur fédéral en prévision de l’audience du CRTC qui se tiendra prochainement sur le cadre réglementaire pour le marché des services internet de gros à laquelle Cogeco participera.

Le cadre réglementaire force Cogeco à partager ses réseaux internet filaires avec des revendeurs à des prix réglementés par le CRTC.

L’enjeu, dit Philippe Jetté, est que les plus grandes entreprises canadiennes de télécommunications sont maintenant parmi les plus grandes utilisatrices de nos réseaux, par l’entremise de ce régime de revente du CRTC, car des revendeurs de services internet ont été acquis par ces grandes entreprises.

« Cette situation est inacceptable et nous demanderons au CRTC d’interdire aux trois plus grands opérateurs canadiens (Bell, Rogers et Telus) l’accès au régime de revente, qui n’a d’ailleurs jamais été conçu pour eux. »

Performance financière

L’entreprise a également présenté sa performance financière de début d’exercice. Les chiffres s’avèrent relativement conformes à des attentes plutôt modestes tenant compte du contexte économique et concurrentiel actuel.

L’analyste de la TD, Vince Valentini, juge les résultats des mois de septembre, octobre et novembre meilleurs que ce qu’il craignait, en soulignant que les attentes étaient peu élevées en raison des commentaires des dirigeants et de la tendance observée au cours des trimestres précédents.

« Personne ne prétendra qu’il s’agit de bons résultats sur une base absolue, dit-il. Toutefois, par rapport aux faibles attentes, il s’agit clairement d’une surprise positive. »

La direction maintient par ailleurs les projections financières pour l’exercice 2024 qu’elle avait présentées au début de novembre.

Le premier trimestre de Cogeco Communications

Résultats du premier trimestre de 2023 entre parenthèses

  • Revenus : 748 millions (762 millions)
  • Bénéfice d’exploitation ajusté : 359 millions (367 millions)
  • Bénéfice par action ajusté : 2,01 $ (2,44 $)