Trois jours après avoir tenté d’expliquer dans des entrevues à différents médias le congédiement du fondateur et PDG de Gildan, Glenn Chamandy, le conseil d’administration du fabricant montréalais de vêtements s’est adressé à tous les actionnaires dans une lettre ouverte publiée mercredi.

« Nous savons maintenant que Glenn Chamandy n’avait aucunement l’intention de respecter le plan de relève convenu », affirment des représentants du conseil d’administration de Gildan dans le message.

Signée par le président du conseil de Gildan, Donald Berg, et les présidents des comités du conseil, Maryse Bertrand, Luc Jobin et Shirley Cunningham, la lettre vise à clarifier ce qui a mené à la décision « unanime » des administrateurs de Gildan de démettre Glenn Chamandy de ses fonctions à titre de chef de la direction, plus tôt ce mois-ci.

Le conseil se dit « déçu » des tentatives de Glenn Chamandy de perturber « le plus possible » les activités de Gildan afin de demeurer chef de la direction.

La missive souligne que Glenn Chamandy a éprouvé des difficultés à trouver de nouvelles avenues de croissance interne à long terme.

« Au cours des deux dernières années, la confiance du conseil envers Glenn Chamandy s’est graduellement affaiblie alors que nous lui avions confié la responsabilité d’élaborer le chapitre suivant de la stratégie de croissance à long terme de la société ainsi que de s’occuper du perfectionnement des gens sous sa direction », est-il précisé.

Le conseil estime qu’il était temps d’envisager de chercher un leader qui réussirait mieux à s’acquitter de ces « responsabilités cruciales pour l’avenir ».

Il est aussi ajouté que l’envergure et la complexité de Gildan se sont accrues et que les défis et les possibilités à venir exigent un nouveau leader qui apportera de nouvelles idées et des compétences différentes.

Plan de relève

Le conseil affirme s’être entendu avec Glenn Chamandy sur un plan officiel de relève du chef de la direction sur trois ans en décembre 2021.

Le conseil a annoncé le 10 décembre avoir choisi de confier le poste de PDG à Vince Tyra et soutient qu’alors que Glenn Chamandy avait convenu de respecter l’échéancier de relève initial, il a par la suite agi de manière à conserver son poste de chef de la direction.

« L’exemple le plus flagrant de cette situation est la proposition qu’il a soumise au conseil en octobre selon laquelle nous devions, dans un délai de quelques semaines, accepter de chercher activement à réaliser des acquisitions de plusieurs milliards de dollars à haut risque et entraînant une forte dilution qui auraient éloigné Gildan de son principal champ d’expertise, la fabrication.

« En outre, il demandait de demeurer chef de la direction pendant plusieurs années de plus afin de mettre en œuvre ce plan. Si le conseil n’approuvait pas l’échéancier qu’il dictait, il nous a dit à maintes reprises qu’il quitterait à court terme et vendrait toutes ses actions. »

La publication de cette lettre survient alors que le conseil d’administration essaie de convaincre plusieurs importants actionnaires institutionnels dissidents du bien-fondé de sa décision.

Opposition

Mardi, Jarislowsky Fraser, qui est le plus important actionnaire de Gildan avec une participation de 7 %, a réitéré son opposition au congédiement de Glenn Chamandy et parlé d’un problème de gouvernance chez Gildan. Jarislowsky dénonce aussi la récente décision d’accorder un siège au conseil à Coliseum Capital, un investisseur institutionnel américain qui appuie la décision du conseil.

Browning West, un autre important actionnaire institutionnel, a envoyé mercredi une autre lettre au conseil. « Alors que nous avons récemment démontré notre confiance en Gildan en augmentant notre participation, le conseil d’administration mal aligné a passé les 10 derniers jours à initier une manœuvre de retranchement flagrante avec un actionnaire unique tout en montrant un manque total de considération pour l’opposition large et sans précédent des actionnaires aux actions du conseil », lit-on dans cette lettre ouverte.

Également actionnaire de longue date de Gildan, la firme d’investissement ontarienne Turtle Creek a réitéré mercredi que Glenn Chamandy devait retrouver son poste, en plus de demander que le conseil d’administration soit reconstitué.