La pression s’est intensifiée vendredi sur le conseil d’administration de Gildan pour qu’il renverse sa décision afin de ramener Glenn Chamandy aux commandes du fabricant montréalais de vêtements.

Au moins quatre des 10 plus importants actionnaires institutionnels de Gildan plaident maintenant en faveur du retour en poste de Glenn Chamandy, qui s’est fait montrer la porte dimanche par le conseil d’administration. Le conseil a nommé Vince Tyra, un Américain de 58 ans, pour prendre le relais. Il doit entrer en poste le 12 février.

Plus important actionnaire de Gildan avec une participation de 7 %, le gestionnaire d’actifs montréalais Jarislowsky Fraser, ainsi que la firme new-yorkaise Pzena Investment Management, ont fait savoir à leur tour vendredi qu’ils s’opposent à la récente décision du conseil d’administration de congédier Glenn Chamandy.

« Le maintien du leadership de Glenn Chamandy est essentiel pour que l’entreprise puisse mener à bien son important programme d’expansion et d’innovation », dit Charles Nadim, chef de recherche et gestionnaire de portefeuille chez Jarislowsky Fraser, dans une communication écrite envoyée à La Presse.

Le congédiement abrupt de Glenn Chamandy à l’âge de 61 ans pour recruter un dirigeant de 58 ans afin de diriger l’entreprise vers la prochaine étape de sa croissance est préoccupant.

Charles Nadim, chef de recherche et gestionnaire de portefeuille chez Jarislowsky Fraser

« Le communiqué de presse du conseil d’administration concernant le parcours de Vince Tyra ne dresse pas un portrait juste pour les actionnaires et la décision n’a pas été prise avec suffisamment de diligence lors de l’évaluation des performances de celui-ci. Vince Tyra n’a pas travaillé dans l’industrie du vêtement depuis 2005 et ne possède pas l’expertise pertinente en matière de fabrication, qui est le principal avantage concurrentiel de Gildan », ajoute-t-il.

Jarislowsky Fraser demande la démission du président du conseil d’administration, Donald Berg, et exhorte le conseil à réintégrer Glenn Chamandy en tant que chef de la direction de Gildan, « où il pourrait poursuivre l’encadrement des candidats internes dans la mise en place d’un plan de succession complet qui aboutira à une transition ordonnée de la direction de l’entreprise afin d’assurer son succès à long terme ».

Il n’a pas tout de suite été possible d’obtenir une réaction chez Gildan.

Divergence

Jeudi, Turtle Creek Asset Management, un gestionnaire d’actifs torontois et actionnaire de Gildan depuis une dizaine d’années, et Browning West, une firme d’investissement de Los Angeles, ont envoyé une lettre au conseil d’administration de Gildan pour l’exhorter à reconduire Glenn Chamandy au poste de chef de la direction.

Jarislowsky Fraser, Turtle Creek et Browning West comptent parmi les 10 plus importants actionnaires de Gildan.

En entrevue avec La Presse en début de semaine, le président du conseil, Donald Berg, a expliqué le départ de Glenn Chamandy par une divergence sur le moment de l’implantation du plan de succession de l’entreprise.

Donald Berg a souligné lundi que le moment est opportun pour un changement parce que la société va « très bien, gagne des parts de marché et a un bon plan en place pour les prochaines années ».

Donald Berg dit avoir tenté en vain de s’entendre avec Glenn Chamandy sur le moment où il allait prendre sa retraite afin de réaliser une transition harmonieuse.

Glenn Chamandy a fait savoir lundi qu’il n’accordait pas d’entrevue, mais a néanmoins indiqué qu’il trouve « regrettable » que sa vision de l’avenir diffère de celle des autres membres du conseil et que l’entreprise mette fin à son contrat de travail « sans motif ».