Des membres de l’équipe de direction de Gildan ont vendu pour plusieurs millions de dollars d’actions du fabricant montréalais de vêtements, la semaine dernière, après le congédiement du fondateur et PDG Glenn Chamandy.

Le grand responsable de la fabrication, Benito Masi, a vendu pour 5,5 millions de dollars d’actions à la suite de transactions réalisées au cours des séances de mercredi, jeudi et vendredi.

Le chef des finances, Rhodri Harries, a réalisé un gain brut supérieur à 6,5 millions US en levant des options. Il a effectué ses transactions durant les séances de mardi, mercredi, jeudi et vendredi la semaine dernière.

Chuck Ward, responsable du marketing, des ventes et de la distribution, a vendu jeudi pour 930 000 $ d’actions.

Enfin, Michael Schroeder, vice-président des ventes nord-américaines, a vendu 3092 actions en milieu de semaine.

Il n’a pas été possible de leur parler lundi. Une porte-parole de Gildan indique toutefois que « la plupart » de ces dirigeants – sans préciser lesquels – avaient indiqué à l’entreprise leur intention de faire des transactions avant de savoir que Glenn Chamandy quittait l’entreprise.

Fenêtre « réduite » de transactions

La porte-parole ajoute qu’il y a eu une fenêtre « réduite » pendant laquelle il était possible pour ces dirigeants de transiger en décembre. « Cette fenêtre de transactions ne sera rouverte qu’à la fin du mois de février seulement. Les options exercées faisaient partie d’un calendrier normal d’acquisition pendant lequel les dirigeants ont la possibilité de gérer leurs finances personnelles. »

La porte-parole précise que tous les dirigeants ayant vendu des actions la semaine dernière demeurent des investisseurs importants dans l’entreprise.

En entrevue dimanche, Luc Jobin, membre du conseil d’administration de Gildan et ex-PDG du CN, a affirmé que Glenn Chamandy avait vendu « pratiquement l’ensemble de ses actions de Gildan » la semaine dernière au lendemain de son congédiement.

Glenn Chamandy s’est fait montrer la porte au début de la semaine dernière par le conseil, qui a nommé Vince Tyra pour prendre le relais. Le départ de Glenn Chamandy avait alors été simplement expliqué par un désaccord sur le moment de l’implantation du plan de succession.

Tour à tour, les actionnaires institutionnels Turtle Creek, Browning West, Jarislowsky Fraser et Pzena Management ont critiqué la décision de Gildan la semaine dernière.

Dans son entretien avec La Presse dimanche, Luc Jobin a dit que Glenn Chamandy avait servi un ultimatum calculé au conseil d’administration, en plus d’accuser M. Chamandy d’avoir voulu réaliser des acquisitions risquées.

« Le conseil devait acquiescer à deux demandes, sinon il allait quitter », a dit Luc Jobin. Cet administrateur affirme que la première demande de Glenn Chamandy était d’aller de l’avant avec une stratégie d’acquisitions multiples de plusieurs milliards de dollars dans des secteurs adjacents.

Ces acquisitions, selon Luc Jobin, seraient « hautement dilutives » pour les actionnaires en raison des émissions de dettes et d’équité nécessaires pour les réaliser. Luc Jobin a aussi dit que la réalisation de cette stratégie comportait un risque parce qu’elle nécessite des compétences qui ne sont pas pleinement maîtrisées par Glenn Chamandy.

Toujours selon Luc Jobin, la deuxième condition posée par Glenn Chamandy était de revoir dans deux ans le statut de développement d’un candidat interne, mais que Glenn Chamandy ne pouvait dire au conseil avec certitude si ce candidat pourrait atteindre le niveau nécessaire pour lui succéder comme PDG.

Le conseil ayant répondu à Glenn Chamandy qu’il devait terminer son travail d’évaluation de candidats externes avant de prendre position, Luc Jobin soutient que la relation avec M. Chamandy s’est alors détériorée rapidement.

Glenn Chamandy nie

Glenn Chamandy a nié lundi avoir donné un ultimatum au conseil d’administration « en ce qui concerne quelque stratégie d’acquisitions potentielles ».

« Il s’agit d’une diversion pour détourner l’attention de la réaction des actionnaires à la gestion de la planification de la succession par le conseil d’administration, à laquelle je n’ai pas participé », a indiqué M. Chamandy dans une déclaration écrite.

« Je n’ai ni orchestré ni contrôlé les évènements : le conseil d’administration a mené le processus. Il est essentiel qu’une transition de leadership soit menée de manière cohérente avec le succès de Gildan. La préservation de notre talent, de notre culture et de notre expertise, qui sont les piliers de notre succès, est vitale », poursuit-il.

L’investisseur institutionnel américain Coliseum Capital – actuellement deuxième actionnaire en importance de Gildan avec une participation approximative de 6 % – appuie le conseil d’administration et entend bonifier sa participation dans Gildan en achetant des actions sur le marché pour devenir le plus important actionnaire devant Jarislowsky, qui possède une participation d’environ 7 %.

Le conseil a invité le cofondateur et associé directeur de Coliseum, Chris Shackelton, à se joindre à Gildan comme administrateur.