Préoccupés par la faiblesse de l’action en Bourse, la direction et le conseil d’administration de Cogeco pourraient envisager des initiatives favorables aux actionnaires en 2024, dont l’élimination de la structure à deux sociétés, selon un analyste qui vient de rencontrer l’équipe de gestionnaires de l’entreprise québécoise.

Dans un rapport publié cette semaine, l’analyste Vince Valentini, de la TD, énumère plusieurs gestes que les patrons de Cogeco pourraient faire pour dégager de la valeur pour les actionnaires. Il se dit convaincu que la plupart d’entre eux sont à l’étude.

L’élimination de la structure à deux sociétés inscrites en Bourse est l’une des initiatives potentielles soulevées par l’analyste.

Une telle décision devrait toutefois avoir l’approbation du président du conseil d’administration, Louis Audet, qui est également président de la société de portefeuille de la famille Audet, qui contrôle 69 % des votes chez Cogeco.

En vertu des actions à droit de vote multiple qu’elle détient, Cogeco contrôle sa filiale Cogeco Communications, une entité qui fournit des services internet, de vidéo et de téléphonie au Canada et dans 13 États américains.

L’action de Cogeco Communications est en baisse d’environ 25 % cette année. Celle de Cogeco ne fait guère mieux : elle affiche un repli approximatif de 20 % jusqu’ici en 2023. Cette pression porte le rendement du dividende chez Cogeco à 6,6 % et chez Cogeco Communications à 6 %.

L’exemple de Power

Le conglomérat financier montréalais Power Corporation avait annoncé il y a quatre ans l’élimination de sa structure à deux sociétés en rachetant la Financière Power dans le cadre d’une importante réorganisation. La direction avait à ce moment indiqué qu’elle répondait à un « message très clair » d’investisseurs qui avaient demandé une simplification de la structure.

Vince Valentini fait valoir que l’élimination de la structure à deux sociétés chez Cogeco permettrait de réduire les coûts administratifs et de créer un titre plus liquide avec un poids plus important dans les indices boursiers.

Il s’agirait aussi, selon Vince Valentini, d’une structure plus efficace et plus liquide pour tous les actionnaires, y compris Rogers Communications, qui détient toujours une participation en actions subalternes de 42 % dans Cogeco et de 36 % dans Cogeco Communications.

Rogers avait tenté sans succès il y a trois ans d’acheter Cogeco en présentant une offre en tandem avec une entreprise américaine de télécommunications.

Vince Valentini souligne que des rachats d’actions massifs plairaient également aux actionnaires. Le rachat de la participation de Rogers, notamment, serait très rentable au cours actuel, souligne-t-il en précisant toutefois qu’il est peu probable que Cogeco dispose d’une flexibilité suffisante pour le faire avant 18 à 24 mois, à moins de vendre des actifs.

À cet effet, il croit que la vente de certains actifs aux États-Unis est à considérer. « Les actifs de bonne qualité dans le secteur aux États-Unis peuvent encore être vendus à un multiple d’approximativement 10 fois les bénéfices avant impôts, intérêts et amortissement. »

Pour créer de la valeur pour ses actionnaires, Cogeco Communications considère par ailleurs toujours un déploiement de ses activités dans le sans-fil. L’entreprise a déboursé 190 millions cet automne pour acquérir des licences de spectre, ce qui porte à environ 600 millions les investissements de l’entreprise jusqu’ici pour des licences de spectre.

Un déploiement dans le sans-fil au pays devra toutefois passer par un accord commercial avec un grand opérateur pour le partage d’un réseau (à la suite de négociations). « Les chances sont bonnes que cela se fasse en 2024, fort possiblement avec Québecor », croit Vince Valentini.

L’analyste de la TD mentionne aussi qu’un engagement pluriannuel de croissance du dividende résonnerait auprès des investisseurs. « Si Cogeco s’engageait à faire croître le dividende d’environ 10 % au cours des trois prochaines années [à l’instar de Telus], le rendement du dividende attirerait davantage l’attention. »

Invitée à se prononcer sur les propos tenus par Vince Valentini, la direction de Cogeco demeure prudente. « Nous n’émettons pas de commentaires concernant les opinions des analystes », a simplement indiqué à La Presse le porte-parole de Cogeco, Youann Blouin. « Nous continuons de progresser vers nos objectifs stratégiques et demeurons résolument déterminés à créer de la valeur à long terme pour nos actionnaires », a-t-il précisé.

En plus de la participation dans sa filiale Cogeco Communications, Cogeco exploite 21 stations de radio. La direction présentera la performance financière de début d’exercice le 10 janvier.