La Banque Laurentienne rationalise ses activités et limoge 2 % de son effectif.

Cette décision annoncée cette semaine aux employés touche 55 personnes et s’inscrit dans une volonté de simplifier la structure organisationnelle.

La banque précise que la majorité des emplois touchés sont à l’extérieur du Québec.

Ces licenciements entraîneront une charge de restructuration de 6,5 millions dans les résultats du trimestre en cours qui se terminera à la fin de janvier.

D’autres licenciements à court ou moyen terme ne sont pas écartés, et dépendront de l’évaluation qui sera menée par la nouvelle équipe de gestionnaires au cours des prochains mois.

« On doit faire mieux pour nos clients, nos employés et nos actionnaires. On doit revoir notre positionnement », lance en entrevue le président et chef de la direction, Éric Provost.

Il entend agir selon les principes directeurs suivants : comprendre le passé pour façonner l’avenir, simplifier l’organisation pour accroître l’efficacité, et recentrer les activités de base de la banque pour créer une valeur maximale pour les clients.

Trois priorités

Bien que le plan stratégique de la banque soit en révision et que de plus amples détails ne seront dévoilés qu’au printemps, Éric Provost indique que trois priorités stratégiques ont été établies.

« La première est de devenir plus centré sur le client. Nous avons procédé à des changements au niveau de la direction afin de placer des personnes centrées sur le client à des postes clés. Nous continuerons à étendre cette approche partout au sein de la banque. »

La deuxième priorité est de simplifier l’organisation.

« Nous n’avons pas réussi à réduire les dépenses à un rythme approprié dans le passé. Nous devons maintenant nous concentrer sur le fonctionnement de la banque plutôt que sur sa transformation », explique M. Provost.

« Nous allons aussi revoir tous les produits et projets. Les produits seront évalués en fonction de la satisfaction des clients, de leur valeur et des marges. Les projets seront examinés en fonction de leur capacité à générer des revenus ou à améliorer nos activités. Si les produits n’atteignent pas certains seuils, nous les éliminerons. Dans le cas des projets, nous les mettrons en pause ou les annulerons. »

Enfin, dit-il, les investissements technologiques seront axés sur le fonctionnement de la banque et l’amélioration des systèmes.

L’impact de la panne

La Laurentienne est dirigée par Éric Provost depuis le début d’octobre. Il a été appelé en relève à Rania Llewellyn. Ce changement a été apporté alors qu’une panne du système central affectait les opérations et peu après que la banque eut annoncé la conclusion de l’examen de ses options stratégiques en excluant la vente.

La panne s’est produite au cours d’une opération de maintenance informatique planifiée. Cette panne survenue en septembre a plombé la performance financière de fin d’exercice dévoilée jeudi.

La direction soutient toutefois que les récents évènements n’ont pas eu d’impact « significatif » sur la clientèle et les dépôts.

Un profit net ajusté de 45 millions a été généré durant les mois d’août, septembre et octobre, alors qu’il s’élevait à 58 millions il y a un an.

Le profit par action ajusté atteint 1 $ alors que les analystes s’attendaient à 1,16 $. Les coûts liés à la gestion de la panne ont eu une incidence négative de 9 cents sur les profits par action. Il y a un an, les profits par action ajustés avaient atteint 1,31 $.

Au total, la banque a engagé une charge de 16 millions en lien avec la restructuration, la panne et l’examen stratégique.

Les revenus ont diminué de 10 millions sur un an pour se situer à 247 millions. Les analystes s’attendaient à 262 millions.

« La panne a eu moins d’impact négatif sur le bilan [à savoir les dépôts] que certains le craignaient », affirme l’analyste Meny Grauman, de la Scotia. « Les résultats ont clairement été affectés par la panne, mais les défis de la banque vont au-delà de cet évènement. »

Cet expert est d’avis que la banque doit serrer encore plus la vis pour ce qui est des dépenses.

Ratio d’efficacité

En raison des conditions macroéconomiques, du ratio de distribution élevé et du rendement du dividende élevé, le conseil d’administration a décidé de faire preuve de prudence et n’a pas bonifié le dividende, comme certains observateurs l’anticipaient.

Le ratio d’efficacité de la banque s’est par ailleurs détérioré cette année. Il s’est élevé à 69,9 % pour l’exercice 2023 alors qu’il était à 66,5 % en 2022.

Le ratio d’efficacité mesure la capacité à transformer les dépenses en bénéfices. Il est notamment influencé par le contexte économique, le mixte d’affaires et l’approche (restrictive ou plus libérale) de la direction face aux dépenses. Une augmentation du ratio montre une détérioration de l’efficacité.

« L’objectif du plan stratégique précédent était de faire passer le ratio d’efficacité sous la barre des 65 %, rappelle Éric Prévost. Nous n’allons pas dans la bonne direction. Nous allons retourner à la planche à dessin pour nous assurer de changer de cap pour aller dans le bon sens. »

L’action de la banque a cédé 4 % jeudi pour clôturer à 25,30 $ à Toronto.