Le distributeur de bières et de boissons Transbroue perd de nouveaux partenaires d’affaires : les producteurs d’alcool ontariens Collective Arts et la microbrasserie de Joliette l’Alchimiste ont décidé de ne plus faire affaire avec Transbroue. L’entreprise est par ailleurs visée par une poursuite de six autres ex-partenaires qui lui réclament des sommes non payées.

L'histoire jusqu'ici

Transbroue faisait partie de la vente de Glutenberg en 2022, avec les brasseries Oshlag et Vox Populi.

Le nouveau propriétaire est le Groupe Triani, une entreprise fondée en 2014 qui est active dans l’industrie de la boisson, notamment dans l’embouteillage de vin.

Le 11 août 2023, six fabricants et détaillants de boissons déposent une poursuite contre Transbroue. Le groupe de plaignants allègue que Transbroue lui doit d’importantes sommes en lien avec la vente de ses produits.

La microbrasserie l’Alchimiste vient de mettre fin abruptement à sa relation d’affaires avec Transbroue. La rupture est arrivée au début du mois de novembre.

Lors d’une entrevue réalisée la semaine dernière, Pol Brissset, propriétaire de l’Alchimiste, a simplement confirmé qu’il avait bel et bien rompu ses liens avec son distributeur « parce qu’ils n’ont pas payé ». La microbrasserie lanaudoise s’est tournée vers un distributeur qui connaît bien le milieu des enseignes en alimentation, puisque ses bières sont très présentes dans les supermarchés et les commerces généralistes.

Le brasseur a aussi affirmé, dans un article publié samedi dans Le Journal de Montréal, que Transbroue doit plus de 1 million de dollars à l’Alchimiste. Cette brasserie avait pourtant décidé de poursuivre avec Transbroue au moment où d’autres partenaires quittaient le navire, l’été dernier.

C’est un couple d’entrepreneurs qui est à la tête de Groupe Triani, Tristan Bourgeois Cousineau et Joannie Couture. Cette dernière a envoyé une communication interne suite à la publication de l’article du Journal de Montréal samedi, dans laquelle elle spécifie que des discussions sont encore en cours avec l’Alchimiste pour arriver à une entente et que les montants évoqués dans l’article publié samedi sont inexacts, notamment.

Transbroue a aussi publié un communiqué vendredi pour annoncer une restructuration de l’entreprise.

Considérant les difficultés vécues par Transbroue et le contexte du marché, l’entreprise annonce avoir mis en place un important plan de réorganisation de ses activités

Extrait du communiqué

On invoque notamment un marché saturé pour les microbrasseries québécoises et une diminution des ventes.

Transbroue cesse donc la vente et la représentation pour se concentrer uniquement sur la distribution.

Joint dimanche, le président du Groupe Triani, Tristan Bourgeois Cousineau, a préféré ne pas commenter davantage la situation, pour le moment.

Une demande en disjonction

Transbroue a été rachetée l’année dernière par le Groupe Triani, alors que cette dernière mettait la main sur le groupe Glutenberg. Triani travaille beaucoup dans le monde de la bière, mais aussi pour d’autres boissons, alcoolisées ou non. L’entreprise a commencé en faisant de l’embouteillage de vin, il y a presque dix ans.

Depuis un peu plus d’un an, sous cette nouvelle administration, les choses ont tourné au vinaigre avec certains partenaires. C’est ce qui a mené à une poursuite commune des microbrasseries À l’abri de la tempête, des Îles-de-la-Madeleine, La Chouape, de Saint-Félicien, Brasserie Générale, de Charlesbourg, et Champ libre, de Mercier, près de Châteauguay. Le Club Kombucha et le spécialiste de sodas 1642 complètent le groupe de plaignants qui réclame une somme totale d’un peu plus de 635 000 $.

Or, le 14 novembre dernier, le Groupe Triani a déposé une demande en disjonction de l’instance afin que chacun des cas soit traité séparément, puisque chacun est différent, plaide Triani.

« Les réclamations de chacune des parties sont distinctes les unes des autres en ce que les faits les entourant doivent être distingués de telle sorte qu’il ne peut y avoir une audition commune pour chacune d’entre elles », prétend la PME dans le document déposé à la Cour supérieure que La Presse a obtenu.

Cette demande allonge le processus, au grand dam de certains des plaignants qui espéraient récupérer les sommes réclamées plus rapidement.

Lisez le reportage sur le dépôt de la plainte contre Triani