Le patron de la coopérative agricole s’est adressé à la communauté d’affaires de Montréal lundi midi. Alors que Sollio vit une crise financière, Pascal Houle a plutôt entretenu son auditoire d’autonomie alimentaire et de responsabilité sociale.

Sa division Olymel va pourtant fermer six établissements prochainement et abolir près de 1500 emplois.

Invité à la tribune du Cercle canadien de Montréal, le chef de la direction de la coopérative en poste depuis septembre 2021 a refusé de répondre aux questions de la presse au terme de l’évènement qui s’est tenu au Centre Sheraton devant environ 450 personnes.

Ce n’est pas la première fois qu’une coopérative milliardaire refuse d’expliquer sa situation financière au public par le truchement des médias. Au plus fort de la tourmente, Agropur avait adopté la même politique en 2021 avant de reprendre le contact en 2022.

Sollio a perdu 346 millions en deux ans. Elle a une dette à taux variable de 800 millions qui arrive à échéance en juin 2024. Le taux moyen pondéré sur l’emprunt s’est élevé à 8,38 % en 2022. À la suite de la hausse des taux d’intérêt, la charge d’intérêt supportée par Sollio a augmenté de 135 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 84 millions l’an dernier.

En manque de liquidités à la fin de l’exercice 2022, elle a émis de nouvelles parts privilégiées à ses financiers en guise de versement de dividendes sur les parts préalablement en leur possession. Cette stratégie a pour effet de limiter les sorties d’argent dans l’immédiat en contrepartie de dividendes plus élevés à verser les années subséquentes.

Maintes acquisitions

Rappelons-le, Olymel a enchaîné les acquisitions depuis 2015. Elle a acquis A. Trahan, de Yamachiche, et La Fernandière, de Trois-Rivières, en 2016, Aliments Triomphe pour 65,2 millions et l’ontarienne Pinty’s pour 226 millions en 2018, et F. Ménard, d’Ange-Gardien, pour 605 millions en 2020, au sommet du cycle. Or, depuis deux ans, Sollio a pris des pertes de valeur sur ses actifs de 173 millions.

Sollio est un mastodonte, comme en font foi ses revenus annuels de près de 9 milliards. Le gros de ses activités se déroule dans les régions. Sa santé financière a un impact sur la vie de milliers de familles québécoises.

L’année financière 2023 se termine à la fin d’octobre et le rapport annuel suit habituellement en février.

Si on se fie aux propos tenus lundi par M. Houle, les défis ont été nombreux dans les derniers mois, notamment dans la division quincaillerie (BMR), qui compte plus de 300 établissements.

« Les hausses de taux d’intérêt, les coûts de construction sont en hausse, le prix de terrains, celui de la main-d’œuvre et le coût des matériaux sont tous en croissance, a énuméré le dirigeant. Ce sont des enjeux qu’on vit aujourd’hui au niveau de la division détail. Les gens ont de la difficulté à se qualifier pour des prêts. Ça crée un ralentissement brutal sur les chantiers. On le vit depuis quelques mois. On voit un grand ralentissement. »

En fin d’allocution, Pascal Houle a eu ces quelques mots sur Olymel.

« La fermeture des frontières commerciales avec la Chine, ç’a eu des impacts sur la division Olymel. Elle comptait beaucoup sur le marché de la Chine depuis plusieurs années. On a dû s’adapter. On a dû réorienter nos façons de faire. On vend toujours en Asie et en Chine aujourd’hui. Mais on a diminué nos exportations. On vend plus sur le marché domestique et de produits de coupes à valeur ajoutée. On a diversifié nos offres de produit. C’est comme ça qu’on s’adapte à la fermeture de la Chine. »

Sollio en bref

Des revenus annuels de 8,9 milliards

16 000 employés

123 000 membres

47 coopératives

Au 31 octobre 2022