Boudée depuis des mois, la biopharmaceutique montréalaise Theratechnologies amorce le mois de septembre sur les chapeaux de roues en Bourse.

L’action de l’entreprise s’est fortement appréciée tous les jours cette semaine. La valeur du titre a plus que doublé en quelques jours.

C’est la publication en début de semaine d’un aperçu des résultats qui seront présentés à la fin du mois qui est à l’origine de la poussée.

Il y avait eu une « panique dans le marché » cet été, lance en entrevue téléphonique le chef de la direction financière de Theratechnologies, Philippe Dubuc.

Il explique que des investisseurs pouvaient se demander si les ventes allaient continuer de sous-performer après la performance financière décevante présentée à la mi-juillet.

La direction avait indiqué en juillet que les revenus des mois de mars, avril et mai ont souffert de l’incidence négative d’une accumulation de stocks plus importants nécessaires par des pharmacies spécialisées à la fin de 2022 en prévision d’une demande plus élevée.

Philippe Dubuc évalue à environ 3 millions l’impact négatif de cette situation jugée « exceptionnelle » sur les revenus de 17,5 millions récoltés durant le trimestre printanier.

Repli « injustifié »

Le doute avait possiblement pu s’emparer des investisseurs qui se rappelaient que Theratechnologies avait pris l’engagement en début d’année de dégager un bénéfice d’exploitation positif avant la fin de l’exercice financier.

Déjà en recul important depuis décembre, le titre avait de nouveau piqué du nez en juillet avant de rebondir de façon spectaculaire cette semaine.

Le repli boursier observé cet été était « totalement injustifié », selon Philippe Dubuc, parce que, dit-il, le problème qui a affecté les revenus au printemps était exceptionnel.

L’entreprise ayant terminé le troisième trimestre de son exercice à la fin août, la direction a décidé de publier cette semaine certains faits saillants financiers provisoires, notamment la position de l’encaisse.

Les dirigeants ont donc précisé mardi que l’entreprise pouvait compter sur l’équivalent de 23 millions en liquidités pour amorcer septembre.

La direction a aussi indiqué que l’entreprise avait probablement réussi à dégager un profit d’exploitation ajusté positif pendant les mois de juin, juillet et août.

La performance financière officielle du trimestre est attendue d’ici la fin du mois.

Les précisions apportées cette semaine par la direction ont « beaucoup rassuré le marché », dit Philippe Dubuc.

Rattrapage

Le titre de Theratechnologies a toutefois encore du chemin à faire avant de revenir à son niveau de la mi-juillet. Le titre valait 5 $ au début juillet en tenant compte du récent regroupement d’actions.

Ce regroupement avait été réalisé dans le seul but d’augmenter le prix de l’action pour que l’entreprise se conforme aux exigences du NASDAQ – où le titre est également coté – et ainsi maintenir l’inscription à cette bourse américaine.

L’annonce du regroupement d’actions en juillet est un autre élément ayant pu contribuer à la pression observée sur le titre cet été.

Aux yeux de certains investisseurs, l’annonce d’un regroupement d’actions peut s’inscrire dans une spirale d’évènements négatifs qui entraînent la chute d’un cours boursier.

Les dirigeants de Theratechnologies n’ont pas acheté d’actions de l’entreprise cette semaine parce qu’ils ne pouvaient le faire en raison de la réglementation. « On est souvent en blackout [période d’interdiction de conclure des transactions], et c’est le cas en ce moment entre la fin du trimestre et la sortie des résultats à la fin septembre », dit Philippe Dubuc.

Theratechnologies récolte essentiellement des revenus de deux produits vendus aux États-Unis. L’un vise le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et l’autre traite une affection qui y est associée. « On continue de penser que ces deux produits peuvent continuer de croître », dit Philippe Dubuc.

L’entreprise tente aussi de mettre au point un produit en oncologie. Le projet a été mis sur pause en décembre dernier, une décision qui avait été mal reçue par les investisseurs. Le projet est maintenant en relance après un repositionnement et Philippe Dubuc croit que les chances de succès sont aujourd’hui bien meilleures.