Une entreprise montréalaise attire de plus en plus l’attention avec son positionnement en gestion de l’efficacité énergétique.

L’entreprise dcbel récolte 70 millions de dollars dans une ronde de financement impliquant des investisseurs québécois.

Dcbel a conçu une station d’énergie bidirectionnelle résidentielle permettant de recharger une voiture électrique et ensuite de rediriger, au besoin, l’électricité de la batterie du véhicule vers la maison ou même de revendre l’énergie à une entreprise de services publics.

La station dcbel permet aux propriétaires de maison d’utiliser des sources d’énergie comme des panneaux solaires, des batteries stationnaires et des voitures électriques.

La ronde de financement a été menée par Idéaliste Capital, une firme d’investissement montréalaise orientée vers la transition énergétique et les technologies propres, qui fournit environ 50 % du montant total.

Investissement Québec et d’autres investisseurs participent aussi à la ronde de financement qui, selon nos informations, valorise dcbel à plus de 170 millions de dollars canadiens.

Objectif : déploiement

Le grand patron et fondateur de dcbel, Marc-André Forget, dit que l’entreprise s’apprête à déployer le tout premier chargeur de voiture électrique résidentiel bidirectionnel certifié. Le financement servira à augmenter la capacité de livraison, dit-il, afin d’accélérer le déploiement du produit dans des « territoires cibles », en commençant par la Californie, le Texas et la Floride, où les prix de l’énergie sont élevés.

La France, l’Angleterre et le Canada suivront. « Notre énergie est relativement bon marché au Québec », dit Marc-André Forget. « On n’a pas nécessairement de problème de pannes à répétition comme en Californie ou au Texas, où les prix de l’énergie sont ridicules », dit-il.

On se donne cinq ans pour rejoindre 1 million de foyers. Ça peut sembler énorme. Mais aux États-Unis, il se construit 1 million de maisons neuves par année. Il va se vendre environ 8 millions de chargeurs résidentiels dans les cinq prochaines années.

Marc-André Forget, grand patron et fondateur de dcbel

« Au Québec, on est chanceux, on paie entre 9 et 10 cents/kWh et il n’y a pas de tarification dynamique. C’est all you can eat. C’est le buffet chinois de l’électricité et en plus, on est 100 % renouvelable et 99 % décarboné. C’est extraordinaire », ajoute l’ingénieur électrique de formation.

« En Californie, cependant, en période hors pointe – donc à l’exception du souper –, les citoyens paient 16 cents/kWh. Mais entre 17 h et 20 h, le tarif monte à 61 cents/kWh. C’est six fois plus qu’ici. »

Une station « intelligente »

Contrairement au Québec, l’entrepreneur de 48 ans souligne que le marché de l’énergie n’est pas un monopole d’État au Texas, par exemple.

Là-bas, vous pouvez souscrire à un fournisseur d’énergie comme vous le faites pour un fournisseur de l’internet, dit-il. « Les tarifs sont variables en fonction de l’heure et parfois de la température. C’est là que notre station énergétique résidentielle fait la différence. »

Il explique que la station dcbel est intelligente et apprend à reconnaître les moments où son propriétaire utilise de l’énergie, à quels moments sa voiture revient à la maison et comment le véhicule est utilisé afin de trouver une façon d’alimenter la maison et s’assurer que l’auto aura toujours la bonne quantité d’énergie, au plus bas prix possible et de façon la plus décarbonée possible.

Marc-André Forget ajoute que le produit indique même à son utilisateur quel rendement il obtiendrait s’il installait des panneaux solaires et une batterie résidentielle.

« Si tu vis à un endroit où le coût de l’énergie au souper est très cher alors que tu accumules des surplus d’énergie solaire le midi, ça devient intéressant d’emmagasiner l’énergie et de l’utiliser au souper au lieu de l’acheter du réseau électrique. »

Une solution unique

Si une unité dcbel se vend environ 5000 $ US, Marc-André Forget affirme que la concurrence est plus chère, moins puissante et n’offre pas un produit « intelligent », et que dcbel s’apprête à lancer un produit plus abordable dans quelques mois.

Le dispositif devient particulièrement intéressant à une époque où les pannes d’électricité risquent d’augmenter en raison des évènements extrêmes provoqués par les changements climatiques, souligne Pierre Larochelle, coassocié-directeur d’Idéaliste Capital.

Plutôt que d’acheter une génératrice polluante, le consommateur pourra trouver une solution de rechange avec sa voiture.

Pierre Larochelle, coassocié-directeur d’Idéaliste Capital

« Dcbel a signé des ententes avec Volvo et Nissan notamment, et pourrait devenir un leader mondial, considérant l’avance et la solution unique (matériel/logiciel) développée », ajoute celui qui est aussi président du conseil d’administration de Lion Électrique.

« On aura éventuellement sur les routes des centaines de millions de véhicules équipés de batteries ayant une capacité d’énergie assez significative. La clé sera de trouver un moyen de s’en servir pour aider à gérer la demande d’énergie aux heures de pointe », dit Pierre Larochelle.

Lion suit l’évolution du dispositif avec intérêt

La vente d’énergie par des entreprises privées et des individus à des entreprises de services publics est appelée à se développer au cours des prochaines années, et le constructeur d’autobus et de camions 100 % électriques Lion, de Saint-Jérôme, pourrait en bénéficier. Pour cela, il faut évidemment que les entreprises de services publics, comme Hydro-Québec, se montrent intéressées à acheter de l’électricité auprès d’individus, relate Pierre Larochelle, président du conseil d’administration de Lion. Il donne par contre l’exemple d’un parc d’une centaine d’autobus scolaires stationnés pour les mois d’été. « Si tu as 600 autobus équipés d’une batterie de 300 kWh, ça donne 30 MWh, ce qui est assez significatif. Avoir une entente pour revendre de l’électricité à une entreprise de services publics à des heures précises peut rapporter », dit-il. « Ça prend un cadre réglementaire, mais la Californie avance rapidement », ajoute-t-il. La situation intéresse Lion parce que ça peut devenir une source de revenus intéressante pour le propriétaire d’un parc d’autobus, ce qui pourrait indirectement stimuler davantage son intérêt à acheter des autobus électriques en réalisant qu’il pourrait générer de nouvelles sources de revenus avec les autobus électriques achetés.

dcbel en bref

  • Année de fondation : 2015
  • Siège social : Montréal
  • Bureaux satellites : Paris et San Francisco
  • Produit : Station d’énergie bidirectionnelle résidentielle pour véhicules électriques
  • Nombre d’employés : Près d’une centaine
  • Fondateur et PDG : Marc-André Forget