(Ottawa) Stellantis et LG Energy Solution affirment que leur usine de batteries pour véhicules électriques à Windsor est de nouveau sur les rails après avoir conclu un accord de financement « contraignant » avec les gouvernements du Canada et de l’Ontario.

Les deux entreprises ont interrompu la construction au début de l’année pour négocier un financement gouvernemental équivalent à celui que les États-Unis offriraient dans le cadre de leur nouvelle loi sur la réduction de l’inflation — l’Inflation Reduction Act (IRA).

Dans un communiqué publié mercredi en fin de journée, les deux entreprises indiquent que la construction de l’usine, qu’elles appellent NextStar Energy, reprendra immédiatement.

« Nous sommes heureux que le gouvernement fédéral, avec le soutien du gouvernement provincial, soit revenu sur sa décision et ait respecté son engagement d’uniformiser les règles du jeu avec l’IRA », a déclaré Mark Stewart, directeur de l’exploitation de Stellantis en Amérique du Nord, dans un communiqué.

L’accord de mercredi reflète essentiellement les avantages que Stellantis et LG auraient reçus sous l’IRA si leur usine de batteries avait été installée aux États-Unis, a déclaré le ministre du Développement économique de l’Ontario, Vic Fedeli.

« Nous avons entendu dire que Stellantis s’attendait, si elle était aux États-Unis, à recevoir au fil du temps 15 milliards d’allègements fiscaux, ce qui devrait être le cas au Canada », a évoqué M. Fedeli en entrevue.

Il a ajouté que le délai pour atteindre ce chiffre est d’environ 10 ans et qu’il dépendra des dates de démarrage et du niveau de production qu’ils atteindront. L’Ontario s’est engagé à financer un tiers des coûts.

« C’est une bonne affaire pour les travailleurs de l’industrie », a soutenu M. Fedeli.

Ottawa a aussi qualifié l’entente comme « bon pour les travailleurs et pour le Canada », dans une déclaration commune de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, ainsi que du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

« Il créera et garantira des milliers d’emplois, tant dans l’industrie automobile que dans les industries connexes au Canada, et renforcera la position du Canada en tant que chef de file de la chaîne d’approvisionnement mondiale des véhicules électriques », ont affirmé les deux élus fédéraux.

L’usine a été annoncée pour la première fois au printemps 2022. Le fédéral et l’Ontario devaient participer au financement à hauteur de 500 millions chacun pour la construction.

Stellantis et LG Energy sont retournées à la table des négociations quelques mois plus tard, lorsque la loi sur la réduction de l’inflation américaine a mis sur la table des milliards de dollars de crédits d’impôt à la production pour les fabricants de batteries au sud de la frontière.

En mars, le Canada a conclu un accord qui permettra à Volkswagen d’obtenir jusqu’à 13 milliards de subventions à la production pour les batteries qu’elle produira dans une usine prévue à St. Thomas, en Ontario. Stellantis et LG Energy souhaitaient un accord similaire pour poursuivre leur projet d’usine à Windsor.

« C’est un bon jour non seulement pour notre coentreprise, mais aussi pour le Canada, a quant à lui déclaré Dong-Myung Kim, président de la division Advanced Automotive Battery de LG Energy Solution, dans un communiqué. Nous sommes heureux d’avancer enfin dans la construction de la première grande usine de batteries du pays et de jouer un rôle central dans l’écosystème local des batteries. »

Les entreprises ont indiqué que la production devrait démarrer l’année prochaine avec une capacité de production annuelle supérieure à 45 gigawattheures.

M. Stewart a également remercié Lana Payne et son équipe d’Unifor, l’important syndicat qui a contribué à maintenir le dialogue entre les gouvernements et Stellantis.

« C’est une excellente nouvelle pour le secteur automobile, mais c’est aussi une nouvelle incroyable pour nos membres qui ont travaillé pour Stellantis, qui travaillent dans la chaîne d’approvisionnement, dans tout le sud-ouest de l’Ontario », a-t-elle déclaré.

Mme Payne a soutenu qu’il était « hors de question » qu’Unifor perde les milliers d’emplois qui découleront directement et indirectement de l’usine.