Si Rio Tinto compte sur la technologie Elysis pour arriver à fabriquer de l’aluminium vert un jour, ArcelorMittal n’est pas en reste de son côté et prépare son propre virage écologique à son usine de boulettes de fer de Port-Cartier, à environ 70 kilomètres à l’ouest de Sept-Îles.

En préambule, l’aciériste commencera d’ici la fin de l’année les travaux d’une usine de flottation d’une valeur de 205 millions.

« Nous sommes à terminer l’étude de faisabilité d’ici la fin de l’été, dit, dans un entretien, Julien Lampron, vice-président aux Affaires corporatives et à la stratégie chez ArcelorMittal exploitation minière Canada, responsable de l’extraction du fer à la mine du Mont-Wright, à Fermont, et de l’usine de boulettes de Port-Cartier. À ce moment, on aura une idée du nombre de travailleurs au chantier et de la durée des travaux. On espère procéder à l’octroi des contrats et aux travaux d’ingénierie d’ici la fin de l’année », indique-t-il.

Le but de l’usine de flottation permet de produire des boulettes à réduction directe qui sont utilisées dans la production de l’acier utilisant des fournaises à arc électrique plutôt que des hauts fourneaux, plus polluants.

L’usage de fours à arc électrique est en effet facilité par l’utilisation de boulettes de fer plutôt que de concentré de fer en vrac.

Le système de flottation permet de produire une boulette à réduction directe de haute qualité dont on aura réduit de manière importante la silice qui se trouve dans le concentré de fer. La méthode traditionnelle de fabrication des boulettes est d’ordre mécanique, par gravité.

L’annonce de l’investissement remonte à novembre 2021 durant la COP26 sur le climat qui s’est tenue à Glasgow. À l’époque, on parlait de 250 à 300 emplois pendant la construction de la nouvelle usine ; une dizaine, ensuite, à terme.

Une tonne d’acier sortant des fours à arc électrique génère 0,6 tonne de CO2 comparativement à 2 tonnes pour la même quantité d’acier sortant des hauts fourneaux, souligne M. Lampron.

Dans la collectivité, on se prépare à l’ouverture du chantier. « On travaille en collaboration avec eux, dit Bernard Gauthier, directeur général de Développement économique Port-Cartier. On identifie les besoins en hébergement pour les ouvriers de la construction. Comme partout ailleurs au Québec, on est en problème d’hébergement. Il y a du travail à faire en amont avant de lancer ces projets-là. »

« L’idéal sur la Côte-Nord, c’est de lancer le chantier au printemps de bonne heure et de n’avoir à passer qu’à travers un seul hiver », conseille le commissaire industriel d’expérience qui souhaite voir l’arrivée des travailleurs de la construction en 2024.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Mine de fer du Mont-Wright, à Fermont, en septembre 2020

Agrandissement de l’usine de boulettes

En parallèle, Arcelor a entrepris de dépoussiérer son projet d’ajouter une troisième chaîne de production de boulettes de fer à son usine de la Côte-Nord. L’investissement était estimé à 700 millions il y a une décennie.

La multinationale vient d’ajouter un mandat au registre des lobbyistes du Québec concernant le financement de son agrandissement auprès d’Investissement Québec et du ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon.

« On est au stade préliminaire, intervient M. Lampron. On est à l’étape de relancer le projet en mettant à jour l’étude de préfaisabilité à partir des données du projet étudié il y a une dizaine d’années », précise-t-il.

Le défi est d’arriver à augmenter la production de fer à Port-Cartier sans augmenter la production de gaz à effet de serre, puisque la production de boulettes nécessite l’utilisation, pour le moment, d’énergies fossiles à l’étape de la cuisson. On travaille à trouver une solution.

Julien Lampron, vice-président aux Affaires corporatives et à la stratégie chez ArcelorMittal exploitation minière Canada

Le fer de la Côte-Nord est recherché par les acheteurs, soutient ArcelorMittal, car il est plus concentré que celui de l’Australie, premier producteur mondial, donc son utilisation dégage moins de GES que du concentré de plus faible teneur. Ses concurrents directs à ce chapitre sont le Brésil, la Russie et l’Ukraine. Les relations commerciales de ces deux derniers pays sont entravées par le conflit russo-ukrainien.