(Ottawa) Les entreprises prévoient toujours des augmentations de salaires et de prix supérieures à la normale, mais leurs attentes se rapprochent de ce qu’elles étaient avant la pandémie, suggère un nouveau sondage de la Banque du Canada.

Dans son enquête sur les perspectives des entreprises, la banque centrale a indiqué que pour la première fois depuis le début de la pandémie, les entreprises s’attendaient globalement à un ralentissement de la croissance des salaires au cours de la prochaine année.

Les entreprises s’attendent également généralement à ce que les prix de leurs intrants et extrants augmentent à un rythme plus lent au cours des 12 prochains mois.

« Bien que toujours au cœur de leurs préoccupations, les pressions sur les coûts et les pénuries de main-d’œuvre ont été de moins en moins mentionnées par les répondants au fil de la dernière année », indique le rapport.

« En revanche, l’inquiétude face au ralentissement de la demande s’est approfondie et généralisée au cours des derniers trimestres. »

Dans l’ensemble, l’indicateur de l’enquête sur les perspectives des entreprises a fait état d’un sentiment négatif, les entreprises continuant de s’attendre à ce que la croissance de leurs ventes au cours de la prochaine année soit faible. Une entreprise sur cinq prévoit une baisse pure et simple de ses ventes.

Cependant, l’enquête du deuxième trimestre a révélé que moins d’entreprises s’attendaient à une récession pure et simple, le tiers d’entre eux misant sur une récession, contre la moitié au premier trimestre.

Entre-temps, l’enquête de la banque centrale sur les attentes des consommateurs suggère également que, même si les attentes d’inflation des consommateurs la prochaine année et la suivante ont diminué, elles restent bien au-dessus de leurs niveaux d’avant la pandémie.

« Les attentes quant à la croissance des prix de certains biens – comme les aliments, l’essence et les automobiles – ont baissé par rapport à leur sommet », indique le rapport sur les consommateurs.

« Cela pourrait découler du fait que les gens sont maintenant moins nombreux à penser que les problèmes de chaîne d’approvisionnement sont la principale cause de la forte inflation. Les consommateurs ont également déclaré voir plus souvent des ventes promotionnelles, surtout dans les épiceries, après n’en avoir vu que très peu au cours des derniers trimestres. »

Le coût de la vie, la principale préoccupation

L’économiste Maria Solovieva, de la Banque TD, a souligné que les sondages montraient que les entreprises restaient prudentes compte tenu de l’environnement de taux d’intérêt élevés, et s’attendaient à ce que leurs ventes futures continuent de diminuer.

« Les intentions d’investissement globales ont continué de baisser », a écrit Mme Solovieva dans un rapport.

« Pendant ce temps, les consommateurs se sentent un peu plus confiants quant aux perspectives de l’économie, grâce à l’apaisement des pressions inflationnistes, au fort sentiment du marché du travail et aux attentes de taux d’intérêt plus bas. »

La Banque du Canada a relevé son taux directeur cible à 4,75 % lors de sa dernière décision sur les taux, poursuivant sa lutte pour ramener l’inflation à son objectif de 2,0 %.

La banque centrale a indiqué que plus l’inflation restait bien au-dessus de son objectif, plus cela était susceptible d’alimenter les attentes d’inflation — et plus le risque que l’inflation devienne autoréalisatrice était grand.

Statistique Canada a annoncé plus tôt cette semaine que l’inflation annuelle s’était établie à 3,4 % en mai, en baisse par rapport à 4,4 % en avril. Il s’agissait en outre de son plus bas niveau depuis juin 2021.

L’enquête de la banque centrale auprès des consommateurs a suggéré que le coût de la vie était la principale préoccupation des Canadiens, la plupart des titulaires de prêts hypothécaires s’attendant à ce que leurs paiements augmentent au moment du renouvellement.

« La plupart des détenteurs de prêt hypothécaire croient qu’ils pourront effectuer ces versements plus élevés, mais devront en conséquence réduire davantage leurs dépenses non essentielles », indique le rapport.

Cependant, la proportion de consommateurs canadiens interrogés dans le rapport du deuxième trimestre qui croient qu’une récession est probable était de 50 %, contre 58 % au premier trimestre.

Statistique Canada rapportait vendredi que le produit intérieur réel en avril était essentiellement inchangé, après qu’il a enregistré un gain de 0,1 % en mars. Cependant, l’estimation préliminaire de l’agence pour le mois de mai annonçait une croissance de 0,4 %.

La prochaine décision de la banque centrale sur les taux d’intérêt est fixée au 12 juillet.